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Liberté d'expression

Voir (enfin) ce que l’on voit

Voir (enfin) ce que l’on voit

Hervé Rolland écrit dans le nouveau numéro de l’Appel de Chartres :

“Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit.” (Charles Péguy in Notre jeunesse, 1910).

Phrase qui pourrait surprendre. Et pourtant, Péguy a raison ! Le mal d’aujourd’hui, c’est l’incapacité de certaines personnes de voir… ce qu’elles voient. Un glissement s’opère depuis quelques décennies qui affecte responsables politiques, journalistes, enseignants, chefs d’entreprise même et, à la fin, chacun de nous, tous victimes d’un étrange problème de vision.

Ce glissement nous vient des universités américaines et des « penseurs » de la nouvelle modernité. Rappelons- nous, cela a subtilement commencé avec le politiquement correct : il y avait les bonnes idées et les mauvaises, « politiquement incorrectes ». Sur quel critère ? Les bonnes étaient progressistes, les autres conservatrices, donc à rejeter. Le terrorisme intellectuel soft.

Au début, on n’y prête pas attention et on a tort. Car, à force de répétition par la classe médiatique qui œuvre en caisse de résonance, on finit par s’y habituer. Et on finit aussi par craindre de défendre les positions qu’on sait justes, parce qu’elles sont qualifiées de “non politiquement correctes”. Résultat : on s’auto-censure.

Progressistes toujours insatisfaits, les universitaires américains en pointe et leurs suiveurs européens n’en sont évidemment pas restés là. En pratique, le glissement idéologique s’est poursuivi avec un biais systématique : un refus de voir toute la réalité.

Un exemple récent : Nancy Pelosi, puissante présidente démocrate de la Chambre des Représentants des États- Unis, confrontée aux chiffres factuels alarmants de l’immigration a ce mot inouï : “I reject your facts“. Rejeter les faits, la meilleure façon de ne pas voir ce que l’on voit. On croit relire le père Ubu : “Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple“.

Du reste, on se rappelle la stupeur (et la fureur) des progressistes devant le vote britannique en faveur du Brexit ou l’élection de Donald Trump. Ils ne voulaient absolument pas voir ce qu’ils voyaient ! Trump élu ? C’est sûrement un coup informatique de Poutine !

Aujourd’hui, la pensée unique va un cran plus loin : pour éviter un autre “Trump”, il faut faire taire ceux qui “pensent mal”. Des entreprises (Twitter, Facebook, Google, YouTube, etc.) décident de bloquer ou d’annuler leurs comptes. Le glissement est brutal : ce ne sont plus les États et les tribunaux mais des entreprises privées qui inventent désormais le droit (selon la doxa progressiste) et décident de la liberté d’expression (ou pas). Là, c’est le terrorisme intellectuel hard, mené par le secteur privé (conseillé par les politiques) !

C’est la « cancel culture », en d’autres termes, la censure pure et simple. On supprime ce (et ceux) qui gêne(nt), on réécrit les textes, on déboulonne les statues de personnalités réputées violentes, racistes ou simplement pas assez modernes. Les exemples de cette purge sont légion, chaque jour apporte son lot d’inepties : les anciens films de Disney, Winston Churchill, Abraham Lincoln (qui a pourtant lutté contre l’esclavage), de Gaulle, Jules Ferry, la réécriture de Molière, la culpabilité de l’homme blanc, etc.

« Cancel culture » d’un côté et, de l’autre, refus de voir ce que tout le monde voit, comme la montée de l’islamisme ou de la violence. Les commentaires récents des médias « mainstream » sur la ville de Trappes, par exemple, feraient presque sourire : c’est la nouvelle Pravda.

Toute cette agitation vise un but précis : une pensée rétrécie, conditionnée, surveillée, éloignée de la réalité, afin de formater les futurs électeurs, mieux, les dégoûter de voter. Les politiques voient-ils ce qu’ils voient ? Ou ferment-ils les yeux parce que tacitement complices ?

Heureusement, la ficelle est grosse et une immense majorité de citoyens en a assez : ils voient ce qu’ils voient et ils le disent de plus en plus fort. Le remède aux petits censeurs de la pensée unique ? Tout simplement ce que le bon sens nous dicte : voir ce que l’on voit (la réalité) et proclamer la vérité, dont nous savons qu’elle libère.

C’est le mot d’ordre d’aujourd’hui : en finir avec le terrorisme hard ou soft, autrement dit en bon anglais : « Cancel the cancel culture » !

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2 commentaires

  1. C’est très vrai de nos jours
    L’aveuglement généralisé dépasse l’entendement.

  2. Je suis cependant inquiet. Pas pour les lecteurs de l’inestimable Salon Beige dont la lucidité réside déjà dans la lecture des billets, mais pour les Français “ordinaires”.
    Une expérience simple: se promener au hasard dans les rues et examiner ceux qui se soumettent docilement au port de “l’accessoire sur le nez”, et les réfractaires. Je crains que ces derniers ne se comptent davantage dans les rangs exogènes. Les trop sages ‘natifs’ – pour faire court – semblent avoir à coeur de donner raison à l’analyse de JD Unwin un peu plus haut (https://lesalonbeige.fr/pourquoi-la-morale-sexuelle-est-plus-importante-que-vous-ne-le-pensiez/) et confirmer la perte d’énergie de cette population.

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