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Cathophobie / France : Laïcité à la française

Vincent Peillon a le mérite de ne pas cacher sa fureur révolutionnaire

Guillaume Bernard, maître de conférence en histoire contemporaine, décrypte cette vidéo de 2008 dans laquelle Vincent Peillon s'en prend violemment à l'Eglise catholique :

"[…] Monsieur Vincent Peillon a le mérite de retourner aux principes
fondamentaux. Dans le fonds, tout le système politique moderne (que vous
soyez libéral ou socialiste) repose sur une hypothèse : il n’existe pas
d’ordre naturel des choses
. Par conséquent, il n’y a de société que
créée par les hommes : leur volonté ne sert pas à s’inscrire dans des
corps sociaux existant naturellement (comme la famille) mais à les
produire (ainsi, le mariage peut-il voir sa définition évoluer). La
sociabilité est artificielle. De même que la société n’existe pas sans
contrat social, l’homme peut et doit, lui aussi, se construire lui-même.
L’école, telle qu’elle apparaît dans cette prise de position de
Monsieur Peillon, a pour objectif de réaliser les promesses contenues
dans l’artificialisme social : libérer l’homme, de manière particulière,
de l’héritage des communautés d’enracinement et, de manière générale,
de l’emprise de l’ordre cosmologique.

Les droits de l’homme étaient, à l’origine, au XVIIIe siècle,
déclarés inscrits dans la nature humaine : tous les hommes ayant la même
nature, ils ont donc les mêmes droits. Dans cette pensée, seul l’homme
abstrait et  décontextualisé (d’aucuns diraient déraciné) a,
véritablement, droit de cité : le bon citoyen est celui qui accepte de
se dépouiller de toutes ses particularités culturelles et sociales pour
épouser les seules valeurs de l’ordre politique artificiel.
Mais, dans
ce contexte intellectuel constructiviste, voici qu’est « naturellement »
en train d’éclore une nouvelle génération des droits dits
fondamentaux : celle des droits de l’homme sans la nature de l’homme,
voire contre elle. En effet, de même que la société est pensée
artificielle, il est logique que l’homme puisse prétendre se définir
lui-même : telle est la parfaite logique des théories constructivistes
comme celle du gender.

JOL Press : « C’est bien une nouvelle
naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école
cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie,
ses nouvelles tables de la Loi ». Ce propos est-il en cohérence avec
l'esprit de 1905 ?

Avant tout, il faut noter
le vocabulaire très catholique (comme le terme « transsubstantiation »)
utilisé dans cette citation. Cela accrédite l’interprétation de
certains selon laquelle la loi de séparation des églises
(essentiellement l’Eglise catholique) et de l’Etat était un moyen au
service d’une religion de substitution : les droits de l’homme
. La
laïcité est, la plupart du temps, présentée comme la mise en œuvre d’un
principe de neutralité (religieuse) de la puissance publique, la
religion n’étant nullement persécutée mais son expression étant
simplement reléguée dans la sphère privée.

Il s’agit, là, d’une vision quelque peu simplificatrice et, pour le
moins, idyllique. Elle passe sous silence la confiscation (sans
indemnité) des biens du clergé sous la Révolution (ce qui explique, par
la suite, le compromis du concordat de 1801, l’Eglise acceptant de ne
pas revendiquer les biens dont elle a été spoliée contre, notamment, la
rémunération des clercs) ainsi que la lutte acharnée contre les
congrégations religieuses (en particulier enseignantes) commencées
quelques années avant la loi de 1905 (notamment avec la fameuse loi de
1901 sur les associations permettant de priver ces institutions de
personnalité juridique).

Si, en raison de la transformation des circonstances, la laïcité peut
apparaître, de nos jours, comme un rempart contre les empiètements
publics des communautarismes et l’influence sociale du multiculturalisme
(et donc au final comme un moyen de défense de l’identité du lieu),
elle n’avait pas été conçue, à l’origine, dans ce but mais bien comme un
moyen de transformer l’identité traditionnelle de la France.

JOL Press : « On ne pourra jamais
construire un pays de liberté avec l'Eglise catholique »… François
Hollande savait-il bien ce qu'il faisait en le nommant à l'Education ?

Monsieur Vincent
Peillon est non seulement un intellectuel mais il est aussi un militant
politique
. J’ignore totalement si le président de la République et le
Premier ministre ont lu ses travaux et s’ils les ont pris en
considération lorsqu’ils ont débattu de la composition du Gouvernement.
Il y a sans doute plus à parier que c’est son poids personnel au sein du
PS et celui du courant auquel il appartient (l’aile gauche du parti)
qui a été surtout pris en considération. […]

Avec doigté et
diplomatie, les Souverains pontifes ont essayé de définir, à destination
des titulaires du pouvoir politique, une « saine laïcité »
(expression
utilisée par Pie XII en 1958) acceptable pour l’Eglise catholique :
rejetant l’augustinisme politique, elle s’appuie sur la distinction
évangélique des domaines spirituel et temporel préservant, ainsi, les
domaines de compétence, différents et légitimes, de l’Eglise et de
l’Etat. Cette approche a été développée par l’Eglise à une époque où la
laïcité perdait quelque peu son caractère agressif envers le
catholicisme. En effet, plusieurs étapes sont généralement distinguées
dans l’histoire de la laïcité. Après une période d’agressivité (laïcité
de combat), un modus vivendi s’est peu à peu dégagé
(laïcité-neutralité) pour aboutir, selon certains, à une certaine
maturité et donc à la possibilité de mettre en place des relations non
plus de défiance mais de collaboration entre le politique et le
religieux : c’est la « laïcité positive » (le politique y trouvant un
intérêt puisque le religieux contribue culturellement, au-delà du
cultuel, à la solidité du lien social).

Ce concept a été élaboré non pour affirmer l’identité religieuse,
sinon ontologique du moins historique, du corps politique, mais pour
permettre à la puissance publique d’organiser le multiculturalisme et,
au besoin, d’acheter la paix sociale. En tout état de cause, dans sa
stricte acception, la laïcité suppose la réunion de plusieurs éléments :
la neutralité de l’Etat vis-à-vis des diverses religions susceptibles
d’exister sur son territoire, la relégation de la religion dans la
sphère privée (ce qui n’exclut pas des manifestations publiques mais
devant être étrangères à l’ordre public) et l’autonomie du pouvoir
politique vis-à-vis de toute morale qui n’émane pas de lui même (sa
légalité est, par principe, légitime). La laïcité (même assagie dans sa
forme) suppose donc le monopole du politique sur l’ordre public :
celui-ci peut donc apparaître incompatible avec la distinction
évangélique des domaines qui, tout en excluant le sacerdotalisme,
suppose que le lien social soit nourri de spiritualité
(la miséricorde,
par exemple, ne rend pas inutile la justice mais peut la dépasser)."

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7 commentaires

  1. ONLR, jamais jamais jamais.

  2. Un excellent ami m’a un jour ouvert les yeux sur cette réalité : nous sommes en Guerre de Religion, la nouvelle Religion des Droits de l’Homme tente d’extirper depuis 2 siècles, voire un peu plus, les fondements gréco-chrétiens de notre civilisation.
    Cette nouvelle religion a ses nouveaux prêtres, ses dogmes, ses tabous, son Inquisition, son décalogue, son Dieu Homme et son Etat religieux.
    Comme toute guerre de religion, celle ci est sanglante et il ne peut en rester qu’une.

  3. Ce type d’homme, qui ne veut suivre que ses fantasmes collectifs “éclairés” et qui ne veut surtout pas dépendre et recevoir, ni de quelque Patrie, ni des pères, ni d’un Dieu Père, cet homme orgueilleux et rebelle est né sous lesdites “lumières”.
    Ce homme, prétendument “éclairé”, qui ne veut tenir que de lui-même et par lui-même, singe l’aséité divine (aséité = tenir l’être, de soi-même) ; il veut tout “bonnement” être collectivement “Dieu”, un dieu en train de se faire, par le progrès scientifique, la “libération” des mœurs et le “sens de l’histoire” ; un “dieu” qui n’a que faire de paternité, puisqu’il est le fruit de la “grande fraternité” humaine laïque et obligatoire.

  4. oui bon , ce M Peillon est trop compliqué pour moi . Il joue au prof ou à je ne sais quel pédant . Qu’il aille au diable !!!
    du verbiage , du verbiage .. circulez SVP

  5. il a un visage et des traits plutôt doux et puis on voit soudain un monstre de froideur braqué borné , une violence inattendue qui est très déroutante

  6. …un vrai sans-culotte….
    sanguinaire s’il le peut…

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