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France : Politique en France

Villepin contre l’écriture de l’Histoire par le Parlement

Dominique de Villepin a contesté la légitimité de l’article de la loi de février 2005 sur "le rôle positif" de la colonisation française. "Ce n’est pas au politique, ce n’est pas au Parlement que d’écrire l’Histoire ou de dire la mémoire". "Là je crois qu’il y a une règle à laquelle nous devons être fidèles". "Je pense que ce n’est pas son rôle, donc il faut en tirer les conséquences dans ce cas présent ou dans d’autres cas. Ne nous laissons pas entraîner sur ce terrain d’une réécriture de l’Histoire et de la mémoire. Il n’y a pas d’histoire officielle en France". Il serait bon que ce principe soit appliqué sur toutes les périodes historiques et, par exemple, l’histoire de la Révolution française qui nie, trop souvent, le génocide vendéen…

"Il y a une première règle qui me paraît essentielle, c’est regarder notre Histoire en face. Il ne faut pas faire un exercice d’illusionnisme". En face…, c’est reconnaître que 2 millions de Français sont morts par la Révolution française.

Michel Janva

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3 commentaires

  1. La déclaration de M. de Villepin est intéressante. Il oublie pour le profit de sa démonstration que nos lois ne reflètent pas cette position.
    Loi n° 2001-434 du 21 mai 2001 dite loi Taubira ( du nom de celle qui l’a proposée )
    Article 1er : La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du xve siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité.
    Article 2 : Les programmes scolaires et les programmes de recherche en histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l’esclavage la place conséquente qu’ils méritent. La coopération qui permettra de mettre en articulation les archives écrites disponibles en Europe avec les sources orales et les connaissances archéologiques accumulées en Afrique, dans les Amériques, aux Caraïbes et dans tous les autres territoires ayant connu l’esclavage sera encouragée et favorisée.
    Article 3 : Une requête en reconnaissance de la traite négrière transatlantique ainsi que de la traite dans l’océan Indien et de l’esclavage comme crime contre l’humanité sera introduite auprès du Conseil de l’Europe, des organisations internationales et de l’Organisation des Nations unies. Cette requête visera également la recherche d’une date commune au plan international pour commémorer l’abolition de la traite négrière et de l’esclavage, sans préjudice des dates commémoratives propres à chacun des départements d’outre-mer.
    Loi N° 2001-70 du 29 janvier 2001 relative à la reconnaissance du génocide arménien de 1915 :
    “La France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915″
    Loi Gayssot 13 Juillet 1990 ( complément à la loi sur la presse du 29 juillet 1881 )
    ” Art. 24 bis. (L. n. 90-615, 13 juill, 1990, art. 9). – Seront punis des peines prévues par le sixième alinéa de l’article 24 ceux qui auront contesté, par un des moyens énoncés à l’article 23, l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de l’article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale;[…] ”
    Laissons la parole à Philippe Nemo dans Qu’est-ce que l’Occident ? ( PUF 2004 ) qui qualifie la volonté des politiques de déterminer l’histoire :
    “Rien n’est censé être, par principe, tenu à l’abri de la critique. Il n’y a pas de dogmes, de vérités “sacrées”, intangibles, que l’on n’ait pas le droit d’interroger et de remettre en cause. En revanche, étant donné que ce qui rend la liberté de penser féconde, ce n’est pas l’acte libre du penseur en lui-même, mais la confrontation des diverses hypothèses sur l’espace public, l’exercice fécond de la liberté de penser par un citoyen a pour condition sine qua non la reconnaissance de la même liberté de penser chez les autres. En d’autres termes, il faut qu’il y ait adhésion sans réserve aux règles mêmes du pluralisme, déontologie de la presse, règles du débat académique, règles du débat public en général. Cela exclut donc que quiconque, pour faire prévaloir une vérité, puisse compter sur quelque forme que ce soit de coercition étatique. Le mouvement “politically correct” qui a sévi pendant quelques années dans les universités américaines était à cet égard une grave régression civilisationnelle (…) D’autre part, il est sans précédent qu’on donne comme critère de vérité scientifique des jugements de tribunaux. On peut exprimer les mêmes réserves au sujet des lois actuellement discutées, ou projetées, concernant les sectes, l’homophobie, l’islamophobie, etc. – bref, tout ce qui ne plaît pas à l’opinion dominante, ou, plus exactement, à l’opinion des actuelles catégories dominantes. L’existence de ces censures n’a de sens que si l’on croit que toute la vérité scientifique possible au sujet de l’homosexualité, de l’islam et des autres sujets concernés est d’ores et déjà entièrement disponible et que les thèses prévalant actuellement à leur sujet ne seront jamais modifiées par le progrès des connaissances. Ce dispositif répressif revient à identifier les vues de la classe politique au pouvoir – pourtant bien fragiles, puisqu’elles sont essentiellement inspirées par la mode et les médias – avec quelque Savoir Absolu. J’aimerais qu’on me dise en quoi consiste, aux bûchers près, la différence entre ce dispositif pénal “moderne” et l’Inquisition (qu’on professe pourtant haïr). Mais l’analyse de la triste régression des Lumières en France dont ces lois de censure sont, tout à la fois, un symptôme et une cause, excède le propos du présent essai. »
    Philippe Nemo, Qu’est-ce que l’Occident ?, Paris : PUF, 2004 (octobre), pages 143-144, note 64.
    A noter que Madame Taubira critique la loi du 23 Février 2005. Non pas parce qu’elle écrirait l’histoire, mais parce que ce serait une «entreprise de lacération du tissu de l’humanisme» . La boucle est bouclée : on peut imposer une histoire si cela va dans le sens de l'”humanisme”.

  2. Lettre de Bruno Gollnisch à Dominique de Villepin.
    Monsieur le Premier Ministre,
    Votre majorité essaie d’obtenir que les manuels scolaires soient un peu plus équilibrés dans leur relation de la présence française outre-mer, qui a eu des effets bénéfiques pour les populations concernées, et pas seulement des effets négatifs, comme certains voudraient le faire croire d’une façon partisane.
    Je vous ai entendu ce matin affirmer avec force et conviction que le législateur n’avait pas à fixer de vérité en histoire. Vous affirmiez notamment : « Il n’y a pas d’histoire officielle en France. » Votre position paraissait d’une portée générale, et n’était pas d’évidence limitée au texte que vous commentiez. Vous ne pouvez ignorer cependant, Monsieur le Premier Ministre, que la disposition en question est infiniment moins contraignante qu’une autre loi, la loi due au communiste Gayssot, qui prétend instaurer une vérité officielle relativement à l’histoire de la seconde guerre mondiale. Cette dernière est en effet assortie de lourdes sanctions pénales, ce qui n’est pas le cas de la loi que vous commentiez ce matin.
    Ayant moi-même rappelé la nécessaire liberté de recherche des historiens, j’ai déclaré qu’aucun d’entre eux n’adhérait plus intégralement aux actes du procès de Nuremberg – où les soviétiques essayèrent de mettre sur le dos des Allemands l’assassinat méthodique des officiers polonais prisonniers dont ils s’étaient rendus coupables – et renvoyé toutes les questions relatives à l’effroyable drame concentrationnaire au jugement des historiens dont c’est le métier, je suis actuellement poursuivi sur l’initiative personnelle d’un membre de votre gouvernement, M. Perben.
    Pourtant, à l’époque, vos amis politiques avaient tous voté contre cette loi Gayssot.
    A l’Assemblée nationale, M. Jacques Toubon la qualifiait de stalinienne, ainsi qu’en fait foi le journal des débats. Les députés RPR et UDF, alors dans l’opposition et opposés à cette loi avaient voté contre, y compris M. Dominique Perben, ancien Garde des Sceaux, qui prétend s’en servir contre moi, et son successeur M. Pascal Clément, M. Jacques Chirac, aujourd’hui Président de la République, M. François Fillon, ancien ministre de l’Education et son successeur, M. Gilles de Robien, M. Jean-Louis Debré, Président de l’Assemblée Nationale, M. Pierre Mazeau, Président du Conseil Constitutionnel…
    Si l’on vous suit dans vos propos, M. le Premier Ministre, il est évident qu’il est urgent d’obtenir l’abrogation de toutes les lois qui prétendent instaurer une vérité officielle en histoire, à commencer par la loi Gayssot de 1990, incorporée dans la loi de 1881 sur la presse, dont elle est devenue l’article 24bis.
    Dans cette attente, je vous remercie de bien vouloir considérer que cette correspondance n’a pas de caractère confidentiel, et je vous prie, Monsieur le Premier Ministre, de bien vouloir agréer l’expression de ma haute considération.

  3. Une pétition pour l’abrogation des articles de loi contraignant la recherche et l’enseignement de cette discipline.
    ( Libération : mardi 13 décembre 2005 )
    Emus par les interventions politiques de plus en plus fréquentes dans l’appréciation des événements du passé et par les procédures judiciaires touchant des historiens et des penseurs, nous tenons à rappeler les principes suivants :
    L’histoire n’est pas une religion. L’historien n’accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connaît pas de tabous. Il peut être dérangeant.
    L’histoire n’est pas la morale. L’historien n’a pas pour rôle d’exalter ou de condamner, il explique.
    L’histoire n’est pas l’esclave de l’actualité. L’historien ne plaque pas sur le passé des schémas idéologiques contemporains et n’introduit pas dans les événements d’autrefois la sensibilité d’aujourd’hui.
    L’histoire n’est pas la mémoire. L’historien, dans une démarche scientifique, recueille les souvenirs des hommes, les compare entre eux, les confronte aux documents, aux objets, aux traces, et établit les faits. L’histoire tient compte de la mémoire, elle ne s’y réduit pas.
    L’histoire n’est pas un objet juridique. Dans un Etat libre, il n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique. La politique de l’Etat, même animée des meilleures intentions, n’est pas la politique de l’histoire.
    C’est en violation de ces principes que des articles de lois successives ­ notamment lois du 13 juillet 1990 ( Loi Gayssot ), du 29 janvier 2001 ( génocide arménien ) , du 21 mai 2001 ( Loi Taubira ) du 23 février 2005 ( loi en discussion actuellment )- ont restreint la liberté de l’historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu’il doit chercher et ce qu’il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites.
    Nous demandons l’abrogation de ces dispositions législatives indignes d’un régime démocratique.
    Jean-Pierre Azéma, Elisabeth Badinter, Jean-Jacques Becker, Françoise Chandernagor, Alain Decaux, Marc Ferro, Jacques Julliard, Jean Leclant, Pierre Milza, Pierre Nora, Mona Ozouf, Jean-Claude Perrot, Antoine Prost, René Rémond, Maurice Vaïsse, Jean-Pierre Vernant, Paul Veyne, Pierre Vidal-Naquet et Michel Winock

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