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Vers une alliance, non pas des appareils parisiens mais des forces vives du pays ?

Vers une alliance, non pas des appareils parisiens mais des forces vives du pays ?

De Guillaume Bernard sur Altantico :

[…] Après avoir quasiment liquidé le PS en 2017, Macron a siphonné une partie de l’électorat LR. Il se retrouve dans cette étonnante situation qu’il est objectivement minoritaire dans le pays (il a été élu par défaut, il a connu une contestation d’ampleur avec les Gilets jaunes) et qu’il est cependant le plus susceptible de l’emporter en 2022 si n’émerge par une force politique capable de créer une unité (doctrinale) et une dynamique (électorale) de la droite.

La recomposition du spectre politique français se fait selon un double mouvement. D’une part, on assiste à un fort affaiblissement des anciennes forces politiques (PC, PS, droite modérée), un enracinement de LREM et un maintien-stagnation du RN. D’autre part, la tripolarisation issue de la présidentielle (gauche, centre et droite) ne sera vraisemblablement que temporaire : le socialisme est discrédité et ne survivra pas malgré ses appels du pied au communautarisme, le libéralisme (économico-sociétal) glisse vers la gauche du spectre politique tout en empiétant sur le centre-droit (Verts, LREM et MoDem), la droite conservatrice et populiste (LR délestés de leur aile gauche, DLF, PCD et RN) peut être la première force du pays (35 % a minima) mais est impuissante tant qu’elle reste divisée.

Seule une alliance, non pas des appareils parisiens mais des forces vives du pays, partout dans le tissu social de la France, sur la base de valeurs claires (identité, autorité, souveraineté, subsidiarité, dignité) pourrait permettre de constituer un programme commun (ne confondant pas libertés économiques et libéralisme ni question sociale avec étatisme collectiviste) et de faire émerger une force politique qui, parce que renouvelée dans sa doctrine et ses incarnations, sera débarrassée des actuels handicaps des différentes composantes de la droite (la suspicion de schizophrénie visant les uns, le blocage psychologique vis-à-vis des autres).

Macron est, certes, en passe de faire table rase de l’ancien monde politique, mais il n’est pas pour autant, à lui seul, le nouveau monde : il n’est que l’instrument du chaos entre les deux. Le nouveau spectre politique opposera à nouveau une droite à une gauche incarnant l’une l’identitarisme l’autre le multiculturalisme, l’une le protectionnisme l’autre le libre-échangisme, l’une la subsidiarité l’autre libéralisme, l’une la solidarité sociale l’autre l’étatisme, l’une l’autorité l’autre le dirigisme technicien, l’une la maîtrise de son destin l’autre le mondialisme, l’une la défense d’un ordre naturel des choses l’autre l’écologisme malthusien, l’une le conservatisme sociétal l’autre le progressisme libertarien… Autrement dit, ce sera le retour, à plein, de l’affrontement doctrinal fondamental opposant la pensée classique à l’idéologie moderniste.

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4 commentaires

  1. Oui, ça se dessine, c’est Macron qui est à la baguette, qui lui-même se définit “progressiste” et désigne son ennemi “le populo-conservatisme”. Il peut se le permettre, il a une énorme avance. Bravo à lui. Son score est en fait excellent malgré une tête de liste médiocre, 6 mois de gilets jaunes. Il transforme l’essai. La présidentielle qui le disait élu par défaut est maintenant bien derrière lui. La cerise sur le gâteau pour lui, c’est le faible score de LR.

    Je maintiens que la menace en 2022 viendra plutôt des écolos-gauchistes. Ca pourrait être très serré au 1er tour entre RN, Verts et Macron.

    La Droite libérale-conservatrice (celle de Marion, Villiers, Bellamy, Poisson) est TRES TRES loin derrière.

  2. La pensée politique bipolaire ci-dessus exposée est le reflet de la dictature intellectuelle imposée par la République et sa démocratie en peau de lapin. Nous ne sortirons de l’ornière qu’en refusant cette partition gauche-droite qui n’a aucun fondement historique profond, sinon l’avatar du combat plus que bi-séculaire entre les croyants et les “Droits-de-l’hommistes”. Hélas, nous sommes tellement habitués à raisonner selon cette dualité qu’elle nous enferme dans des représentations mentales rigides et limitées. Rien à attendre des partis et des coalitions, ce ne sont que copinages opportunistes à la solde des marchands. Je suis navré de le dire mais la vision politique des dirigeants RN, DLF et autres reste indigente et d’une fadeur désespérante à comparer avec les penseurs de droite du XIXè siècle, par exemple. Pour finir, écrire “…le centre-droit (Verts, LREM et MoDem)” ne laisse de me surprendre ! Les Verts sont authentiquement marxistes ou trotskistes, LREM de vraie gauche libérale-libertaire et le MoDem de centre-gauche, comme en attestent tous leurs votes depuis Giscard.

  3. Inutile de se raccrocher aux branches, droite et gauche ont cessé de structurer la vie politique et pour une raison simple : le socle anthropologique et civilisationnel chrétien classique sur lequel reposait la droite a disparu, entraînant aussi la disparition de ce qui s’arc-boutait dessus en réaction : le monde moderne des Lumières et tous ses prolongements jusqu’au communisme. De fait, la post-modernité sera beaucoup moins lisible et facile à décrypter, mais il temps d’enterrer les vieux schémas dépassés, le monde ne fonctionne plus selon les ressorts de celui d’hier, combien même peut-il encore subsister un peu de façon résiduelle. La décomposition complète d’un cadavre prend du temps…

  4. Je ne crois pas que LREM soit enracinée, en tout cas c’est un peu tôt pour le dire car elle n’a participé qu’à deux élections, les législatives étant la prolongation de la présidentielle. C’est un parti charognard qui fait son lit sur des suicides politiques et qui est appuyé à un formidable réseau d’influence relayés par les nombreux (encore) naïfs qui se font leur opinion en regardant le 20H ou en lisant Ouest France au lieu du salon beige. Il a gagné la présidentielle sur les cadavres politiques de François Hollande et de François Fillon et a réussi à se maintenir aux européennes sur l’agitation de l’épouvantail de Marine Le Pen qui a été encore efficace en raison du débat présidentiel. Je ne vois pas d’autres explications au report des voies LR vers LREM, non par adhésion, mais par peur primaire de ce qu’on leur prédisait. LR est en quelque sorte la victime expiatoire du débat pour s’être mal positionné à la présidentielle. C’est un cadavre de plus, mais si effectivement il ne reste qu’un seul survivant en face de LREM et ses alliés de gauche, ce n’est pas si sûr que le scenario de duperie puisse durer et que LREM puisse mener un combat “frontal” sans pouvoir profiter d’un vide. L’émergence d’un parti de droite, pendant de LREM, n’a aucune chance d’exister car les réseaux à la manœuvre ont fait leur choix et s’ils la remplaçaient par un équivalent dit de droite, cela ne changerait rien car les partis financés sont leurs obligés.
    La réalité des conséquences d’une politique finira toujours par avoir raison.

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