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Liberté d'expression

Vers un blasphème gratuit, public et obligatoire

A la suite des attentats, des voix se sont élevées pour réclamer un pseudo "droit" au blasphème. Reporters sans limites frontière veut par exemple faire signer aux responsables religieux une charte par laquelle ils en reconnaitraient l'existence. Même René Poujol s'en émeut :

"Décréter un «droit au blasphème» serait admettre qu’il appartient à la collectivité d’en garantir les moyens d’existence. Or, si le pas n’est pas encore franchi dans les textes, il l’est abondamment dans les faits. Avant les événements dramatiques du 7 janvier, Charlie Hebdo, avec seulement 60 000 exemplaires, représentait le type même du magazine qui, ayant de plus en plus de mal à se trouver un public, voyait son avenir compromis.

Or voilà qu’au lendemain du massacre de la rue Nicolas Appert, le gouvernement annonçait pour «sauver» le titre, une subvention d’un million d’euros. Voilà que durant au moins une semaine, tous les services publics de radio et de télévision, au-delà de l’expression confraternelle d’une émotion légitime et du traitement normal de l’information, nous ont servi un soutien inconditionnel et continu à l’équipe de l’hebdomadaire et à son idéologie. Voilà que chacune des déclarations publiques, tant du président de la République que du Premier ministre, dont on a salué, à juste titre, la parfaite maîtrise des événements, ont entretenu l’amalgame entre liberté d’expression, comme principe constitutionnel, et droit au blasphème comme mode d’expression spécifique de l’un des titres de la presse nationale. L’évocation de l’un équivalent, à chaque fois, à conférer à l’autre un statut égal.

L’Etat lui-même serait-il devenu Charlie ? La laïcité exigerait-elle aujourd’hui, pour survivre, la proclamation solennelle d’un athéisme d’Etat ? Et d’un athéisme de combat ? L’enseignement d’une morale laïque à l’école doit-il s’affranchir du lien nécessaire entre liberté et responsabilité ? Expliquera-t-on demain aux élèves de nos lycées et collèges que l’incendie des églises au Niger, le pillage des maisons de chrétiens, la mort de dix personnes du fait de représailles, serait somme toute un prix raisonnable au regard du droit imprescriptible de Charlie Hebdo à caricaturer le prophète ? Esprit Charlie pour esprit Charlie et dérision pour dérision, pourquoi ne pas aller au bout de l’abjection et suggérer, dans la foulée, qu’au fond le massacre du 7 janvier ne fut jamais qu’un événement inespéré pour relancer un titre moribond et imposer à une société KO debout, sa vision de la liberté d’expression."

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7 commentaires

  1. “[Le] président de la République [et le] Premier ministre, dont on a salué, à juste titre, la parfaite maîtrise des événements” écrit cet auteur !
    Mais ils n’ont absolument pas maîtrisé les événements ! Ils ont seulement surfé sur une vague d’émotion, suscitée par des événements qu’ils n’ont en rien maîtrisés mais plutôt laissés advenir par leur incurie !
    Qu’on cesse de tresser des couronnes de laurier à ses incapables irresponsables qui, loin de respecter la liberté d’expression, comme ils tentent de le faire croire indument, puisqu’ils organisent une chasse aux sorcières (Zemmour, Dieudonné, Tesson, Klarsfeld, etc.) s’arrogent seulement le droit de sacraliser leurs blasphèmes, se souciant comme d’une guigne de mettre une partie du monde à feu et à sang et de provoquer la mort de dizaines de chrétiens innocents !

  2. Cela revient à dire qu’il n’y a plus de sacré puisque tout peut être injurié, moqué, non respecté. En somme ce monsieur demande aux religions de se faire hara-kiri…
    Et qu’est-ce que cette notion de “droit” au juste ? Veut-on dire par là que c’est “un bien” ? Il y a “droit” au péché mais de là à appeler cela un bien…
    En conclusion : droit à la critique oui, à l’insulte gratuite qui est aussi un trouble à l’ordre public non.

  3. pour reconnaître un «droit au blasphème» il faut reconnaître l’existence de Dieu(x)

  4. il faut le reconnaître : nous sommes dans une guerre de religions – comme la plupart des guerres de religion que nous avons connues, ce sont les états qui instrumentalisent la religion (au moins pour ce qui concerne le christianisme).
    La religion de notre système politique, c’est l’athéisme. L’athéisme est bien une religion – celle de ceux qui nient l’existence d’un Dieu, et qui ont leurs sectateurs, leurs intégristes (vous avez dit Charlie ?)et leur clergé: une certaine catégorie de “philosophes” et de politiciens.
    Les chrétiens sont pris entre deux feux : l’islam d’un côté et l’athéisme de l’autre. Tant que nous n’aurons pas compris cela, nous subirons sans comprendre.

  5. Le Prince de ce monde travaille avec rage à la perte des âmes, c’est lui qui mène ce bal abominable.
    Prier et jeuner , télé à la casse, le rosaire en famille, corriger les mensonges enseignés dans les écoles pourrissoires , contrôler le niveau des enfants et leurs connaissances principalement pour les détoxiquer et désintoxiquer .

  6. Cette proposition est révélatrice à plus d’un titre. En premier lieu la république laïque édicte le principe de séparation de l’église et de l’état. En second lieu la république dément ce principe puisqu’elle se permet de demander aux communautés religieuses de revoir et corriger leurs enseignements. En ce qui concerne le “droit au blasphème” on peut en citer différents exemples historiques. Par exemple en Union Soviétique une “association pour la promotion de l’athéisme” organisait dans les villes et villages des mascarades antireligieuses. Des athées revêtaient des habits liturgiques présentant les prêtres dans des attitudes ridicules ou pornographiques ou singeaient les priéres et actes de dévotion des croyants pour en faire la risée publique. Ce fut le prélude aux meurtres de masse des chrétiens. Ce genre de pratique fut aussi connu dans l’Espagne rouge entre 1936 et 1939 où outre ces mascarades on déterrait les cadavres des prêtres ou religieuses pour leur faire exécuter des danses macabres, plusieurs milliers de prêtres catholiques furent assassinés et des dizaines de milliers de croyant. La Maire de Paris Mme Hidalgo est d’ailleurs issue d’une famille républicaine espagnole! On ne peut qu’espérer que les prêtres les plus conciliaires reconnaitront enfin les limites de “l’ouverture au monde” de Vatican II et enverront promener ceux qui leurs demandent cette signature. Sinon ils pourraient décrèter ouvertement que le second commandement “Tu ne citera pas le nom de Dieu en vain”(par exemple pour jurer blasphémer) n’a aucune valeur. Dans le pire des cas il faut rappeler qu’à l’époque des persécutions soviétiques le patriarche Tychon avait prononcé l’anathème contre le régime soviétique. L’église catholique de France devra peut-être se résoudre à dénoncer publiquement, même au plan international le gouvernement français et excommunier ses membres ainsi que les membres de “reporter sans frontières”.

  7. Parfaitement, il faut être Charlie, franc-maçon, socialiste, laïciste et blasphémateur. C’est en passe d’être inscrit dans la loi.

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