Stefano Fontana, directeur de l'Observatoire international Cardinal-Van-Thuân pour la doctrine sociale de l'Eglise, écrit :
"Peut-être comme jamais avant ce dernier tour des élections américaines, les évêques n’avaient autant pris la parole à propos du devoir des électeurs catholiques. […] Toutes ces multiples interventions ont fait valoir que la vie et la famille sont les principaux critères de choix d’un candidat. Il est clair que de cette façon, le vote catholique pour Obama était problématique, le candidat élu soutenant la loi de 1973 en faveur de l’avortement et ayant lutté pour empêcher le président Bush d’interdire l'avortement par naissance partielle.
Il est vrai aussi que des évêques libéraux ont trop parlé, et surtout pour critiquer la « seule question » (single issue) du vote, affirmant que les catholiques devaient prendre en considération toute une série de questions et pas seulement celle de l'avortement. Certes, la ligne officielle de la Conférence des évêques a été de reprendre cet argument, mais en faisant référence à l’argument du mal intrinsèque — en d'autres termes, il y a certains actes qui sont mauvais en eux-mêmes. L'avortement ne peut être comparé, a-t-elle dit, à tout autre question politique, telle que la justice sociale, la lutte contre la pauvreté ou la paix, car il peut y avoir différentes voies de solution à ces problèmes et le jugement peut être fondé sur une évaluation prudente de la conscience. Mais la vie ne relève pas d’un pouvoir discrétionnaire de la conscience. Un mal intrinsèque est toujours un mal, et dans tous les cas.
Quel a été l’impact de ces interventions épiscopales ? De l'avis de Tim Rutten du Los Angeles Times, le vote catholique est mort. Au sens où les évêques, en dépit de leurs nombreux efforts, n'ont pas été en mesure d'influencer les électeurs catholiques de manière significative. Une enquête de l'Université de Georgetown montre que seulement 18 % des catholiques suivent l'enseignement de l'Église dans leur choix de société. Ainsi, les évêques parle au moins à ces 18%. Étant donné qu'il existe 67 millions de catholiques aux États-Unis, les évêques ont été entendus par près de 12 millions de personnes. Trop peu pour peser sur le résultats des élections. […]
C'est le plus grand problème de ces élections : on ne peut pas échapper à la pertinence politique des « principes non-négociables », mais un moyen doit être trouvé pour les traduire non seulement en termes éthiques et religieux, mais aussi en termes politiques. Les catholiques américains ont cinq ans pour y penser. Mais ceci nous concerne aussi."
MJ
Amédée
Non, les cathos américains n’ont pas 5 ans. Les questions vont se poser dès que Barack Obama sera en poste.
Phil
Cet article enfonce des portes ouvertes, à mon humble avis: je vis aux É.-U. et puis vous assurer que, d’après ce que j’ai pu observer depuis une dizaine d’années, la plupart des “catholiques” ne le sont que de nom (comme en France, en gros). Les “catholiques” américains, dans leur majorité, ne suivent pas les enseignements de l’Église, en particulier concernant les questions essentielles (contraception, divorce, fidélité conjugale, avortement, etc.). Il n’y a donc rien, absolument rien, d’étonnant à ce qu’ils votent en majorité pour celui qui, croient-ils dans leur ignorance, les aidera le plus quant à leur situation financière. En gros: ils croient au Père Noël. C’est humain.
En revanche les 20% qui suivent la doxa sont de tendance tradi ou conservatrice. En ce qui me concerne je vais à la messe tridentine et je puis vous assurer que les parmi les 120 ou 150 cathos tradi que je connais, pas un seul n’a voté Obama. Mais aussi, beaucoup n’ont pas voté pour McCain non plus, qu’ils voient (à juste titre à mon avis) comme à peu près aussi mauvais et dangereux que Obama.
Phil
yako
Il n’y a pas que les Catholiques. Beaucoup de protestants, Évangéliques en tête, ont beaucoup prêché contre l’avortement et contre Obama.
Certains veulent enterrer le vote catholique un peu vite: il faudrait plutot parler de vote Chretien.
Enfin, il ne faut pas oublier que la crise est arrivee au pire moment pour les elections, et que les americains ont vote pour un changement, quel que soit le candidat qui puisse incarner ce desir de changement.
Helas, le changement sera en pire.
Mais dire que les Chrétiens baisseront la garde serait une énorme erreur. Certains évêques aimeraient le croire sans doute pour pouvoir faire marche arrière, mais le poids des fidèles est important. Ils ne se laisseront pas faire.
Eric
Oui mais les Catholiques n’ont pas non plus à obéir aux athées de toutes sortes.
Jean
Rappelons les fermes prises de position de JEAN PAUL II contre la guerre en IRAK.
Le clan conservateur ,BUSH,en tête n’a pas suivi ses recommandations avec comme conséquences des centaines de milliers de morts.
Aussi je ne vois pas pourquoi un catholique américain aurait voté pour MC CAIN.
trahoir
Obama réserve certainement beaucoup de surprises….et pas des meilleurs. Ainsi n’a t il pas manipulé tout une frange de la population….mondiale : l’encre des banderoles pro Obama de nos “jeunes” de “banlieues” anti israélien n’avait pas encore séché que ce président “historique” attribuait déjà un poste important à un pro sioniste dont le surnom est, entre autres, “pit bull”. A titre personnel je ne juge pas cette nomination mais si Mr Obama décoit aussi rapidement ses soutiens (et autres gogos), ses “opposants” ne doivent rien attendre de bons. NB : sa femme, Michelle, diplômée d’une grande école des USA (pas si pauvre les afro américains) est en charge des finances d’un grand hopital de Chicago. Un hopital d’avorteur ?
cosaque
Franchement entre Obama et Mc Cain, c’était bonnet blanc et blanc bonnet.
Question forme, c’était Sarko en Obama et Royal en Mc Cain.
Question de fond l’inverse.
Bref, je crois bien que j’aurai fait comme au 2nd tour en France : l’abstention.
Je finis par être convaincu que la démocratie est le pire des régimes…