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Un impôt sur les vices

Pause sourire, signée Bertrand Galimard Flavigny :

"Dans une chronique parue au XVIIIe siècle  sous le règne de Louis le Bien-aimé, un certain abbé Gabriel-François Coyer affirmait avoir "découvert la  pierre philosophale". Selon lui le parjure, la médisance, le larcin, l’infidélité conjugale, les dettes, les petites maisons seraient des sources de revenus inépuisables.

"À 7 sols et 6 deniers, le parjure, est-ce trop ? Cent mille personnes y succombant chaque jour rapporteraient 35 000 livres, soit sur une année : 19 215 000  livres. À 3 sols la médisance pour un million par jour, le revenu s’élèverait à 54 900 000 livres l’an. Mais précisait l’abbé Coyer comme la médisance est naturelle au féminin, cette taxe risquerait de condamner les dames au silence perpétuel. Alors, réduisons la taxe de moitié, soit 27 450 000 livres. Les mentalités ayant évolué, la médisance est désormais habilement partagée entre les sexes, je suggère de ne pas la diviser de moitié.

A raison de cent mille vols par jour, taxés chacun de 20 sols, le compte se gonflerait de 36 600 000 livres par an. Quant aux infidélités l’abbé  les chiffrait à 50 000 par semaine afin de les taxer 1 livre et 10 sols, ce qui rapporterait la 3 900 000 de livres par an. "Pourquoi un chiffre si peu élevé ? Paris donnant l’exemple il est bon qu’elle ne soit pas gênée dans ses leçons, afin que le reste du royaume, en les pratiquant, rende davantage au trésor public."

Et l’abbé Coyer examinait les dettes. "Puisque cela est, en France, un titre de noblesse, taxons-les", affirmait-il. Reconnaissons que cela n’est pas toujours vrai, il était prêt à exempter les dettes de jeu et les sujets qui donneraient 10 000 livres par an aux pauvres. Les débiteurs taxés ne seraient plus ainsi que cent mille ; mais leur vice rapporterait, à raison de 10 sols le débit 18 300 000 livres par an.

Enfin, pour avoir une grande maison, il ne faut que 30 000 livres de rente. Les trains des petites maisons exigent en revanche 100 000 livres à bon marché, calculait-il. Il convient donc de les taxer. Ceci rapporterait 680 000 livres par an. Cela, les gens de Bercy n’ont pas attendu l’abbé Coyer, pour se jeter à la fois sur l’immobilier et sur, non pas le train, car cela ne se dit plus, mais sur les aides ménagères, maternelles, bref tout ce qui aide les familles.

La valeur de cette nouvelle pierre philosophale s’élèverait donc à 100 614 000 livres l’année ; somme non négligeable si l’on songe que le produit du "Dixième" rapportait à l’époque cent millions de livres. A la suite de ces différents calculs, l’abbé polémiste estimait que la taxe sur les vices pouvait tenir lieu de tout impôt (l’excèdent de 614 000 livres étant destiné à payer les employés de la nouvelle ferme). Et, ajoutait-il, "en taxant les vices au lieu des ces biens, il n’y aurait de taxés que ceux qui voudront bien l’être." Le seul risque de cette imposition serait qu’il parvienne à corriger la nation et ainsi tarir les ressources des fonds publics. Aucun risque, affirmait le législateur fantaisiste, "cela n’arrivera jamais".

Ce système fait rêver. Voilà enfin la probité rendue gratuite. Qui donc pourrait l’obtenir aujourd’hui ? Le parjure, la médisance, le larcin, l’infidélité, les dettes ne sont-ils pas  monnaie courante ! Je n’ose pas ajouter, de peur d’être taxé pour avoir exprimé de l’antiparlementarisme (10 livres et 5 sols), davantage du côté des hémicycles. Quoi qu’il en soit les technocrates du quai de Bercy pourraient peut-être consulter l’abbé Coyer ?"

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7 commentaires

  1. Aucune chance de voir ce genre de taxe arriver chez nous, cela ruinerait toute la classe politique en quelques mois…
    On les verrait tous faire la manche puis la queue pour la soupe populaire…
    Il faudrait par contre revoir la taxation de l’infidélité pour savoir comment on l’applique à sa mollusqueté Hollandouille Ier, le roi du kleenex jetable….

  2. Oublions-nous qu’une part du PIB (le Produit INtérieur Brut) est constitué de la DEPENSE PUBLIQUE!
    Oublions nous que certains intègrent dans le PIB les revenus de la prostitution et de la drogue..aussi simplement que s’ils avaient une comptabilité officielle?
    Bercy se débrouille déjà très très bien!

  3. Un seul problème technique : pour taxer les vices,(et non plus les revenus) il faudrait une déclaration ”viscale” : sur l’infidélité conjugale, par exemple, cela nécessiterait une certitude de sincérité. Nous apercevons la difficulté……
    Pour ce que l’abbé Coyer appelait les ”petites maisons”, Bercy a suivi : la prostitution est soumise à la fiscalité et aux charges de la vente de services.L’acte sexuel vénal est donc devenu un acte citoyen, à défaut d’être moral. O tempora, O mores !

  4. Une taxe sur le péché et sur les vices ? Quelle bonne idée ! L’État serait riche. Je mettrais aussi in impôt très lourd sur la vertu : par exemple sur la visite des églises. 1000 euros pour une messe. 100 euros pour un pater. C’est pas cher payé. L’État serait millionnaire.

  5. Si on taxait les médisances ,mensonges et parjures à la télé et au gouvernement umps ,il n’y aurait plus longtemps pour rembourser les dettes de l’Etat faillitaire !

  6. L’abbé Coyer n’inventait rien et Gallimard-Flavigny non plus :
    ==> http://ledroitcriminel.free.fr/la_legislation_criminelle/anciens_textes/loi_salique.htm

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