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France : Société / L'Eglise : L'Eglise en France

Un catholicisme viril

NefL'éditorial de Jacques de Guillebon, dans le numéro tout frais de la Nef :

"(…) N'hésitons pas à nous emparer de ce mot, viril, dans son acception générale qui n’induit évidemment pas qu’on veuille rétablir un patriarcat, forcément très méchant comme on sait, ni n’exclut la gent féminine du problème, mais qui fait appel à des notions de force tranquille, d’autorité, d’ordre et de courage surtout.

La lâcheté est à coup sûr ce qui caractérise notre société. C’est comme si nous nous étions retiré du monde, confits dans notre confort en espérant qu’il dure le plus longtemps possible, bercés de l’illusion que sans effort ce mode de vie s’étendra à l’univers entier, que chacun nous l’envie et que la raison est de notre côté. Identifier les causes générales de ce découragement est une œuvre de longue haleine. Mais nous pourrions déjà commencer par poser la question de notre désertion à nous, chrétiens. On nous opposera, et avec raison, que nombreux sont les ouvriers à la vigne du Seigneur, qui s’occupant des pauvres, qui des malades, qui dialoguant avec tout le monde, qui travaillant à l’évangélisation. Très bien. Seulement, sommes-nous dans une position offensive, dans le sens que nous croyons que chaque être humain est appelé à goûter aux joies du royaume, et donc à ses prémices sur terre, ou sommes-nous seulement, défensivement, les petits intendants qui gèrent l’immense héritage que nous ont laissé des géants ?

Très certainement, on peut juger de notre œuvre, et chacun par devers soi, sonder des reins et son cœur, en les comparant au Christ : Jésus est-il viril, et si oui, comment l’est-il ? Jésus n’est ni un guerrier aux mains tachées de sang comme Josué ou Mahomet, il n’est pas non plus un sage ataraxique à la manière du Bouddha ou de Diogène. Il est là, toujours là, présent parmi les foules, parmi les docteurs, faisant front à la puissance étatique, romaine, devant laquelle d’ailleurs il montre qu’il n’a pas à se justifier. La virilité de Jésus se manifeste dans sa présence étonnamment libre, en toutes circonstances : depuis ce moment de son adolescence qu’il est perdu et retrouvé au temple, jusqu’à son agonie où il assure que nul ne lui prend sa vie mais qu’il la donne lui-même pour le salut des hommes, personne jamais ne lui dicte ses actes. « Qui est ma mère, qui sont mes frères ? », cruelle question si on l’envisage selon les liens du sang, si l’on reste dans l’interprétation trop humaine, mais qui en réalité prouve sa souveraineté absolue sur toutes choses. Facile pour lui, dira-t-on, il est le fils de l’homme, le fils de Dieu. Eh, bien sûr, mais ne sommes-nous pas faits nous-mêmes fils de Dieu, à sa ressemblance, non par nos forces propres évidemment, mais par grâce ? Ne sommes-nous pas à notre tour libérés de ces servitudes humaines, familiales, sociales, politiques, parce qu’il a décidé de ne plus nous appeler serviteurs mais amis, mais frères ?

Belles paroles, mais faciles, mais creuses, mais vides, dira-t-on. Alors voyons-en les applications possibles immédiatement, dans notre monde, dans notre France, dans notre époque. Comment acceptons-nous, par exemple, que cette République nous impose un mariage totalement dévié de ses buts, totalement perverti. Peu importe, dira-t-on, ce sont des questions qui relèvent de César, et personne n’a établi le Christ pour être notre juge en ces affaires humaines, comme il le dit. Pourtant, ce mariage nous est bien imposé dans le sens où nos prêtres n’ont le pouvoir d’administrer le sacrement qu’une fois que la République l’a décidé ; autre exemple : nos seigneurs les évêques et leur clergé se réjouissent uniment que les bâtiments du culte soient propriété de l’État. Ainsi, disent-ils, nos belles églises sont entretenues. Imbéciles que nous sommes ! Quel intérêt avons-nous à posséder de belles églises quand nous les avons vidées ? Prier avec trois pelés dans une nef déserte de cathédrale gothique, la belle affaire. La vérité, c’est que nous touchons la rente médiocre de notre livret d’épargne, sans nous soucier de faire fructifier nos talents, ni d’en partager le trésor. Dans ce désastre, on demande plus que jamais des catholiques, c’est-à-dire des êtres virils."

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9 commentaires

  1. Des CHAUDS en lieu et place des TIEDES , quoi !!

  2. J’aime bien Jacques de Guillebon.

  3. pas vraiment d’accord sur ce billet .
    Il aborde la “désertion des chrétiens”. Vrai peut-être dans les années 60. Mais plus vrai aujourd’hui.
    En revanche : on devrait poser la question aux clercs . Trahison ? Désertion ? Au fond c’est eux qui “instruisent” leurs fidèles; eux qui seraient susceptibles de montrer le chemin ….

  4. Bravo !

  5. Et s’ils étaient un peu moins tièdes ils verraient !
    Car ceux qui agissent ne restent pas dans les ténèbres mais reçoivent la lumière qui les guide.

  6. “”Virils”” cela fait chic dans un édito, et preux chevalier de la Foi : mais encore faudrait-il dire comment on est un catholique viril.
    Dans un monde où les familles catholiques cultivent comme les autres le oût du confort matériel et de la consommation : gadgets, vacances, vêtements de marque, écoles de commerce faciles plutôt que filières culturelles ou enseignantes mal payées, etc….???

  7. Oui, Le Christ est viril ! Force tranquille, paisible, douce, humble même : naître dans une étable et dans une crèche ! ” Stille nacht, heilige nacht” . Ce chant qui n’a pas 2 siècles à conquis l’univers et sème encore l’effroi dans les rangs du laîcisme ! La souveraineté du Christ se lit sur la noblesse du visage montré par le saint Suaire. Il est roi. Il règne. Son Verbe est coupant comme une épée à deux tranchants : Amour et Vérité.
    Et certains s’imaginent pouvoir Lui substituer la religion de la République. Folie collective ! Certains le croient, même dans l’Eglise. Ils n’avaient pas prévu que ce sont les Musulmans qui les détromperaient mais hélas avec moins de douceur et de raison.

  8. Tout à fait, a bas la république.

  9. Peut-on être tout à fait d’accord avec pareil discours ? Cela me rappelle les propos surdéterminés de certains religieux ou prêtres sur la “fécondité”.
    Cela revient toujours à cette formule rhétorique très “langue de buis”, qui consiste à “s’interroger”, “se poser la question”, bref, à culpabiliser le lecteur ou l’auditeur, pour l’amener à “réfléchir”.
    La virilité du Christ ? Non, s’il vous plait ! Si vous en êtes encore à l’imagerie sulpicienne la plus efféminée, je n’y puis rien,… si! regardez la Passion du Christ de Mel Gibson, ou lisez vraiment in extenso le nouveau testament.
    Si on ne fréquente pas la Tradition, les Ecritures, il est inévitable que que notre sens des réalités, non seulement sur Dieu,mais aussi sur l’humanité, dévie et finisse par se corrompre.
    Il faudrait que le clergé arrête une bonne foi pour toute de materner l’univers, en ne s’adressant qu’aux recommençants, aux débutants et autres “en recherche”, comme s’il s’agissait de recruter pour la secte du coin au lieu de miser sur l’amitié, la compréhension foncière, bref l’intelligence surnaturelle qui seule peut faire tache d’huile !
    Le problème, réel celui-là, c’est: qu’elle image de l’homme s’est-on laissé imposer.
    – Les chevaliers ? vous comprenez… les croisades: “c’est pas bien !”
    – Les chouans ? ben…c’est des perdants !
    – Les saints ? mais, “moi je ne connais que des saints du XIXeme, phtisiques et renoncés, pas très, enfin, vous comprenez !”
    – les séries télé ? ouais, je préfère, c’est pas toujours très catholique, mais des mecs qui assurent on en trouve là !
    Bilan des courses, un homme, un vrai, c’est un sociopathe à la dexter, à la magnum ou sympathique façon mac gyver comme vous voudrez:
    – un coeur d’artichaut
    – jamais profondément traumatisé au delà de trois séquences
    – toujours bien peigné, surtout quelques plans après une bagarre.
    – toujours dans la célébration de son petit moi
    – qui se débrouille toujours pour parvenir à ses fins, surtout si elle sont “galantes” ou si elle concernent les “valeurs” que l’on vient d’énumérer.
    Ce qui manque ce n’est pas la “virilité”, qui est une chose intrinsèque au fait d’être un homme, c’est le courage (résister à la peur), l’exercice équilibré de son irascibilité, le sens du but à conquérir, toutes choses qui sont aux abonnés absents dans les discours moraux, laïques et c’est malheureux à dire, religieux.
    les valeurs de la féminité ne sont pas l’ennemi, mais les hommes ont des dispositions qu’il faudrait respecter et ce n’est pas en faisant la promotion des servantes de messe, en laissant madame Demaintien, verrouiller le conseil paroissial, l’équipe liturgique, le doyenné et la kermesse que les hommes viendront le dimanche à la Messe.
    Ce n’est pas non plus en laissant les adolescents confiner leur “virilité” aux jeux vidéo genre “kill-them-all”, à la “drague”; au “foot” et à la bière, que vous obtiendrez autre chose que des chiffe-molles.
    la vrai question c’est, “alors! on se prend en main ou quoi !?”, c’est nous qui décidons si nous allons laisser le gouvernement aux mains d’une oligarchie qui se coopte depuis trop longtemps, nous qui voulons ou pas mettre les pieds dans le plat en disant qu’évêque ou préfet, celui qui vient me dire qu’il faut être Charlie n’est qu’un sot de format continental et un empoté comaque !
    Le mâle-courage n’est pas réservé qu’aux gars, mais avouez que s’il s’agit de mettre le poing sur les “i” ou dans la gueule de celui qui le mérite, nous autres avons si nous le voulons assez de force et assez d’ire, pour que cela soit efficace, et très vite !
    la politesse n’exclue pas aussi les baffes, et celui qui a décrété que vigueur et violence ne sont jamais légitimes, aura toujours beau jeu à citer l’évangile de saint jean en disant “que celui qui vivra par l’épée, périra”, il oublie saint louis, le saint Roi David et le bienheureux Charlemagne.
    La douceur et la paix se conquièrent de haute lutte, sur soi-même et contre le monde, qui n’est que péché.

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