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Pays : Afghanistan

Un ancien chef de corps du 8ème RPIMa sort de sa réserve

51x32q2yhnl__sl500_aa240_Saint-cyrien et parachutiste, lieutenant à Diên Biên Phu, capitaine en Algérie sous les ordres de Bigeard, par la suite commandant du prestigieux 8ème Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (Castres) puis chef d’état major des armées au moment de la guerre du Golfe (1990-1991), le général Maurice Schmitt sort de sa réserve et répond à Valeurs Actuelles. Extraits :

(…) Que pensez-vous de l’embuscade tragique du 18 août?

Il est surprenant que cette "patrouille" n’ait pas été mieux préparée. Il s’agit d’ailleurs plutôt d’une "colonne" à quatre sections que d’une simple patrouille. Elle ne semble pas avoir disposé de moyens de reconnaissance aérienne ni d’appuis (hélicoptères armés, mortiers) nécessaires sur un terrain très difficile.

Que reprochez-vous à la composition de cette colonne ? 

Ces quatre sections provenaient d’unités différentes. La mission aurait dû, me semble t-il, être confiée à une compagnie homogène. Les articulations dites "modulaires", déjà employées en Yougoslavie, peuvent convenir dans des opérations d’interposition. Elles deviennent inadaptées lorsqu’on veut reprendre le contrôle d’une zone à un adversaire que l’on sait déterminé et bien équipé.

Faut-il alors abandonner cette modularité ?

Il faut revenir à de véritables opérations menées de jour, et surtout de nuit, avec un ou plusieurs régiments disposant d’appuis immédiatement disponibles. Que le 8ème RPIMa ait été, dès son arrivée, amputé d’une compagnie détachée à 200 kilomètres du colonel en a étonné plus d’un.

(…) Qu’aimeriez-vous dire aux parlementaires lors du débat du 22 septembre ?

Trois choses: affirmer que notre présence en Afghanistan est légitime et nécessaire; rappeler que nos forces y défendent les intérêts de la France; obtenir du gouvernement qu’il accorde la priorité aux équipements, à bout de souffle, en particulier dans le cas des hélicoptères de combat et de manoeuvre. Il faut accepter de retarder certains programmes lourds, mais pas indispensables, pour mener une contre-guérilla efficace.

Y a-t-il urgence ?

Oui. Si l’on s’y refuse, il faut renoncer à battre la campagne et se limiter à l’instruction de l’armée afghane.

Il aurait été intéressant de connaître l’avis du général Schmitt sur les nouvelles restructurations de nos armées et le Livre Blanc. Ces propos semblent plus proches de l’analyse du groupe Surcouf que du discours officiel. En clair, il faut augmenter les effectifs opérationnels (leur diminution engendre mécaniquement la modularité), faire effort sur les "petits" matériels qui font tellement défaut sur le terrain (treillis, attaches de casque pour appareil de vision nocturne, tourelleau téléopéré pour les VAB, lunettes à protection balistique, dotation supérieur en munitions pour l’entrainement…) et arrêter de dépenser des millions pour le plaisir et le profit des industries d’armement françaises (Leclerc, Numérisation de l’Espace de Bataille, VBCI…).

Retour aux fondamentaux comme diraient les militaires…

Philippe Carhon

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6 commentaires

  1. Nous continuons à payer l’erreur dramatique de De Gaulle qui haissait les troupes coloniales et leur esprit, issu du second génie militaire du 19 éme siècle après Bonaparte: Bugeaud. Obsédé par sa bombinette, comme l’après guerre 14-18 l’a été par la ligne Maginot, panacée obsoléte dès sa conception, il a sacrifié l’extraordinaire savoir faire accumulé par les guerres dites coloniales, qui n’étaient qu’un combat d’avant garde pour protéger le sanctuaire national. De même, la 4ème République avait progressivement abandonné le corps des officiers des Affaires Indigènes, respectés par les Arabes comme un père et un juge , parlant la langue, connaissant tous les tenants et aboutissants de leur secteur, pour recréer en catastrophe les SAS en Algérie. Rien ne remplace le terrain, l’expérience acquise et la sélection sous le feu. L’Arabe respecte le courage, la parole donnée, l’abnégation au contact de ceux qui souffrent, l’inverse des valeurs de 1962, à commencer par la lâche abandon des Harkis et des élus musulmans français qui a sali pour longtemps notre Drapeau.

  2. J’en ai un peu marre des vieilles badernes qui ne l’ouvrent qu’une fois en retraite, qu’une fois qu’ils sont sûr de toucher leur retraite de général.

  3. Amédée, un général n’est jamais en retraite.

  4. C’est de la stratégie de comptoir!! Qui êtes vous Philippe Carhon pour être aussi péremptoire. Bien sûr que nos soldats doivent être bien équipés. Mais cela ne doit pas se faire au détriment d’équipements de décision. Il est indispensable de disposer de systèmes efficaces comme le VBCI et le Leclerc pour appuyer les fantassins. S’ils sont seuls, ces derniers ne peuvent pas grand choses. Si nous avions plus de blindés en Afghanistan, à l’image de nos alliés, la mission se déroulerait surement mieux
    (Pouvez-vous me dire où sont les Leclerc aujourd’hui ? Au Liban car c’était grandiose en 2006 devant les médias : résultat 50 % d’indisponibilité sur place. Et au Kosovo, ce fut un fiasco, ils n’ont servi à rien et ils sont entrés au Kosovo sans munitions. Et en Afghanistan, où sont-ils ? Nulle part car nous n’avons pas les moyens de les transporter et pourtant, le 18 août dernier, il auraient peut-être été utile pour la 1ère fois.
    Les VBCI, à quand le premier exemplaire ? Leur conception fut également un fiasco. Le général de la DGA est passé devant la commission de l’assemblée nationale (lisez le rapport et vous serez attéré : la première maquette qui a coûté des millions ne permettait pas de faire rentrer un groupe de combat assis…)
    Je ne suis pas contre les équipements de décision mais à condition que l’on ne sacrifie pas ceux qui font 80% du boulot en OPEX aujourd’hui !
    Philippe Carhon)

  5. Les blindés ne sont d’aucune utilité en Afghanistan. On a déjà assez de mal avec des véhicules de 13 tonnes (effondrement des routes, demi-tours impossible en fin de piste, pistes étroites…). Un VBCI pèse 28 tonnes et 2,98m de large. Il ne peut pas manoeuvrer en Afghanistan.
    De plus nos alliés n’ont pas de blindés ni de chars. Il y a que du véhicule “léger” type Hummer, 4×4 toyota, pick up, et véhicules de combat de l’infanterie.
    Aujourd’hui, en Afghanistan, il nous faut de la rapidité d’action, un équipement personnel adapté et des appuis légers type mortier de 81 ou de 120 mm. Les appuis chars et artillerie lourde ne peuvent pas être utilisés sur ce type de mission.

  6. Les AML 60 et 90 ont duré en Afrique (jusqu’en 2000!) car elles avaient un avantage certain par leur légèreté et leur maniabilité. Le défaut, c’était le blindage.
    Je préconiserais l’acquisition sur étagère de Wiesel 2, dans plusieurs variantes, la reco blindée et l’appui se verraient mieux équipés. En plus, ils sont aéromobiles!
    Wiesel? Vous ne connaissez pas:
    http://en.wikipedia.org/wiki/Wiesel_AWC

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