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France : Politique en France / Pays : Allemagne

Traité d’Aix-la-Chapelle : coopération accrue ou perte de souveraineté ?

Traité d’Aix-la-Chapelle : coopération accrue ou perte de souveraineté ?

D’Olivier Bault dans Présent :

[…] le nouveau traité de coopération et d’intégration franco-allemand qui sera signé le 22 janvier à Aix-la-Chapelle par Emmanuel Macron et Angela Merkel est un texte que le pouvoir semble avoir voulu cacher aux citoyens. Il est extrêmement révélateur que le site de l’Elysée, dans l’unique communiqué de presse publié à ce sujet, le 8 janvier dernier, n’ait pas mis le texte du traité en lien. Quant aux grands médias, s’ils ont commencé à en parler, c’est uniquement pour dénoncer les « fausses nouvelles » qui seraient propagées par les Gilets jaunes et « l’extrême droite », comme quoi Macron s’apprêterait à partager avec l’Allemagne la souveraineté sur l’Alsace et la Lorraine.

Ce traité a par ailleurs été dénoncé en des termes très fermes par le député au Parlement européen Bernard Monot (Debout la France) et, au RN, par Nicolas Bay et par Marine Le Pen. « Ce traité a surtout pour but de relancer le vieux projet d’une Union européenne fédérale et “souveraine”, et ce alors qu’il est rejeté par une majorité d’Etats membres », a ainsi écrit dans un communiqué publié le 16 janvier le coprésident du groupe Europe des nations et des libertés.

Se basant sur le traité de l’Elysée signé par les deux pays en 1963, le texte que le président français et la chancelière allemande s’apprêtent à signer dans l’ancienne capitale de l’empire de Charlemagne exprime en effet le souhait de coordonner l’action des deux gouvernements dans tous les grands domaines et de promouvoir l’intégration franco-allemande à différents niveaux.

Au sein de l’UE, France et Allemagne s’engagent ainsi à parler d’une seule voix et à approfondir l’Union économique et monétaire ainsi que « leur coopération en matière de politique étrangère, de défense, de sécurité extérieure et intérieure et de développement ». La coopération renforcée doit également concerner les forces armées et l’industrie de la défense, avec « une approche commune en matière d’exportation d’armements ». La coordination des politiques étrangères s’étendra même au siège de la France au Conseil de sécurité de l’ONU puisque le traité prévoit que les deux Etats « coordonneront étroitement leurs positions, dans le cadre d’un effort plus large de concertation entre les Etats membres de l’Union européenne siégeant au Conseil de sécurité des Nations unies et dans le respect des positions et des intérêts de l’Union européenne ». Il est encore question dans ce traité d’un « espace culturel et médiatique commun », du rapprochement des systèmes éducatifs et d’une « zone économique franco-allemande dotée de règles communes ».

Pour ce qui est de la fameuse « fausse nouvelle » concernant l’Alsace et la Lorraine, Macron et Merkel veulent encourager le bilinguisme dans les territoires transfrontaliers, ce qui ne concernera dans les faits que le bilinguisme franco-allemand côté français, ainsi que la coopération transfrontalière conduite par les « collectivités territoriales des territoires frontaliers et les entités transfrontalières comme les eurodistricts », qui seront dotées à cet effet « de compétences appropriées ».

S’il faut systématiquement s’accorder avec l’Allemagne avant de s’exprimer dans les instances internationales, nous sommes plus près de l’abandon de souveraineté nationale que de simple coopération. Quant aux Allemands, ils savent bien tirer leur épingle du jeu. Ainsi, par exemple, avec la coopération dans l’industrie de défense. Le rapprochement récent entre le champion français de l’armement terrestre Nexter Systems et la société KMW, dans un mariage égal, est aujourd’hui mis à mal par les ambitions (nouvelles ?) du géant Rheinmetall. Actuellement, Allemands et Français sont actionnaires à parts égales du rapprochement KMW+Nexter Defense Systems [KNDS]. Le 26 novembre 2018, Rheinmetall, qui représente à lui tout seul le double en terme de chiffre d’affaires, a annoncé vouloir acquérir une participation majoritaire (75%) au capital de KNDS à long terme. Ce n’est plus de la coopération, mais de la captation. Certains pensent que les autorités françaises ont été surprises par cette offre, alors même que Paris et Berlin veulent mettre au point un nouveau char de combat commun destiné à remplacer le Leclerc français et le Leopard 2 allemand…

 

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3 commentaires

  1. Un enfumage de plus, s’il existait un collyre politique, ses fabricants feraient des affaires en or.
    Avez-vous remarqué sur la photo que notre président s’entraîne à faire le même geste que ses copains rappeurs ?

  2. Plus qu’un Frexit, il est urgent d’exiger le démantèlement de toutes les institutions européennes quelles qu’elles soient.

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