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« Terrorisme : faire face ». Vraiment ?

« Terrorisme : faire face ». Vraiment ?

Réflexion d’un lecteur :

« Terrorisme, faire face » : beau programme, titre d’un rapport « remarquable »[1] publié le 7 septembre 2018 et dont s’est servi le Président de la République lors de son discours pour la cérémonie d’hommage national aux victimes du terrorisme, ce 19 septembre.

Mais, « faire face au terrorisme », pour ce comité mémoriel (sic !) mis en place en février 2018 par le Garde des Sceaux et placé sous l’égide de la délégation interministérielle à l’aide aux victimes (qui a –heureusement- remplacé l’éphémère secrétariat d’Etat de la fin du quinquennat Hollande), ce n’est pas une mobilisation, ce n’est pas un combat, ce n’est pas une guerre ; ce n’est même pas une lucidité ou une hauteur d’âme : c’est simplement une excroissance de plus du soi-disant « devoir de mémoire » qui camoufle tous les manques d’engagement.

Il ne s’agit pas bien sûr ici de discuter de la légitimité du travail des diverses associations civiles, ni de la prise en charge des traumatismes au mieux des ressources et capacités ; ni de l’expression d’une fraternité de la République (même si « mettre les victimes du terrorisme au cœur de notre fraternité nationale et de notre mémoire »[2] ne relève que de l’empathie momentanée pour un auditoire).

C’est vrai que déjà la « légitimité d’inscrire une cérémonie de commémoration dans le calendrier républicain favorisant le travail des mémoires et des consciences »[3] apparaît moins évidente et certainement sans effet aucun sur la conscience des candidats terroristes ; de même qu’est finalement un peu étrange l’existence d’une médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme, créée en juillet 2016, décernée pour avoir été « tué, blessé ou séquestré lors d’actes terroristes ». Nulle allusion à un quelconque acte héroïque. Juste un manque de bol.

Suite aux propositions du rapport, E.Macron a annoncé la création d’un « musée-mémorial  du terrorisme ». Au-delà des activités d’archivage, d’espace de réflexion,  d’une inscription des noms de toutes les victimes de tous les attentats terroristes (on commence à partir de quand ?), ce musée offrira aussi aux visiteurs « un espace de recueillement qui prendrait la forme d’un jardin du souvenir »[4]. Et là, on se dit : c’est sûr, on va être armé face au terrorisme.

Ce sera aussi excellent pour le tourisme mémoriel, puisque ce musée sera « incité à travailler en réseau avec des lieux de mémoire des attentats qui verront le jour en France ou qui existent déjà en Europe et dans le monde »[5]. D’ailleurs, une carte illustre ce rapport avec, déjà, le Mémorial de Caen, celui de la Shoah, celui du camp des Milles, celui du camp de Rivesaltes et enfin l’hôtel national des Invalides (tiens ! au fait, ce n’est pas déjà lui, le musée-mémorial ?).

Et puis, bien sûr, parce qu’en France toute problématique agitant les adultes et difficile à résoudre est immédiatement défaussée sur des enfants qui n’en peuvent mais (éducation sexuelle, théorie du genre, laïcité, « vivre-ensemble », histoire de la traite des Noirs, formation à l’écologie..) et intégrée dans les programmes scolaires, le rapport propose à la fois de « prendre en compte la question des attentats terroristes dans les futurs programmes scolaires de terminale », et de « susciter en milieu scolaire une éducation critique aux médias et aux réseaux sociaux »[6] sur le thème du terrorisme.

Et au fait, oui, le terrorisme ? Le rapport précise que « la signification politique des attentats récents est d’autant plus problématique que leur nature, leurs finalités et leurs motivations sont disparates »[7].  Ah bon, vous êtes sûr ? Quant au discours du Président, il dit plutôt l’inverse : « Depuis une génération, nous voyons le continuum des actions terroristes, de ses motivations, de ses effets. Il n’y a pas plusieurs types de terrorisme, il n’en existe qu’un »[8] (mais on ne saura d’ailleurs pas lequel…). De plus, il avait énoncé avant (seule phrase concédée à une notion de combat contre le terrorisme) : « et bien sûr, lutte implacable contre toutes les formes de terrorisme »[9]. Alors, un terrorisme ou plusieurs ?

De toutes façons, « le tour de passe-passe est un peu grossier : dénégation de ce qui cause le terrorisme contemporain (l’islamisme) et relégation de l’action nationale au champ patrimonial mû par le paradigme exclusivement victimaire »[10]. On aura peut-être des touristes, mais on n’est pas tiré d’affaires.

[1] E.Macron. Discours lors de la cérémonie d’hommage national aux victimes du terrorisme, 19/09/2018

[2] Id.

[3] Id

[4] « Terrorisme : Faire face ». Enjeux historiques et mémoriaux.

[5] Id. On nous annonce donc de futurs autres sites mémoriels !

[6] Id. Niveau scolaire indéfini.

[7] Id.

[8] E.Macron. Discours…

[9] Id.

[10] Anne-Sophie Chazaud, Causeur, 21/09/2018

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