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Suicide des agriculteurs : un problème national

Alors que la France est un pays à vocation agricole, avec des terres généreuses et riches permettant une grande variété de cultures et d'élevage, les agriculteurs français vivent de façon de plus en plus précaire, s'endettant toujours plus pour gagner toujours moins. A tel point que pour certains la tentation du suicide se fait insistante, et que nombre d'entre eux passent à l'acte, officiellement un tous les deux jours, ainsi que le relève ce communiqué du Front national :

"La Mutualité Sociale Agricole, la « sécu des agriculteurs », lance aujourd’hui un numéro d’appel dédié aux agriculteurs en difficulté. Avec, officiellement, un suicide tous les deux jours (certains acteurs évoquent le double), la profession vit un drame aussi silencieux que totalement oublié.

Cette situation n’est pas le fruit du hasard : elle illustre au contraire, et de la manière la plus cruelle, la crise profonde que vit notre agriculture. Si le dispositif de la MSA peut aider, il est largement insuffisant tant cette crise est profonde. Le seul moyen de lutter efficacement contre le suicide des agriculteurs consiste avant tout à rendre leur dignité à ces professionnels pressurés de toutes parts et condamnés à travailler pour des revenus de misère, voire à perte quand les cours plongent.

Pour cela, il est urgent de reforger une vraie politique agricole pour notre pays, seule apte à fournir des prix rémunérateurs et justes à nos producteurs. Cette politique doit être apte à les protéger du dumping social et environnemental des pays qui ont massivement recours à la main d’oeuvre à bas coût, y compris quand ils sont membres de l’Union européenne. Elle doit enfin rompre avec l’austérité imposée à la PAC en mobilisant les aides nécessaires au maintien et au développement de l’ensemble de nos filières, ainsi qu’avec la soumission aveugle aux marchés mondialisés de matières premières."

La Mutuelle sociale agricole a donc mis en place pour ses adhérents "Agri'écoute", un service d'écoute national (Le service est joignable au 09.69.39.29.19, au prix d'un appel local (gratuit depuis une "box").

Cette initiative est certainement très utile, mais ne règlera pas le problème, essentiellement lié à l'union européenne. Que les agriculteurs français désespérés mettent fin à leurs jours ne doit pas empêcher les technocrates de Bruxelles de dormir, mais nous si. C'est un problème national, et bien qu'il ne soit pas nouveau et qu'il s'enracine dans les précédents gouvernements, il n'est pas normal que le mal-être de toute une catégorie de Français ne soit pas prise en compte de façon sérieuse par ceux qui prétendent gouverner la France et utilisent pour se faire élire les voix de ceux qu'ils méprisent.

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17 commentaires

  1. Il serait temps que les Français apprennent à lire, au lieu de perdre du temps à des bricoles, tv, foute, et autres machins.
    Pour comprendre la crise agricole en France, il y a un maitre livre, écrit il y a quelques années par Jean-Clair DAVESNES : l’Agriculture assassinée.
    Tout est analysé de façon chirurgicale.
    En vente chez SA D.P.F.
    Chiré en Montreuil

  2. Le remède est avant tout politique: il faut rétablir une certaine forme de protectionnisme – les US le font bien – et laisser bêler les aventuriers-libéraux-libertaires.
    Il faut remettre Colbert en place.

  3. J’ai lu l’agriculture assassinée, de Jean clair DAVESNES, c’est effectivement le livre qu’il faut lire si on veut comprendre la disparition de l’agriculture en France et même ailleurs, qui n’est pas un accident, mais une chose bien programmée.
    le livre date de quelques années, mais le processus idéologique et politique est très bien décrit et toujours actuel, et malheureusement les choses se sont encore aggravées depuis.

  4. La MSA qui met en place pour ses adhérents un service d’écoute national, c’est pas un peu le pyromane qui joue aux pompiers ?

  5. “[La politique agricole que nous réclamons] doit enfin rompre avec l’austérité imposée à la PAC en mobilisant les aides nécessaires au maintien et au développement de l’ensemble de nos filières.”
    Traduction en bon français : nous réclamons l’augmentation massive des subventions européennes, pour maintenir en survie artificielle des exploitations non rentables. Autrement dit, nous exigeons que les livreurs de pizza et les chômeurs français et italiens nous payent des revenus que nous ne méritons pas.
    Ces gens-là oublient un peu vite que la France a longtemps été le premier bénéficiaire net des subventions européennes, et que la part du lion est allée aux agriculteurs. Maintenant, c’est fini : ce sont les paysans roumains et bulgares qui touchent en priorité ces subventions.
    Qu’est-ce qu’ils croyaient, les “paysans” français ? Qu’ils pouvaient défendre, pendant des années, un système où ils se gavaient de l’argent gratuit des autres, sans que personne ne se presse au portillon pour en bénéficier à son tour ?
    Je mets paysans entre guillemets, parce que malgré cette prétendue “austérité” dont ils se plaignent, la moitié de leurs revenus provient toujours (en moyenne nationale) de subventions. Ce ne sont donc pas des paysans, mais des fonctionnaires.
    Je pleurerai sur les “paysans” le jour où ils cesseront de manifester pour s’opposer à la création d’une exploitation agricole sous prétexte qu’elle doit élever mille vaches.
    Toujours pour traduire en bon français, des semi-fonctionnaires, non contents d’exiger des subventions pour faire vivre des exploitations non rentables, veulent empêcher par la violence des exploitations rentables d’exister.
    Il est temps que soit mis fin aux exactions de ces individus qui appauvrissent la France.

  6. Le salut pour l’éducation c’est le hors contrat pour l’agriculture c’est aussi le “hors circuit” .

  7. Les “Terres généreuses et riches” ? Elles disparaissent actuellement sous le béton et l’asphalte, c’est une catastrophe programmée ! le “Grand Paris” de Valls & Cie ne va rien arranger, c’est un désastre pour nos vallées et plaines alluviales naguère immensément fertiles !

  8. C’est la conséquence de la dictature des banques. Il y a longtemps que l’agriculture a été sacrifiée à l’industrie, qui elle-même va disparaître.
    La solution est politique, mais comme les politiques sont choisis par la finance et non pas par les français, nous sommes dans une impasse.

  9. Tout à fait d’accord avec les post précédents
    La MSA l’horreur…..faire payer des intérêts d’intérêts
    Aux petits paysans pour les “finir” plus vite….
    Saisir TOUT les maigres revenus …. Avaient-ils encore de quoi
    Acheter du pain? R:Non
    Et les quotas laitiers : interdiction de produire …..
    Bilan amende magistrale pour les petits producteurs……
    Tout pour les gros producteurs
    Prime + prime
    Et demain vente â bas prix aux grandes puissances
    Pour cultiver du riz ?????

  10. D’accord avec tous ces commentaires, mais que fait chacun concrètement? Achetez vous au super marcher ou au marcher le samedi matin par exemple aux producteurs locaux malgré le froid et la pluie?
    On peut toujours attendre des politicards commençons nous par changer nos attitudes de consommation qui contribuent aussi à leur perte

  11. @ Robert Marchenoir
    Les subventions données aux productions agricoles ne sont là que pour compenser les prix artificiellement trop faibles payée à ces produits, prix ne couvrant pas, pour la plupart des productions, le coût de revient.
    Ces prix trop faibles sont voulues par le système politique pour asservir l’agriculture et faire disparaître peu à peu (“la grenouille dans l’eau tiède” …) la paysannerie.
    Mais comme il ne faut pas aller trop vite dans cette disparition programmée (risque de prise de conscience et révolte, cf “la grenouille dans l’eau trop chaude”), il faut quelques compensations passagères, ce sont ces subventions.
    Le principe des subventions, est mauvais en soi, mais l’agriculteur moyen (sauf quelques productions particulières qui arrivent encore à tenir un prix juste, type viticulture)
    est de fait obligé de les accepter sous peine de disparition très rapide …
    Il faut comprendre aussi que ce que le contribuable “donne” à travers ses impôts pour financer ces subventions agricoles, il l’a au préalable largement économisé en sous payant le produit agricole brut.
    Exemple : le prix du lait payé au producteur est de l’ordre de 0.35€/litre. Cela ne couvre pas les charges pour la plupart des élevages moyens. Ou alors faire des élevages gigantesques de 1000 vaches, comme il est maintenant envisagé, avec les problèmes environnementaux et sociaux que cela va générer.
    Questions accessoires : quel est le coût du lait moyen pour le consommateur lambda ?
    D’où vient cette différence avec le prix payé au producteur ? ….

  12. L’étranglement des paysans français est programmé par les banques et leurs comparses prédateurs nationaux ou internationaux qui feront de ces paysans leurs domestiques, et par les écolos de salon qui les traitent d’empoisonneurs et brassent du vent avec leurs éoliennes qui enlaidissent nos beaux paysages de France.

  13. Vouloir être paysan, il faudra du courage quand on sait ce qu’on gagne par rapport aux autres circuits :
    Dans le panier alimentaire des ménages, sur 100 euros dépensés, 8 reviennent, aujourd’hui, aux agriculteurs, 11 aux industriels et 21 aux commerçants, selon l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires.
    Le suicide est la troisième cause de décès dans le monde agricole après les cancers et les maladies cardiovasculaires ! Plus de 500 suicides ont été enregistrés chez les agriculteurs en trois ans, un tous les deux jours. C’est un excès de mortalité par suicide chez les exploitants agricoles masculins de 20 % supérieur à celui de la population générale française. Au total, 417 hommes et 68 femmes sont passés à l’acte entre 2007 et 2009, avec une surmortalité particulièrement marquée chez les éleveurs de bovins âgés de 45 à 64 ans.
    http://www.bfmtv.com/video/bfmtv/societe/trois-ans-500-agriculteurs-se-sont-suicides-france-10-10-151620/
    Ainsi, le taux de mortalité par suicide atteint 32,5 pour 100 000 en 2007 et 35,9 pour 100 000 en 2009, dépassant celui enregistré chez les ouvriers (31,8 pour 100.000), pourtant de loin le plus élevé chez les salariés tous secteurs confondus (24,7 pour 100 000).
    http://www.francetvinfo.fr/economie/entreprises/video-suicide-des-agriculteurs-il-ne-dormait-plus-il-ne-mangeait-plus_431806.html
    les chiffres actuels sont évidemment en augmentation !

  14. Robert Marchenoir […] ! Si on subventionne les agriculteurs c’est tout simplement parce qu’on leur prend une grande partie de la richesse qu’ils produisent en amont ! Un agriculteur aujourd’hui est un employé de multinationales, pressurisé au maximum ! Tout est planifié pour lui retirer le maximum !
    Cela dit, il en a toujours été ainsi ! Celui qui produit doit nourrir les autres, ceux qui ne produisent rien !

  15. Le régime socialiste se contrefout des agriculteurs car ce sont les hommes indépendants, plus réfractaires aux idéologies que les citadins.

  16. Certains agriculteurs pas forcément catholiques ont décidé de rompre avec une des deux principales causes de leurs malheurs, le sue nettement du à l’hypermecanisation. Ils ont décidé de se nourrir d’abord eux mêmes et leur famille et ont donc réduit la taille de leurs tracteurs et de leurs champs cultivés. Utilisant de nouveau l assolement trienal et suivant les conseils de Claude et Lydie Bourguignon de semer sur engrais vert gélifiant là où les hivers sont plus froids supprimant ainsi l’apport d’engrais artificiels et réservant des parcelles à la récolte de semences de ces engrais verts (sarrasin) pour l’année suivante.
    Certains rares également pensent à réutiliser les anciennes cultures en terrasses de nos collines et montagnes . La France à ce sujet à raté ce tournant en privilégiant la fabrication de gros matériel de récolte au lieu de faire comme les japonais et se diriger vers la micro mécanisation agricole sachant que presque la moitié des terres cultivables sont sur des pentes donc nécessitent des cultures en terrasses et donc des micro tracteurs où le tractage animal.
    la micro mécanisation permettant cependant mieux le ramassage rapide des récoltes en cas d’intempéries.
    La grande au te raison est la désertification des campagnes par les femmes et c’est là aussi la grande misère des campagnes. Cette civilisation hypertexte orientée vers les jouissances factices ont laminé l’esprit des devoirs d’état féminins. Et pourtant si les femmes savaient combien vivre à la campagne peut être enrichissant et apporter malgré les difficultés inhérentes à cet état de vie, une sérénité que nulle distraction citadine ne pourra apporter, et en cela je parles par experience personnelle .
    Pour le reste qui est du domaine de l’Etat, il n’y a qu’une solution, c’est le retablissement des taxes sur tout produit qui passe nos frontières en mettant à parité de concurrence avec nos produis français les produis européens en tenant compte des saisons.
    taxer en produit de luxe tout produit alimentaire hors saison pour nous.
    taxer en produit de luxe tout produit venant de l’extérieur de l’Europe et de l’extérieur de nos Dom Tom.
    “Charité bien ordonnée commence par soi même” n’en déplaise à tous ceux qui se font des fortunes dans l’importance exportations.
    Pour sauver notre agriculture et toutes nos industries nous devons pratiquer le Colbertisme, on nouuriture d’abord sa famille et s’il y a du surplus on en réserve une partie d’épargne pour les temps de vache maigres et des projets d’amélioration et d’investissement et le dixième de ensuite pour la Charité qui doit être privée et non d’état (L’Eglise s’en occupait très bien du temps de la dime) l’Etat doit tenir compte de ces critères dans son calcul de l’impôt afin de ne surcharger personne et d’encourager les riches à donner plus en leur permettant de déduire l’intégralité de leurs dons aux fondations de leurs impôts.

  17. @ Rémy, vous dites :
    “Les subventions données aux productions agricoles ne sont là que pour compenser les prix artificiellement trop faibles payée à ces produits, prix ne couvrant pas, pour la plupart des productions, le coût de revient.”
    En quoi ces prix faibles seraient-ils artificiels ? L’authenticité d’un prix, ce n’est pas le fait qu’il soit supérieur au coût de revient ; c’est qu’il traduise l’équilibre entre l’offre et la demande.
    Vous semblez partir du principe que toutes les personnes qui sont agriculteurs en France actuellement doivent continuer à l’être. Il n’y a aucun droit de l’homme à être agriculteur, et à voir son prix de vente couvrir son prix de revient.
    Il n’y a aucune loi économique, politique, humaine ou divine qui oblige à avoir un nombre d’agriculteurs donné dans un pays donné, et encore moins qui oblige l’agriculture à être exercée par ceux qui l’exercent aujourd’hui, avec des méthodes inchangées.
    “Ces prix trop faibles sont voulus par le système politique pour asservir l’agriculture et faire disparaître peu à peu (“la grenouille dans l’eau tiède” …) la paysannerie.”
    Il serait souhaitable que vous donniez des faits à l’appui de cette extravagante affirmation. Tout montre, au contraire, que les agriculteurs sont une population choyée au-delà du raisonnable par tous les partis politiques, de droite comme de gauche.
    C’est sûrement parce que le système politique veut faire disparaître la paysannerie que les hommes politiques se pressent chaque année en rangs serrés au Salon de l’agriculture, consacrant à cette visite un temps tout à fait démesuré par rapport aux effectifs du secteur.
    C’est sûrement parce que le système politique veut faire disparaître la paysannerie que les agriculteurs, depuis un bon demi-siècle, peuvent se livrer régulièrement à toutes les exactions qu’ils veulent en guise de “manifestations”, avec une indulgence surprenante de la part de la justice.
    “Questions accessoires : quel est le coût du lait moyen pour le consommateur lambda ? D’où vient cette différence avec le prix payé au producteur ?”
    Donc, si je comprends bien, les agriculteurs ont le droit de l’homme de voir leurs prix de vente couvrir leurs prix de revient, mais pas les hypermarchés ?
    Toujours ce bon vieux poncif franchouillard, pétainiste, la-terre-ne-ment-pas, selon lequel le seul travail qui vaille serait celui du paysan : le chauffeur de camion qui transporte le lait, le biologiste qui vérifie son inocuité, le sidérurgiste qui construit la cuve qui le stocke, le directeur de magasin qui le vend, le publicitaire qui fait les affiches pour la marque, le logisticien qui s’assure que les cartons de lait arrivent au bon endroit au bon moment, la femme de ménage qui nettoie le magasin, le directeur des ressources humaines de Lactel qui embauche les salariés qui fabriquent le “litre de lait”, tous ces gens là n’existent pas, ne travaillent pas, n’ont pas de bouches à nourrir, n’apportent aucune contribution au produit final : ce sont des parasites, des commerçants, des Juifs qui sucent le sang du pauvre petit paysan.
    Et n’oublions pas les cohortes de fonctionnaires qui sont chargés de verser les subventions agricoles (et plus généralement de faire vivre l’Etat fort et stratège souhaité à la fois par le parti socialiste et le Front national), qu’il faut bien rémunérer eux aussi….
    Voilà d’où vient cette “différence avec le prix payé au producteur”, qui est parfaitement normale.

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