Partager cet article

Histoire du christianisme

St Thomas d’Aquin et l’économie

Extrait du portrait de St Thomas d'Aquin sur Libres :

"En ce 13ème siècle où explose l’économie européenne, Saint Thomas ne pouvait échapper à la question de la moralité du commerce, de la banque et de l’intérêt. Il l’aborde, comme toujours, avec beaucoup de prudence et de réalisme. Ainsi le commerce n’est pas une bonne chose s’il s’agit d’acheter bon marché pour vendre plus cher. Mais le bénéfice d’un marchand qui saisit une opportunité – qui est un entrepreneur au sens de Kirzner – est légitime, parce qu’il améliore la vie de la communauté entière. Le prix pratiqué sur le marché est juste s’il rémunère justement ceux qui participent à l’échange (juste salaire). Mais, comme Aristote l’avait noté, la justice peut être commutative (équilibre des prestations) ou distributive (prise en compte de la situation respective des échangistes). Finalement le prix ne correspond pas nécessairement à la valeur, car le prix concerne plusieurs personnes différentes alors que la valeur est purement subjective. Enfin, l’usage de l’argent, bon intermédiaire des échanges (Aristote), ne peut être source d’enrichissement. Le prêt à intérêt est prohibé, car il n’est que le prix du temps, et le temps appartient à Dieu. Mais celui qui fait une avance à un autre peut se faire dédommager pour la perte que ce prêt peut lui causer, voire même pour le manque à gagner, ainsi que dans le cas où il prend un risque. Enfin, la propriété est tenue pour bonne pour l’homme, qui en est responsable, mais à charge de l’exploiter et de l’orienter vers le bien être de la communauté. Les biens ne sont pas donnés en commun, leur destination est commune, et le marché est une façon de redistribuer les biens avec justice : un rappel sans doute utile aujourd’hui."

Partager cet article

10 commentaires

  1. Aristote avait bien vu ceci: le seul prêt usurier que la loi naturelle permet à l’homme se trouve dans l’agriculture. L’argent ne fait pas d’enfant, le blé si.

  2. À comparer avec ceci (sur Internet Actu) : ça se passe de commentaire…
    InternetActu.net
    http://www.internetactu.net
    Débats, Recherche, Usages, Enjeux n°306, 29 septembre 2011
    . Que font les programmes à la finance ?
    Dans Articles, Confiance et sécurité, Economie et marchés, Technologies, immatériel, intelligence des données, monnaie, pdlt, programmation, Web², par Xavier de la Porte, le 26/09/11, 8 commentaires, 1,614 lectures, Impression.
    La lecture de la semaine, il s’agit d’un prolongement de notre discussion avec Paul Jorion il y a quinze jours, discussion autour du rôle des ordinateurs dans la crise financière. Et voici que le quotidien anglais The Guardian mettait en ligne, sur le blog de l’anthropologue et journaliste Joris Luyendijk qui s’intéresse aux milieux financiers, le témoignage d’un informaticien qui travaille dans la finance à Londres.
    “Je suis ingénieur avec une formation solide en mathématiques. J’ai coécrit le programme de notre système de high frequency trading [le high frequency trading est un mode d’achat et de vente d’actions ultrarapide, effectué donc par des ordinateurs, il représente aux alentours de 60% du volume des transactions sur les marchés américains et aux alentours de 40% sur les marchés européens, NDT], on l’appelle le “moteur”. J’arrive au bureau vers 7h, avant l’ouverture des marchés. Mon équipe et moi devons vérifier, et revérifier, tous nos systèmes avant que ne commencent les transactions. Vu leur nombre chaque jour, il est important de s’assurer que tout est en ordre avant et après les prises de position. Pendant la journée, notre &eac! ute;quipe surveille le “moteur” pendant les achats et les ventes, des milliers des fois. Notre déjeuner dure 10 mn, le temps qu’il faut pour traverser la rue, grignoter un sandwich et rentrer.
    Il faut voir les mouvements du marché comme des vagues. Notre société est comme un surfeur qui essaie de prendre une vague, de la chevaucher un court moment, et de la quitter avant qu’elle ne casse. Chaque jour, nos ordinateurs achètent et vendent des actions des dizaines de milliers de fois, les détenant pendant un temps très court, parfois moins d’une minute. Aucun être humain, ou aucun groupe d’êtres humains ne pourraient assurer le volume de transactions qu’assurent les ordinateurs dans le même laps de temps, et dans le monde entier. Ces choses-là n’ont jamais été faites par des humains, et sont aujourd’hui effectuées par des ordinateurs. Tout cela est nouveau.
    Nous passons notre temps à chercher des bugs, des perturbations ou les signes d’une activité incorrecte. Si le “moteur”» dysfonctionne ne serait-ce qu’une seconde, le nombre de transactions effectué pendant ce temps est si énorme qu’il est essentiel de le surveiller d’aussi près que possible. La marque d’un bon programme n’est pas seulement son fonctionnement pendant des opérations normales, mais sa manière de réagir à des événements inattendus. Il est important de s’assurer qu’il y a plusieurs niveaux de sécurité prévus à l’intérieur du programme lui-même.
    La journée devient un peu plus tendue vers 16h30, à l’heure où le marché ferme. Une fois que le marché est clos, aucune erreur ne peut être corrigée avant le prochain jour d’ouverture, ça peut vite coûter très cher.
    Les coups de stress ont lieu quand la machine fait quelque chose d’inhabituel et que vous n’arrivez pas à savoir si c’est un bug interne ou quelque chose qui se passe sur les marchés. Pour des programmeurs comme moi, l’humilité est essentielle. Vous devez toujours assumer vos erreurs. Si vous êtes arrogant que vous avez tendance à blâmer un bug du monde extérieur, il est probable que vous passerez à côté d’un bug à l’intérieur de votre système.
    Qu’est-ce que la réussite dans le business du high-frequency trading ? D’une certaine manière, c’est de la force brute. Plus vite va votre ordinateur, plus vite votre programme peut agir. On parle là de millisecondes, donc même la vitesse de la lumière a du sens. Un autre paramètre est la qualité du programme lui-même. Une partie de mon travail consiste à essayer de l’améliorer constamment, faire en sorte qu’il soit plus rapide, plus efficace.
    Les améliorations dans la logique du programme donnent les meilleurs résultats. Même si vous utilisez un ordinateur plus gros et que vous doublez la vitesse d’exécution du code, le programme ne sera jamais aussi rapide que si vous n’aviez pas à exécuter cette ligne de code.
    Il y a ensuite le programme lui-même, la black box qui décide ce qu’il faut acheter ou vendre et quand il faut l’acheter ou le vendre. La notion clé, ce sont les corrélations. On prend toutes les données concernant un ensemble d’actions du marché londonien, les actions que nous avons décidé d’échanger. Cet ensemble de données pèse à peu près 3 Giga, et il consiste en chaque mouvement de l’action pendant cette journée. On appelle ces mouvements des “tiques”. On analyse les modèles de ces tiques pour notre ensemble d’actions et on cherche les corrélations. Par exemple, quand Vodaphone monte, Deutsche Telecom monte probablement aussi, parce qu’ils sont dans le même secteur. Ça, c’est une corrélation simple. Notre modèle ! contient des centaines de variables, et chaque jour, on cherche de nouveaux modèles. C’est une tâche extrêmement compliquée, et qui n’a rien à voir avec l’analyse de la valeur ou de la solidité d’une entreprise en particulier. Notre travail consiste à projeter dans le futur des modèles d’échange passés.
    Il y a aussi des choses bizarres. L’une est ce qu’on appelle le black swan, le “cygne noir”, c’est un événement jamais vu, un fait sans précédent, et qui, du fait qu’il échappe aux modèles passés, ne peut pas avoir été pris en compte par notre programme.
    L’autre chose bizarre, c’est qu’il y a aujourd’hui plus de sociétés comme la nôtre et donc, quand on analyse les mouvements d’un marché, on doit tenir compte des activités de ces sociétés et les inclure dans notre modèle. Mais pendant ce temps, ces sociétés font la même chose et on entre dans une configuration où ils savent que nous savons qu’ils savent.
    Je me considère simplement comme très chanceux de vivre à notre époque. Qu’est-ce que j’aurais fait il y a 100 ans avec mes compétences en math ? Ou dans 100 ans ? C’est pile le bon moment de l’Histoire pour être fort en math. Et le je le suis.”
    Xavier de la Porte
    Xavier de la Porte, producteur de l’émission Place de la Toile sur France Culture, réalise chaque semaine une intéressante lecture d’un article de l’actualité dans le cadre de son émission.

  3. Quant aux principes poses, ce sont sans doute de bons points de depart en matiere de reflexion chretienne sur l’economie de marche – mais ne nous leurrons pas, tout cela a sans surprise pris un petit coup de vieux en 8 siecles. On n’echappe pas a un certain nombre de tautologies (en gros, les interets sur le pret sont legitimes quand ils sont legitimes…). On sent une pensee en transition.

  4. La pensée thomiste scholastique a connu un renouveau après le Concile de Trente, y compris sur les sujets économiques dans leur problématiques du début de l’ère moderne. L’apparition d’une économie nouvelle dès la fin du Moyen Age, liée à des modes de production annonçant le capitalisme moderne, puis les conséquences économiques des grandes découvertes, et ensuite la machine, et l’industrie, nécessitant des investissements très importants, et donc l’appel à un capital dépassant les capacités de la plupart des entrepreneurs, out cela a créé une évolution des réalités. Mais l’école néo thomiste de SALAMANQUE a justifié dès le XVIème siècle, l’utilisation de l’argent comme levier économique, car l’Espagne et la riche Flandre catholique bien avant le protestantisme et Max WEBER avaient du répondre aux nouvelles interrogations morales que cela entraînait.
    Droit naturel contractuel, légitimité du commerce comme utile à tous, légitimité du marché comme lieu d’équilibre possible entre offre et demande,tout cela a été théorisé au sein du catholicisme par les Dominicaines et Jésuites espagnols du XVI ème et début XVII ème, dans le cadre du thomisme le plus orthodoxe.
    La DSE gagnerait beaucoup a se ressourcer à l’école de Salamanque.

  5. @PG: interessant. Auriez-vous des conseils bibliographiques ? Rodney Stark, peut-etre ?

  6. @ HV
    Rodney STARK et son génial ” LE TRIOMPHE DE LA RAISON, POURQUOI LA RÉUSSITE DU MODÈLE OCCIDENTAL EST LE FRUIT DU CHRISTIANISME” , PRESSES DE LA RENAISSANCE, 2007
    Mais aussi :
    Schumpeter déjà dans son Histoire de l’analyse économique (1954)
    Murray Rothbard http://www.econlib.org/library/NPDBooks/Dolan/dlnFMA4.html
    Quebecois Libre http://www.quebecoislibre.org/981219-3.htm
    Raymond de ROVER(historien médiéviste belge mort en 73 : “La pensée économique des scolastiques : doctrines et méthodes”; Vrin en 1971 et aussi cet article très éclairant :
    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1975_num_30_2_293609
    Le sujet est immense, mais il est fondamental car c’est bien la pensée catholique comme fondement d’une liberté humaine vraie, qui contient les clefs et solutions aux problématiques du siècle présent. Loin de la mythique “troisième voie” et autres théories moralistes contredites par l’expérience et l’histoire économiques.
    [Ouvrage évoqué ici :
    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2007/04/la_civilisation.html
    MJ]

  7. @PG: merci.
    J’avoue avoir laisse tomber jadis R Stark en cours de route, en partie du fait du style un peu poussif de la traduction… J’espere que ce traducteur, ce n’etait pas vous ! ;-) Resolution du mois: le reprendre.

  8. Rodney Stark est un gros inculte, qui n’a aucun argument à l’appui de sa thèse. Il est vraiment frappant que les catholiques français se réjouissent de cette littérature très limitée intellectuellement.
    Quant à l’Ecole de Salamnque, on ne sache pas qu’elle ait jamais constitué le point de vue dominant de l’Eglise catholique. Le travail du néothomisme du XXème siècle a justement consisté à dégager Saint Thomas du fatras de ses successeurs.
    [“Rodney Stark est un gros inculte, qui n’a aucun argument à l’appui de sa thèse”.
    Voilà qui me rappelle quelqu’un…
    MJ]

  9. Rafraîchissant! Surtout quand on voit nos banquiers-spéculateurs jouer à la roulette l’économie mondiale à tous les jours.
    C’est pourquoi il est important de retourner à la Doctrine Sociale de l’Église et de l’interpréter pour notre temps, ce à quoi notre blogue tente humblement de contribuer.

  10. La valeur est objective, le prix est convenu. Le prix ne peut s’éloigner de la valeur pour que le contrat reste juste. La justice distributive n’a rien à voir avec l’échange, mais avec la rémunération (qui doit différer selon les responsabilités). Le juste salaire n’est pas le fruit de la justesse du prix de la chose produite.

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services