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France : Politique en France

Sortir de l’euro, est-ce vraiment une folie ?

Sur son blog, Loïc Abadie répond à ceux – dont Nicolas Sarkozy – qui estiment que la sortie de l'euro serait une folie. Extraits :

"C’est bien la situation actuelle qui est une « folie » et qui nous conduit à une explosion encore plus rapide de la dette dans tous les pays de la zone euro :

  • Les pays les plus faibles de l’eurozone (déficit de la balance des paiements + déficits publics très élevés) sont paralysés par la monnaie unique, qui est trop forte pour eux. Elle les empêche de retrouver une compétitivité suffisante à l’international, creuse les déficits et ceux-ci se dirigent tout droit vers un scénario de faillite d’état similaire à celui de l’Argentine au début des années 2000 avec sa monnaie arrimée sur le dollar.
  • Les pays les plus forts paient à fonds perdus pour tenter de maintenir à flot les plus faibles (sans le moindre espoir à long terme, vu que cela ne fait qu’aggraver l’endettement des pays « faibles » et amplifier la crise à venir).

E Résultat : Les pays « forts » vont s’endetter à leur tour, et massivement, pour un résultat nul, en dehors des intérêts plantureux versés à des « investisseurs » (banques et autres) ravis de cette situation. C’est un jeu où tout le monde sera perdant au final, et où l’euro disparaîtra de toute façon sous le poids des dettes et des divergences d’intérêt croissantes entre pays membres. Il faudrait donc que les pays les moins endettés (Allemagne, Pays-Bas, France) quittent l’euro pour le bien de tous :

  • Pour que les pays ayant encore la crédibilité du marché ne se trouvent pas entraînés vers le gouffre par les autres.
  • Pour que les pays les plus fragiles puissent restructurer leur dette et repartir vers l’avant après dévaluation de leur monnaie, suivant le modèle argentin qui a fonctionné après la crise de 2001-2002.

[…] Un autre argument avancé par les partisans de l’euro consiste à dire qu’une fois sortie de l’euro, la dette de la France flamberait parce qu’elle resterait exprimée en euros face à un franc qui se dévaluerait. Cet argument malhonnête ne résiste pas une seconde à une réflexion un peu poussée  :

Si la France sortait de l’euro, l’Allemagne se retrouverait être la seule grande économie de l’eurozone face aux PIIGS de l’Europe du Sud. Dans ces conditions, elle n’aurait plus aucun intérêt à rester dans l’euro, et serait quasiment obligée de quitter l’euro. Et l’euro ne serait plus qu’un club d’Etats en grande difficulté budgétaire représenté pour l’essentiel par l’Europe du Sud.

Nos créanciers seraient donc aussi obligés d’accepter la conversion de leurs créances en euros vers le nouveau franc, aux conditions négociées par notre Etat… Sinon ils se retrouveraient avec des créances exprimées dans un euro regroupant les pays les plus faibles d’Europe du Sud, qui aurait perdu une grande partie de sa valeur. La sortie de l’euro ne provoquerait donc aucune augmentation de notre dette."

On pourra lire aussi le dossier du FN sur ce sujet.

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12 commentaires

  1. Les banksters se battront jusqu’au dernier centime du contribuable européen.

  2. Oui oui…
    De même, le refus du traité de Lisbonne devait engendrer une catastrophe économique et un séisme politique…

  3. Stop à la démagogie!
    Evitons les discours politiciens consistant à tout mélanger et tout confondre pour arriver à justifier ses choix idéologiques. Les institutions européennes (la commission) foirent lamentablement tout ce qu’elles entreprennent et ce, parce que mues par l’idéologie. Les seules réussites européennes (et elles sont importantes, Airbus, Ariane, synchrotron etc…) sont le résultat d’une coopération inter Etats et pas du tout du travail de Bruxelles. Est ce pour autant que TOUT ce qui est européen soit à jeter? Bien sûr, au petit jeu du “qu’en serait il”, il est facile de mettre Paris en bouteille et faire du Franc une monnaie stable, mais franchement, personne sur ce blog n’est un perdreau de l’année, tous nous souvenons de notre bon vieux franc qui, depuis l’après guerre et même pendant “les trente glorieuses” se dévalorisait en permanence. Quand je lis “les pays les moins endettés Allemagne, Pays Bas, Allemagne..” j’hallucine… Avez vous lu le rapport de la Cour des Comptes de cette semaine? (si non, vous en trouverez un résumé et un lien direct sur mon site http://maviemonargent.info/2011/la-cour-des-comptes-pilonne/ (si j’ai le droit…) ou sur Nouvelles de France.
    Ce n’est pas parce que les gouvernements (d’ailleurs ce sont les gouvernements, pas la commission qui sont fautifs dans cette affaire) décident d’ajouter un dominos supplémentaire derrière tous ceux qui s’écroulent les uns après les autres en ajoutant la garantie des Etats derrières les CDS qui explosent qu’il faut incriminer l’Euro. Je vous rappelle que le traité de Lisbonne (bon, je sais, on nous l’a refourgué malgré nous, n’empêche…) prévoyait l’INTERDICTION (oui oui, l’interdiction) de toute intervention des Etats de la zone euro en forme de soutien à un Etat défaillant. Cette clause était là à la demande de Trichet avec le soutien de l’Allemagne et ne visait à l’époque que la Grèce, vu qu’elle était déjà en situation de cessation de paiements avant son entrée dans la zone Euro. Ce sont les gouvernements qui ont décidé de ne pas respecter cette clause et d’aider inconsidérément des Etats défaillants. Ou est le problème aujourd’hui? A la BCE: A la fin du premier trimestre 2011, la Grèce avait emprunté 90 milliards d’euros à la BCE. Vous connaissez le capital de la BCE? 5,3 milliards d’euros. Autrement dit, si la dette grecque ne perd ne serait-ce que 6% de sa valeur, la banque centrale de l’Europe est sous l’eau. Vous comprenez mieux l’acharnement de M. Trichet à éviter toute forme de « restructuration » de la dette grecque! Mais attendez, ce n’est pas fini. La BCE détient aussi 1 900 milliards d’actifs pas forcément très fiables en provenance de 17 pays européens. C’est contre ces actifs que la BCE prête à l’Irlande, au Portugal, à l’Espagne etc…, prenant leurs obligations en retour! Si les pays débiteurs n’assurent pas leurs paiements, et nous savons que certains ne sont pas en mesure de le faire, les “actifs” de la BCE perdront leur valeur. Et notre belle banque centrale…. fera faillite! L’Euro, aujourd’hui a contre lui: les Américains qui voient en lui un concurrent pour leur dollar (si l’euro n’existait pas, le dollar aurait déjà glissé, seule la fermeté de trichet (et le soutien des Chinois) empêche les américains de faire encore plus tourner la planche à billets), les communistes qui sont attachés à la monnaie politique dépendant directement et exclusivement des politiciens au pouvoir, les nationalistes qui croient benoîtement que parce qu’une monnaie porte le nom du pays elle est indépendante des fluctuations internationales et garante de l’indépendance. Peut être que l’euro n’a plus que quelques temps à vivre tel que nous le connaissons. Mais rien de changera, si ce n’est une plus forte dépendance au dollar qui redeviendra la seule monnaie de référence. Sincèrement quand vous voyez que Sarko a vendu, contre l’avis de tous les experts, le stock d’or de la BdF au plus mauvais moment faisant perdre à la France plusieurs dizaines de milliards d’Euros, vous croyez sincèrement que clowns pareils sont les garants d’une monnaie stable pour notre pays? Ils ont planté le franc, ils plantent l’Euro. Ce n’est pas une raison pour s’en prendre à l’objet…

  4. “Nos créanciers seraient donc aussi obligés d’accepter la conversion de leurs créances en euros vers le nouveau franc, aux conditions négociées par notre Etat… ”
    –> vous partez du postulat que nos créanciers sont tous dans la zone euro… ce qui est faux!
    Si nous sortons de l’euro, que nous dévaluons le franc retrouvé, toutes notre dette vis à vis de pays hors euro zone (exprimée en dollars par exemple) flamberait belle et bien…
    L’euro est un bien ou un mal, je ne sais pas. Mais le coût de sortie est non négligeable.

  5. Coupiac : non, nos dettes sont émises en euros et peuvent être souscrites par des américains, mais toujours en euros. Je n’ai pas connaissance de dette de l’État français exprimées en dollars, ou alors dans une proportion minime.

  6. Si l’euro était une vraie monnaie, nous pourrions l’utiliser pour acheter du pétrole et vendre des avions.
    Malheureusement, la seule solution raisonnable est de mutualiser les obligations européennes, de façon à ce que les spéculateurs ne sachent pas s’ils prètent à un pays en particulier.
    Enfin, il faudrait avoir une vraie politique de redressement des finances publiques européennes, mais c’est une autre histoire !

  7. Le scénario de M. Abadie n’est pas très convaincant s’il repose sur le fait que sans la France l’euro sera obligé de disparaître et, hop, le problème de la dette sera réglé.
    Sortir de l’euro, oui, mais il faut pour cela construire un scénario réaliste qui puisse convaincre nos compatriotes. Et pour cela, il faut clairement expliquer comment la sortie de l’euro est compatible avec le respect de nos engagements vis-à-vis d’une dette qui continuera à être libellée en euros. Quitter l’euro en laissant simultanément présager un défaut de paiement serait, pour le coup, aller à une panique certaine. Personnellement, quand je vois mentionner le “contrôle des changes” dans le scénario du FN, je frissonne…
    En réalité, il n’y a aucune raison que la sortie de l’euro fasse entrer la France en défaut de paiement (ses indicateurs macroéconomiques sont plutôt dans la moyenne haute de l’eurozone), à condition que des signaux forts soient envoyés simultanément quant à notre détermination à honorer nos dettes et à assainir nos finances publiques.
    @TDK1: l’incompétence de nos dirigeants n’est pas un argument contre le retour au “franc”, mais un argument pour. L’euro les déresponsabilise, et assure que la note finale sera plus tardive, mais beaucoup plus salée.
    @TDK1, encore: vos chiffres sur la BCE ne sont pas très éclairants (vous évoquez son capital – avec un chiffre qui pour moi est faux – mais pas ses réserves, par ex.). Non, la BCE ne sera pas “sous l’eau” avec un défaut de paiement portant sur 6 % de ses créances envers la Grèce – à 50 %, ça se compliquera davantage. Je vous invite à lire ceci : http://www.openeurope.org.uk/research/ecbandtheeuro.pdf

  8. Tout-a-fait d’accord avec TDK1 :
    Les fautifs dans cette affaire sont exclusivement les politiciens, pas l’euro.
    “faire du Franc une monnaie stable, mais franchement, personne sur ce blog n’est un perdreau de l’année, tous nous souvenons de notre bon vieux franc qui, depuis l’après guerre et même pendant “les trente glorieuses” se dévalorisait en permanence.”
    La France est déjà sur-endettée.
    La commission (nommée notamment par la France, et des cadors comme Barrot)a lamentablement échoué par idéologie : Barroso dehors !
    “Sincèrement quand vous voyez que Sarko a vendu, contre l’avis de tous les experts, le stock d’or de la BdF au plus mauvais moment faisant perdre à la France plusieurs dizaines de milliards d’Euros, vous croyez sincèrement que clowns pareils sont les garants d’une monnaie stable pour notre pays? Ils ont planté le franc, ils plantent l’Euro. ”
    1000 fois oui ! Je préfère Merkel à Sarkozy, ou à Aubry. Le PS nous fera sortir de l’euro. Le PS, ce modèle de gabegie et d’appauvrissement : il aura là un parfait bouc émissaire.
    @ HV : “à condition que des signaux forts soient envoyés simultanément quant à notre détermination à honorer nos dettes et à assainir nos finances publiques.” : les politiciens Français se nourrissent de démagogie, de clientélisme et donc de dépenses.
    “l’incompétence de nos dirigeants n’est pas un argument contre le retour au “franc”, mais un argument pour. L’euro les déresponsabilise, et assure que la note finale sera plus tardive, mais beaucoup plus salée.”
    Non, le pouvoir les déresponsabilise. Le franc se dévalorisait en permanence : dévaluations-inflation, qui appauvrissent les gens. Notre déficit commercial explosera avec le prix du pétrole. Tous les pays européens seront en concurrence monétaire, nous ne sommes pas seuls.
    Le problème en tout, ce sont les politiciens français, pas l’euro.
    La dévaluation est une solution de facilité qui exonère les politiciens de leurs fautes et appauvrit le peuple.

  9. @SD: Je suis d’accord avec vous pour regretter que les politiques partisans de la sortie de l’euro fassent miroiter les benefices de la devaluation et du defaut de paiement (car relibeller de force nos dettes d’euro en franc serait bien un defaut de paiement).
    Mais ne vous en deplaise, l’euro a deresponsabilise les politiques en matiere de discipline budgetaire. Autrefois, la sanction des deficits etait automatique et immediate (donc progressive), par la depreciation de la monnaie et la hausse des taux d’interets. Aujourd’hui, l’impact sur l’euro du deficit francais est noye dans celui des autres pays (en outre, le point de reference theorique n’est plus l’equilibre budgetaire, mais les -3% du pacte de stabilite et de croissance).
    Regardez cette courbe des deficits publics avant et apres l’euro:
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Public_Deficit_of_France.png
    Elle indique que les criteres de convergence pre-euro ont sans doute mis une pression sur les politiques pour controler les deficits, mais ces effets se sont largement estompes depuis.
    Alors oui, nos politiques se sont mal comportes. Et la sortie de l’euro n’est pas une potion miracle – le laisser penser est courir a la catastrophe. Mais ce ne sont pas des raisons pour se jeter dans les bras des federalistes, qui nous conduisent eux aussi a la ruine.

  10. @ HV : “l’euro a deresponsabilise les politiques en matiere de discipline budgetaire. Autrefois, la sanction des deficits etait automatique et immediate (donc progressive), par la depreciation de la monnaie et la hausse des taux d’interets.”.Mais ils n’en avaient rien à faire : le peuple payait.
    “Elle indique que les criteres de convergence pre-euro ont sans doute mis une pression sur les politiques pour controler les deficits, mais ces effets se sont largement estompes depuis.” : oui, la Comission n’a jamais fait son travail, comme on l’a vu avec la Grêce (dont les emprunts sont démagogiques, plus faciles que des réformes !), militer pour l’avortement et le genre l’occupe à temps plein.
    La structure des sociétés et des exigences vis-à-vis de l’état a changé depuis 50 ans, et l’illusion keynésiène : cf les USA.
    L’Europe, qui va avec l’euro, est une chance formidable pour les pays de l’Est que nous avions lâchement abandonnés. L’Espagne le Portugal et la Grêce ont pu progresser très vite (souvenez-vous des années 60), mais malheureusement gouvernés par des démagogues.
    “Mais ce ne sont pas des raisons pour se jeter dans les bras des federalistes, qui nous conduisent eux aussi a la ruine.” : tout à fait d’accord : retour au Traité de Nice et à la subsidiarité, le contrôle et la transparence.

  11. “Nos créanciers seraient donc aussi obligés d’accepter la conversion de leurs créances en euros vers le nouveau franc, aux conditions négociées par notre Etat… ”
    Nous avons besoin d’emprunter, ce serait à leurs conditions. Sinon, perte de confiance, augmentation des taux d’emprunt…
    Comme le note HV :
    “à condition que des signaux forts soient envoyés simultanément quant à notre détermination à honorer nos dettes et à assainir nos finances publiques.”
    “les politiques partisans de la sortie de l’euro fassent miroiter les benefices de la devaluation et du defaut de paiement (car relibeller de force nos dettes d’euro en franc serait bien un defaut de paiement). ”

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