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Pays : International

Small is beautiful : une apologie de la subsidiarité

De Joseph Pearce dans L'Homme Nouveau :

S "L’expression «small is beautiful» fut inventée, ou tout au moins popularisée, par l’économiste E.F. Schumacher qui la choisit comme titre de son livre publié en 1973 […]. Le sous-titre du livre de Schumacher, «Une société à la mesure de l’homme», traduit l’insistance de l’auteur sur le fait que la question de la taille dans la vie économique ne devrait pas – et véritablement du point de vue moral ne peut pas – être séparée de la dignité fondamentale de la personne humaine. La tendance que manifeste l’économie moderne à se prosterner devant Mammon au nom de forces du marché quasi mystérieuses et à ignorer la dignité de la personne humaine, n’est absolument pas, au bout du compte, une question économique. C’est une question morale. Aussi, nous ne devrions pas être surpris que toute cette affaire ait préoccupé l’Église catholique depuis plus d’un siècle.

Ce qui demeure sans doute de l’héritage de Schumacher, c’est d’illustrer le fait que la «subsidiarité», l’essence de la doctrine sociale de l’Église […], possède une attirance populaire universelle et, d’une manière plus significative, constitue une alternative pratique et viable aux concepts du « laisser-faire » en économie. Schumacher met en garde contre l’imminence de la catastrophe si le consumérisme galopant et l’expansionnisme économique n’étaient pas freinés par une attention à l’homme et à l’environnement. […]

En termes pratiques, Schumacher opposait l’idolâtrie du gigantisme à la beauté de ce qui est petit. Les gens, soutenait-il, ne peuvent se sentir chez eux que dans un environnement à taille humaine. Si les structures – économiques, politiques ou sociales – deviennent trop grandes, elles deviennent aussi impersonnelles et ne répondent pas aux besoins et aspirations des hommes. Dans ces conditions, les individus se sentent fonctionnellement inutiles, dépossédés, privés de voix et de pouvoir, exclus et aliénés. […] Le fait est que le rêve du globaliste est le cauchemar du réaliste. […] Grevée par le matérialisme et le mécanisme, l’humanité s’est rendue esclave de la férule des Géants. En économie, les entreprises multinationales font la loi avec l’aide des institutions financières internationales comme le F.M.I et la Banque mondiale. Les petites entreprises luttent pour survivre dans un système qui penche injustement du côté des Géants. En politique, le pouvoir continue à être centralisé dans des entités de plus en plus grandes et qui s’éloignent de plus en plus des besoins et des aspirations des gens ordinaires et des familles."

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5 commentaires

  1. C’est d’une limpidité et d’une vérité sans faille.Merci!On comprend pourquoi le monde est devenu fou et pouquoi ceux qui nous gouvernent nous conduisent à la catastrophe.Les véritables gouvernants n’étant pas ceux qui sont sur le devant de la scène.

  2. “La tendance que manifeste l’économie moderne à se prosterner devant Mammon au nom de forces du marché quasi mystérieuses et à ignorer la dignité de la personne humaine, n’est absolument pas, au bout du compte, une question économique. C’est une question morale.”
    Exactement. C’est pourquoi les tirades contre “le libéralisme” tombent à plat. Ceux qui les profèrent ne disent jamais quel régime serait meilleur, et pour cause.
    Que ce soit en régime libéral, communiste ou nazi, sous l’empire ou sous la république, personne ne peut forcer les gens à être honnêtes. Ils le sont d’eux-mêmes, ou pas. Personne ne peut forcer les gens à travailler pour le bien commun. Ils le font d’eux-mêmes, ou pas.
    Ce n’est pas une question de choix de régime politique, ou de couleur du bulletin de vote. C’est un choix personnel, qui porte sur la conduite personnelle de chacun.
    D’ailleurs, on le vérifie historiquement. Le libéralisme, qui est le meilleur régime politique pour les Occidentaux, n’a fonctionné que dans des sociétés fortement chrétiennes. Ce n’est pas un hasard : c’est une nécessité.
    Les attaques contre “l’ultra-libéralisme” se trompent de cible : ce sont des attaques contre la déchristianisation.

  3. “l’économie moderne se prosterne devant Mammon au nom des forces du marché quasi mystérieuses et ignore la dignité de la personne humaine”.
    C’est à hurler de rire. Comme si “l’économie moderne” qui ne constitue qu’un outil ou un système, serait en quelque sorte un sombre humanoïde nuisible, sous mauvaise influence, fait de chair et de sang et avec une volonté propre. C’est du grand n’importe quoi.
    Là où en revanche je ne hurle plus du tout de rire, c’est quand avec effarement plutôt je lis ce Schumacher se fait le grand instituteur des foules qui entreprend de m’expliquer ce qui bon pour moi et ce qui est mauvais. C’est tout simplement insupportable. La façon condescendante dont il parle des “gens” en qui il ne voit que du matériau pour ses projets – ses plans – délirants de changements économiques et sociaux est très caractéristique du language officiel de tous les régimes totalitaires de tout les temps. Il pense à la place des gens, leur explique comment ils doivent se sentir et au bout du compte sait ce qui est bon et mauvais pour eux.
    Schumacher veut nous faire croire qu’il existe une “idolâtrie du gigantisme” pour mieux nous imposer l’idolâtrie du petit. Car, tout le monde devrait le savoir, en économie ce qui est petit est beau et ce qui est grand est laid.
    Tiens, tout ça me rappelle l’autre délire qu’est la “décroissance”. Laquelle se trouve pile dans la même logique de ceux qui prônent la dénatalité planétaire. Et tout cela nous amène à la vrai question: quelle conception de l’homme.
    Je vous quitte: il faut que j’aille calculer mon empreinte écologique pour aujourd’hui et planter mes salades. J’irais bien à l’hypermarché de coin mais je n’ose plus. N’oubliez pas de claquer la bise à Gaia de ma part. Sans rancunes.

  4. Attention à ne pas tout mélanger. A ce compte là on pourrait aussi dire que l’Eglise universelle est une multinationale, ce qu’elle est.
    Il peut y avoir des PME de taille humaine dirigées par des autocrates dans lesquelles les aspirations naturelles des personnes sont gravement blessées, et des multinationales dans lesquelles la subsidiarité fonctionne parfaitement et les personnes épanouies. Certaines activités économiques (fabrication de voitures, compagnies aériennes, réseaux mobiles) exigent, pour fonctionner, des structures comportant des centaines de milliers de personnes sur plusieurs continents. Leur taille ne les rend pas immorales. Ces structures peuvent très bien être gérées dans le respect de la DSE. La subsidiarité peut s’appliquer sans limitation de la taille des structures. En aucun cas la lecture approfondie de la DSE ne permet de déduire que “small is better than big”…

  5. @ Entrepreneur
    Il me semble que le titre du livre précise l’amour que nous devrions avoir envers les petites choses, mais en aucun cas l’exclusivité de celui-ci. Par conséquent il ne me semble pas que l’auteur fasse ici un quelconque reproche à l’admiration des choses grandes, simplement il nous rappelle les principes hautement catholiques de subsidiarité, s’opposant naturellement à votre phrase “small is better than big”.

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