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Histoire du christianisme

Saint Pie X, un cyclone réformateur de l’Eglise

Gianpaolo Romanato, professeur d’histoire de l’Eglise à l’université de Padoue et membre du Comité Pontifical des Sciences Historiques, présente dans L’Osservatore Romano les deux volumes de “Chiesa romana e modernità giuridica“, un ouvrage sur Saint Pie X :

Spx"L’étude que Carlo Fantappiè, professeur de droit canon à l’université d’Urbino, vient de publier […] est un événement scientifique qui n’intéresse pas seulement les juristes mais aussi les historiens de l’Eglise et du christianisme. […] L’auteur y démontre que le Code de droit canon voulu par Pie X et promulgué par Benoît XV en 1917 a été beaucoup plus qu’un travail technique de restructuration et de simplification de normes juridiques.

L’étude […] insiste surtout sur les bouleversements qui ont suivi la révolution française et l’Empire. […] Le Saint-Siège […] s’est retrouvé face aux états nationaux modernes, régis par des institutions représentatives, qui visaient à réduire la religion à la sphère privée et à enfermer l’Eglise dans le droit commun. Cette révolution a contraint les institutions ecclésiastiques à se retrancher derrière la papauté, seul point de référence qui ait survécu au naufrage des vieux pouvoirs. N’ayant plus d’autres pouvoirs à affronter, ni à l’intérieur ni à l’extérieur, le pontife romain reprit possession de la pleine souveraineté sur le plan doctrinal et disciplinaire. Il en est résulté ce que Fantappiè appelle un monopole de juridiction […] Dans ce contexte, la nécessité de réformer le droit canon se faisait de plus en plus pressante. […] l’entreprise a semblé tellement démesurée que ni Pie IX ni Léon XIII n’ont osé s’y attaquer. La tâche a été dévolue à Pie X, élu pape en 1903 […]

Fantappiè place la rénovation du droit canon au centre de l’Eglise de l’époque, en montrant que le Code a été l’axe autour duquel le catholicisme a retrouvé son identité. L’appréciation du pontificat de Pie X – souvent considéré jusqu’à présent comme une période de stagnation, voire de régression, à cause de la condamnation du modernisme – est renversée. Ce n’est pas la volonté de condamner qui a marqué cette décennie, mais la nécessité de réformer et de moderniser. […] le début du XXe siècle […] a jeté les bases de la modernisation de l’Eglise sur le plan associatif, social, politique et international.

De la suppression du droit de veto à la réforme du conclave, de la réorganisation des séminaires à la restructuration paroissiale, diocésaine et missionnaire, du renouveau catéchétique à la refonte de la curie et de tous les organes centraux du gouvernement, le pontificat de Sarto a été un cyclone réformateur comme il y en a eu peu dans toute l’histoire de la papauté. […]De manière plus ou moins affirmée selon les écoles historiographiques, on considère généralement que l’Eglise s’est transformée et s’est détachée de son passé lors du Concile Vatican II. Sans rien enlever de sa valeur à l’événement que fut le concile, ce livre donne les arguments qui démontrent qu’un tournant aussi important s’est produit au début du XXe siècle avec la codification du droit canon par Pie X et Benoît XV."

Michel Janva

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