Partager cet article

Histoire du christianisme / Valeurs chrétiennes : Culture

Saint Antoine de Padoue par Françoise Bouchard

Saint Antoine de Padoue par Françoise Bouchard

De Franck Abed :

Françoise Bouchard est historienne et enseignante. Elle a consacré de nombreux ouvrages à la vie de grands saints : Don Bosco, Thérèse de Lisieux, Curé d’ArsAvec cet opus, elle s’attaque à la belle et douce figure de Saint Antoine de Padoue, qui fut surnommé en son temps « le marteau des hérétiques ».

Dès les premières lignes, l’auteur explique que Saint Antoine est « un saint qui ne se repose pas beaucoup ». Les fidèles le sollicitent constamment : « Saint Antoine de Padoue, faites-moi retrouver mes clés, mes lunettes, mon portable, mon parapluie » ou encore « redonnez la foi, la santé, la paix, la joie, un travail. » Elle l’écrit très justement :

« Le pauvre saint Antoine, il ne lui reste pas un instant pour se reposer auprès du Seigneur, après une vie pourtant si bien remplie à son service ».

Le mérite du livre de Bouchard est de ne pas réduire ce grand saint à une espèce de totem que les catholiques invoquent à la moindre difficulté. Il est bien plus que ce saint qu’on prie pour retrouver un objet perdu. En effet, année après année, la réputation d’Antoine ne se dément pas, car

« il est connu et vénéré partout, comme en témoignent les statues à son image dans nos oratoires, nos chapelles, nos églises, nos cathédrales ».

Comme l’expose le Frère Eric Bidot dans sa préface : « La vie d’Antoine est une aventure de la foi. » Sa vie fut courte mais intense. Au cours de celle-ci, il endossa de nombreux rôles, car il fut « tour à tour et en même temps prédicateur érudit, thaumaturge généreux, consolateur attentif, religieux éprouvé, contemplatif aguerri ». En définitive son histoire est « toujours en mouvement ». Sans repos et avec une volonté peu commune, ses pas le conduisent par les routes et les chemins « de Lisbonne à Padoue, de Bologne à Limoges, en passant par Brive-la-Gaillarde ».

Il convient de rappeler

« qu’enfant, on le sait déjà pieux, compatissant et généreux. Il avait une aversion prononcée pour le mensonge (même joyeux), pour les paroles inutiles et les jugements téméraires et toute forme de haine et de vengeance. Il était unanimement considéré comme un élève studieux, obéissant et serviable, et comme un artisan de paix, générant l’affection et la confiance de tous. »

Cependant ses parents ne voient pas en lui un futur religieux, ni moine, ni même prêtre. Bien au contraire, « ils auraient aimé qu’il prenne leur succession ou qu’il embrasse une carrière laïque dont toutes les portes lui étaient ouvertes. Mais pour lui, situation personnelle et considérations publiques n’étaient que vaines illusions. »Son désir depuis presque toujours, si je puis dire, consiste à « vivre le plus uni possible à Jésus ». De même, dans sa piété filiale et constante il fait de « Marie sa seconde mère ». N’oublions pas qu’il passe beaucoup de temps enfant à « contempler le mystère de son Assomption dans l’église-cathédrale : de son Assomption qui était également le jour béni de sa [propre] naissance. »

Celui qui s’appelle encore Fernando montre très vite des aptitudes intellectuelles supérieures à la moyenne. Il décide de changer de nom

« pour se défaire de ses attaches avec sa vie précédente. Antoine était le saint ermite auquel le couvent était dédié. Et puis, si l’on s’en réfère à l’étymologie, Antoine signifie alte tonans, c’est-à-dire : tonnerre éclatant. Un heureux présage de la portée qu’aurait sa parole à l’avenir. »

Devenu franciscain, il est toujours « régulier dans ses exercices, sans aucune autre aspiration que de devenir un bon frère mineur ». Son enseignement marque pourtant ses Frères et les foules, lui qui n’aspire qu’à une vie simple et retirée. On peut toutefois servir Dieu en étant excellent prêcheur. A ce sujet, le Père Léopold de Chérancé précise : « Il avait les qualités spécifiques à l’orateur sacré : la grâce qui attire, le feu qui entraîne, la puissance qui subjugue, la connaissance du cœur humain et des saintes Ecritures… Un grand souffle l’animait, le souffle divin qui transportait les prophètes. » Bouchard précise : « Courtois, aimable, la démarche décontractée, il avait une voix forte, claire et modulable pour l’occasion. »

A ses qualités de douceur et de grâce, il ne faut pas omettre d’ajouter

« son courage et sa fidélité. Rien ne pouvait l’engager à mollir ; il n’affaiblissait ni ne déguisait les maximes du saint Evangiles ; il les annonçait aux grands et aux petits avec la même force et le même zèle. Il les transperçait tous indistinctement des flèches de la vérité. Il argumentait avec les incrédules et il les écrasait sous les coups de sa logique. Il exhortait les bons ; avec eux, il devenait tendre et suppliant. Il admonestait les impies, et les faisait rougir de leur conduite. »

Propos admirables qui expliquent parfaitement le rayonnement de ses paroles et de ses actes, même si son apostolat dura moins de dix ans. Ce n’est donc pas étonnant qu’il soit canonisé dès le 30 mai 1332 par le Pape Grégoire IX, alors qu’il était mort… l’année précédente le 13 juin 1231.

Le Pape de l’époque fut profondément marqué par ce franciscain aux immenses talents. Il avait été « édifié à un si haut point de sa culture théologique et de sa connaissance, de sa mémoire, de toute la Bible, qu’il l’avait baptisé l’Arche du Testament et le Trésor de la Sainte Ecriture. » Antoine marqua aussi bien ses contemporains par sa science que « par la pureté de sa vie d’action fécondée par la prière, par l’enseignement qu’il a fait à ses confrères, par la force de ses paroles devant les plus grands comme les plus humbles, par les miracles qu’il a accomplis de son vivant et après sa mort. »

Il demeure important de comprendre que

« les miracles accomplis par Saint Antoine ne sont pas la cause de sainteté (il en aurait suffi de trois après sa mort pour l’entériner). Ils n’en sont que les conséquences. Ce sont les signes visibles que Dieu nous donne pour nous interpeller sur le caractère de son apostolat, sur ce qui en fait sa spécificité : son rôle de prédicateur. »

Pour quelles raisons son message touche-t-il autant les gens, huit cents ans après son passage sur terre ? Pourquoi reste-t-il un pôle d’attractions pour les fidèles du monde entier ? Bouchard dit que

« Saint Antoine de Padoue nous rappelle les grandes vérités de l’Evangile, que nous avons tant besoin de réentendre alors que notre société matérialise des valeurs que ne rendent pas l’homme heureux. Il nous invite à nous nourrir de la Parole du Christ et à marcher dans les pas du Christ. Car seul le Christ est vérité, chemin et vie ; seul Lui peut nous donner le vrai bonheur ici-bas et pour l’éternité. »

Dans notre monde en perdition car éloigné de l’essentiel, cet ouvrage nous permet de suivre un saint fécond aimé de tous, grand intellectuel qui chercha toujours à présenter la simple, douce et affectueuse humilité de l’Evangile. Dans une biographie retraçant l’aventure de la foi de cet « apôtre de l’amour », Françoise Bouchard nous conte avec simplicité, chaleur et tendresse la vie de ce saint qui, je l’avoue moi aussi, est l’un de mes préférés.

Partager cet article

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services