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Culture de mort : Euthanasie

Rapport Sicard : notre responsabilité personnelle vis-à-vis de la vieillesse

Cyril Brun réagit au rapport Sicard. Extraits :

"Le rapport Sicard sur la fin de vie,
remis mardi 18 décembre au président de la république, par son analyse
et ses propositions, nous rappelle que nous ne traitons pas la bonne
question  et que le problème dépasse largement l’euthanasie elle-même.
Nous sommes face à une question avant tout existentielle et
anthropologique.

En proposant le suicide assisté, le
rapport déplace cependant les responsabilités. Certes, le médecin ne
poserait pas un acte directement mortel, puisqu’il faudrait
qu’intervienne entre sa prescription et la mort du patient un acte
intermédiaire (nécessaire) de l’intéressé lui-même. Mais cela n’enlève
pas la responsabilité du médecin qui met entre les mains de son patient
un produit capable de donner la mort
. Ce faisant, il rend possible l’acte ultime et il porte la responsabilité de cette nouvelle possibilité. En
revanche, il responsabilise directement celui qui souhaite la mort. Ce
sera bel et bien son acte, puisque le rapport préconise que la personne
« soit bien en capacité d’un geste autonome ». Même si de
nombreuses précautions entourent ce geste ainsi que la prescription qui
le permet (y compris l’objection de conscience du pharmacien), tous ceux
qui participent au processus portent leur part de responsabilité
. Même
si elle n’est pas poursuivie pénalement, cette responsabilité demeure,
du point de vue des droits de l’Homme et de la dignité humaine, une
atteinte à la vie d’autrui. Car ce qui est en jeu, au-delà de
l’incontestable souffrance des malades, n’est rien moins que le respect
de la dignité de l’ensemble de l’humanité.

L’enjeu n’est pas mince et le rapport le pointe du doigt de manière connexe. « Les personnes rencontrées souhaitent avant tout que soit levée l’incertitude  (…) concernant leurs derniers moments. »
 Une des invitations importantes de ce rapport est de « démédicaliser
le débat ». Jusque-là, c’est une réponse médicale que l’on a tenté de
donner à un réel problème de santé en oubliant «  la souffrance
psychique, qu’elle soit existentielle, l’expression d’une déchéance ou
une dépression rebelle à tout traitement ».
Or, il ne s’agit pas
d’abord d’une question médicale. Le médecin est là pour soigner et pour
soulager, quand il le peut, la souffrance. Il n’est pas responsable de
la santé de ses patients.
Qu’elle soit de constitution chétive, fragile
ou robuste, la personne malade arrive chez le médecin avec sa propre
santé dont ce dernier n’est pas responsable. En revanche, il est
responsable de ce qu’il fait de cette santé. Clairement, le médecin
n’est pas responsable de la souffrance de son patient. Mais il lui
appartient de tout faire pour tenter de soulager cette souffrance. Il
n’a pas l’obligation de résultat.

[…) Je ne peux que réaffirmer que la réponse
se trouve d’une part dans  l’impérieuse nécessité de donner du sens
jusqu’au dernier souffle de vie
(Donner du sens à la vie jusqu’à son dernier souffle !)
et d’autre part dans notre responsabilité personnelle vis-à-vis de la
vieillesse, de la dépendance et de la souffrance
. Car notre (en tout cas
la mienne) défection gênée, pèse plus lourdement sur les malades que le
poids de la vieillesse ou de l’impotence. L’euthanasie est d’abord l’expression
d’un malaise général profond qui touche au sens ultime de la vie, à la
place des pauvres et des éclopés, à notre capacité à regarder et à aimer
ceux que la souffrance enlaidit
, ceux dont la déchéance nous renvoie
l’image inquiète de notre possible futur. […]"

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3 commentaires

  1. Une société a les médecins qu’elle se donne.La formation médicale est depuis longtemps très “physico chimique” sans pratiquement d’ouverture vers le psychique et encore bien moins sur le mystère de l’âme.Rien n’a plus de sens,ni de finalité.A chacun donc de se bricoler une “éthique”…dans un monde où le dogme de l’évolution livrée au Hasard est la philosophie officielle: Rien avant,rien pendant,rien après,voilà la logique qui sous-tend la Nov-morale Quelques médecins chrétiens subsistent, mais c’est la dernière génération.Voici venir les “bio techniciens” fonctionnaires esclaves de Big Brother.Dans cet empire,la notion de responsabilité personnelle est d’un autre âge.une curiosité étrange ,une sorte d’obscènité…La Bête décide…/Elle seule a tous les droits.

  2. en réalité, le rapport du Pr Sicard veut gérer l’angoisse de français, face à la mort; autrefois les prêtres en parlaient au catéchisme et dans leurs homélies.
    Maintenant on veut légiférer, mais ce sera toujours boiteux à moins de filer des doses massives d’anxiolytiques aux français depuis leur naissance!

  3. D’accord avec les commentaires, on voit poindre là encore ce qui fait le plus de mal à notre époque, plus encore que l’absence de sens une fois que Dieu a disparu, l’absence d’Amour. Il est clair dans nos rapports humains modernes que nous ne savons plus aimer l’autre, à la manière radicale dont nous parle par exemple le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine, aimer l’autre avec tout ce qu’il est, toute sa pauvre et à la fois lumineuse réalité. Sans y faire interférer mes idées, mes avis, ni même mes croyances (au plan formel). Si peu de gens se sentent et se savent vraiment aimés, tandis que tant de gens sont en dépression et se suicident. Tant de gens ont l’air solides et vaillants, quand ce ne sont que des êtres de papier.
    Pour traiter l’autisme, une méthode est en train de se déployer en France, dont tous les résultats – extraordinaires – ne sont apportés QUE par une présence aimante de bénévoles. Là où la médecine apporte des solutions insatisfaisante, l’amour guérit, et guérit vraiment et totalement. Mais c’est d’un amour radical dont il s’agit: présence permanente pendant de nombreuses années auprès de la personne autiste. Un vrai engagement.
    Voilà ce dont auraient besoin les mourants. Voilà qui les soulagerait vraiment!!!
    Les aider à mourir… c’est ré-asséner l’idée que cette vie est vraiment pourrie et moche. Quelle horreur!!!

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