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France : Société

Que sont les sacro-saintes “valeurs républicaines” ?

De François-Georges Dreyfus sur Polemia :

"À tout bout de champ, on ne cesse de mettre en avant les valeurs républicaines. Qu’est-ce à dire ? Honorer les valeurs républicaines, c’est évidemment honorer les républiques qui ont précédé la Ve. Se rend-on compte que cela signifie mettre à l’honneur les Ire, IIe, IIIe et IVe Républiques. Il n’est pas sûr que les défenseurs des valeurs républicaines aient songé à cela. La Ire République, 1792-1799, c’est la Convention et le Directoire, c’est-à-dire, d’abord, un régime totalitaire et génocidaire, puis, avec le Directoire, un régime aux coups d’État successifs, où règnent désordre, corruption et impuissance. Bonaparte y mettra fin avec le Consulat.

La IIe République est une République sans républicains, puisque les élections de 1848 donneront la majorité aux monarchistes et que le peuple français, au suffrage universel, élira président de la République Louis Napoléon Bonaparte. Certes ladite République dont la Constitution est rédigée «en présence de Dieu et au nom du peuple français», proclame pour principes «la liberté, la fraternité et l’égalité» ; mais elle a pour base «la famille, la propriété et l’ordre public», lesquels – soit dit en passant – ont largement inspiré la doctrine du régime de Vichy. […]

La IIIe République, dans la mémoire française, c’est l’Âge d’or. Est-ce si vrai ? […] Surtout, sous la IIIe République, l’essor de l’anticléricalisme fait de l’intolérance un des éléments clés de la politique républicaine. […] La IIIe République est le modèle d’une république jacobine : elle rejettera, de 1875 à 1940, toute politique de décentralisation que défendait, depuis 1850, la droite monarchiste ou libérale. Si l’on regarde les manuels d’histoire d’avant 1980, il est fait gloire à la IIIe République de sa politique coloniale. Il n’était point question alors de repentance. […]

La IVe République a connu, à bien des égards, une vraie réussite économique. C’est l’aspect positif de l’instabilité ministérielle qui avait le gros avantage de laisser à des technocrates de haute qualité le soin de reconstruire la France et de l’industrialiser. À ma connaissance, il n’y eut jamais de débat à l’Assemblée nationale sur la politique nucléaire de notre pays. Or, elle débuta dès la fin des années 1940 ! La IVe République conserve encore un sens certain de la Nation, qui conduira, par exemple, au rejet de la CED. […]

Si lamentables à bien des égards ont été ces régimes, ils avaient maintenu des valeurs qui ne sont pas les «valeurs républicaines» d’aujourd’hui. Travail, Famille, Patrie, ces trois termes caractérisent au fond assez bien ce que l’on peut appeler «valeurs républicaines», quoi qu’en pensent la gauche et nombre des intellectuels d’aujourd’hui. Il est vrai, comme le disait le général de Gaulle, que les principes dits de Vichy ne sont que «le prolongement normal de la devise républicaine»."

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10 commentaires

  1. Bravo pour l’analyse sur la IIIème et la IVème. La IIIème est une République petite-bourgeoise anti-libérale. (Le vrai libéralisme admet la liberté de culte, y compris les processions du Saint-Sacrement, l’ordre public restant sauf.)
    Sous couvert d’aversion devant le monde économique, nos dirigeants d’alors ont tourné le dos à la grosse industrie. Contre le bellicisme de l’Empire, ils n’ont pas eu une politique de puissance. Préférant avoir tort contre plutôt que d’avoir raison avec l’Église sur le terrain social et agricole, notre pays a pris 70 ans de retard!
    Les idéaux de l’époque sont l’instituteur et le notaire plutôt que le chercheur et l’entrepreneur.
    La IVème fut sauvé par des technocrates communistes ou chrétiens de culture (souvent assez proche d’ailleurs si on en croit les liens entre la JOC-ACO, la CGT et le PCF). Elle offrit à la France une Formule 1 à savoir la technostructure et la protection sociale nécessaire au développement de notre puissance. Pendant quelque vingt ans, la France fut un dragon!
    Le drame de la IVème fut sans doute son personnel politique issu de la période précédente. Le Gaullisme seconde époque le liquida dans la Vème.
    Vichy fut une parodie de relèvement national. La famille était meurtrie et souillée tant par les prisonniers, le STO et les déportations injustes. Le fruit du travail profitait à l’occupant. Notre filière agricole fut si désorganisée qu’il fallut attendre 1949 pour mettre fin au rationnement! La patrie couchait littéralement dans le lit de l’ennemi.
    La vraie révolution nationale fut initiée le 18 juin 1940 et consommée lors des glorieuses journées d’Août 1944. Le Peuple a peut-être été volé plus tard.

  2. “Il est vrai, comme le disait le général de Gaulle, que les principes dits de Vichy ne sont que «le prolongement normal de la devise républicaine».”
    Pourrions-nous avoir une référence précise pour cette étonnante citation ?
    Merci

  3. Les “valeurs de la République” ????
    Mais la République n’a pas de valeurs !
    C’est un régime totalisant qui ne demande qu’une chose : l’adhésion à son régime athée, libéral et droit de l’hommiste.
    Celui qui n’adhère pas à sa liberté REPUBLICAINE; son égalité REPUBLICAINE, sa fraternité REPUBLICAINE, sa laïcité REPUBLICAINE, celui là n’est qu’un fasciste, un raciste, nationaliste, etc. qui doit être exclu.
    Donc soit vous êtes républicain, soit vous virez.
    En fait y a plus de France pour les républicains, il n’y a plus que “le territoire de la république”.
    De même il n’y a même plus de Français vu que tout le monde peut être “citoyen républicain”…
    DONC : comment protester, quand on est républicain, contre l’islamisation et la décadence de notre pays ???
    La république s’accomode fort bien de l’islamisation (à condition que les muzz soient républicain).
    Et la république se fiche bien des valeurs morales (c’est l’essence même du libéralisme) : elle ne s’occupe pas des âmes mais des corps… ou plutôt des estomacs.
    Après ça, allez pleurez sur votre culture, vos moeurs, vos idéaux, vos valeurs, votre identité… y a plus qu’une chose qui compte en république : être républicain. C’est ça le totalitarisme…
    Un vrai chrétien peut difficilement être républicain, c’est l’évidence même, parce que la république ne peut qu’accidentellement tenir compte des valeurs chrétiennes.

  4. Les valeurs républicaines ne valent effectivement que si et seulement si elles ont pour dénominateur commun l’amour de la france. Et cet amour ne s’exprime qu’au travers de la devise dite de vichy. Pas besoin d’être pétainiste ou nostalgique du régime de vichy pour penser qu’un français sans travail sans famille et sans patrie fait pitié. Et ça vaut pour toute autre nationalité. Les valeurs françaises dépassent largement les valeurs républicaines. Car la république peut être française iranienne ou autre et donc ne pas relever des mêmes valeurs. Alors que la france ne peut être l’iran et inversement. Voilà !

  5. Merci à PEB de nous ressortir le “mythe” de l’escroc De Gaulle et des inutiles morts de Dakar, de Syrie, de l’épuration et d’Algérie plus tard. Toutes choses ayant constituées sans aucun doute un réel facteur d'”unité nationale”. Et tant qu’on est dans l’escroquerie, on peut y ajouter le libéralisme. La plus grande réussite des libéraux est en effet d’avoir choisit le mot même de liberté pour assoir une idéologie. Toutes les idéologies étant par essence totalitaires, nous voici arrivés aujourd’hui à un “libéralisme” qui ne tolère que lui même.

  6. Article très intéressant, merci.
    Je remarque par ailleurs que seuls les Français revendiquant l’héritage et la valeur de la République ont le droit d’aimer leur pays aujourd’hui…
    Ce qui me semble profondément injuste, car l’on peut se sentir profondément français, aimer sa Patrie, sa terre et son histoire sans pour autant se sentir républicain dans l’âme.

  7. ressortir des eloges a De Gaulle… alors que c’est sous son regime (les annees 60) que tout commenca a empirer…. il vaudrait mieux le laisser dans sa tombe, et ne l’en ressortir que lorsque toute la verite sera enoncee sur ce triste personnage.
    le systeme republicain aura ete le cancer de la France et nous n’avons pas encore administre le bon remede pour l’en guerir : tuer la tumeur..

  8. @ Arwen
    Oui, c’est comme si, avant la révolution française, la France n’avait pas existé, ou qu’elle n’avait été qu’en gestation. Mais on peut parfaitement aimer la France sans être républicain. Moi, c’est parce que j’aime la France que je la voudrais débarrassée du républicanisme. Si je pensais que la France ne pouvait plus redevenir chrétienne, je demanderais à Dieu la grâce de ne plus l’aimer.

  9. Article qui fait du bien à lire !
    Merci !

  10. La IVeme n’a fait que continuer les réformes de Vichy sur le social et la famille.
    Les premières mesures sociales avant 1936, venaient de la droite catholique.
    Que serait la république sans les royalistes et les catholiques?
    Les royalistes sous la Restauration ont mis en place le parlementarisme, inexistant dans la première république et sous Napoléon.
    La IIème et la IIIème eut une majorité de royaliste.
    La résistance fut à son début faites par des royalistes et des maurrassiens, le territoire fut libéré grâce à l’Algérie, dernière conquête des Bourbons…
    Le résultat des républicains en république est bien mince.

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