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France : Société

Que le mouvement des Gilets jaunes se poursuive comme il est né: anarchiquement et à partir des réseaux sociaux

De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :

Malgré les violences, malgré la minimisation gouvernementale, le deuxième acte de la contestation des gilets jaunes, samedi 24 novembre, a été un nouveau succès. Mais cet étrange mouvement politique sans chef n’en finit pas de perturber à la fois ses adversaires et ses soutiens. C’est pourquoi tant de gens rêvent à voix haute de le « structurer » et de lui donner des « porte-parole ». Pour ma part, je pense que ce serait une énorme erreur stratégique.

Certes, ce mouvement anarchique a un côté inquiétant et dangereux. L’absence de cadres et de service d’ordre a déjà conduit à des drames, comme la mort d’une femme le 17 novembre. Mais, si le mouvement se structure, compte-tenu du rapport de force actuel, il sera récupéré par l’extrême gauche, seule force organisée, au sein des gilets jaunes, capable de faire triompher des mots d’ordre d’un bout à l’autre de la France.

Dans ce cas, au mieux, la légitime contestation fiscale va être étouffée sous des revendications absurdes (j’entendais récemment Olivier Besancenot dire que la « bonne » réponse à la colère populaire serait la réquisition des logements en centres-villes pour éviter que la « France périphérique » ne soit obligée de prendre sa voiture!). Mais, le pire, c’est-à-dire une situation capable de nous faire regretter M. Macron à brève échéance, serait plus vraisemblable.

Le mieux serait donc que ce mouvement se poursuive comme il est né: anarchiquement et à partir des réseaux sociaux, comme les printemps arabes. Pour la suite, plusieurs scénarios sont envisageables. Je vous en propose quelques-uns, non pas pour faire de la politique-fiction, mais pour tenter de comprendre ce qui se joue sous nos yeux.

Le scénario le plus favorable serait la transformation des gilets jaunes en mouvement populiste sur le modèle de « 5 étoiles » en Italie qui, après une contestation fiscale, est arrivé en quelques années au pouvoir, grâce à une alliance avec la Ligue. Pour cela, une condition nécessaire est que les patrons de PME y instillent une dose de « poujadisme » – qui aurait deux intérêts : faire fuir l’extrême gauche et rappeler que la fiscalité est une question globale qui touche ensemble entreprises et ménages.

Un autre scénario est possible: que M. Macron pousse délibérément à bout les manifestants pour exiger les pleins pouvoirs, selon l’article 16, et se soustraire à la démocratie. Il ne faut, en effet, pas perdre de vue la question institutionnelle. De même que la monarchie est morte de la contestation fiscale, la république peut tout à fait en mourir. Déjà, au parlement, bon nombre de personnes enterrent la réforme constitutionnelle promue par le président. C’est qu’en effet, la fronde peut fort bien ne pas s’arrêter à Emmanuel Macron et renverser tout l’édifice de la Ve République. On constate au passage à quel point le quinquennat a été néfaste, puisque l’élection présidentielle ne laisse plus la moindre place pour des contre-pouvoirs à l’échelle nationale.

Un autre scénario a déjà été évoqué: il s’agit de la récupération par l’extrême gauche. Je ne crois pas, en revanche, que la droite soit en mesure de « récupérer » le mouvement. Mais elle n’en a pas besoin: ce mouvement est la colère d’une France spontanément identitaire et attachée à ses libertés. En tout cas, nous assistons à l’une des contestations fiscales les plus importantes depuis la grande grève de 1906 et sans doute même depuis 1789. N’oublions pas que l’ impôt est au moins aussi injuste qu’à l’époque – mais surtout colossalement plus lourd.

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1 commentaire

  1. En fait il semble que le gouvernement accuse “l’extrême droite” (qui n’existe pas) afin semble t’il de permettre à la gauche de récupérer le mouvement…
    Cela va loin puisque Michel Delpuech, Préfet de Paris (on ne sait pas comment…), accuse “l’extrême droite” (qui n’existe pas) et “SON IDÉOLOGIE” (sic et par 3 fois) ! C’est du jamais vu ! Ces idéologues gauchistes voient maintenant de l’idéologie à “droite” (qui n’existe pas non plus justement parce qu’elle n’a ni idéologie ni homogénéité d’aucune sorte, le seul véritable point commun étant seulement de ne pas être de gauche).
    A ce stade j’ignore si cela se soigne !

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