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France : Politique en France

Que la droite renoue avec une politique de civilisation

Sociologue et chroniqueur québécois, Mathieu Bock-Côté croit voir une confirmation dans les urnes d'une vague de fond véritablement conservatrice en France, mouvement allant "au-delà des partis qui le traduisent plus ou moins bien, et qui ne semblent en deviner ni la signification, ni la portée.". Extraits de sa tribune publiée dans Figaro Vox :

"la droite française, aujourd'hui, semble renoncer à se définir simplement comme une version modérée du progressisme et connait une véritable renaissance intellectuelle. Elle entend restaurer son propre imaginaire politique et culturel. On a beaucoup parlé du thème des valeurs ou des questions sociétales. À travers ces dernières, la droite renoue avec la question anthropologique. Elle ne doit plus seulement préciser sa vision de la société, mais aussi, sa vision de l'homme. Ce qui redonne un contenu existentiel à l'affrontement politique.

Cette opposition se formule ainsi: l'homme doit-il se libérer de son identité héritée ou doit-il renouer avec le principe de l'enracinement qui le situe dans une civilisation particulière? Dans un cas, on cherchera à extraire l'individu de son histoire, comme s'il fallait le détacher de son pays, de sa culture, de sa religion, de son sexe. On idéalisera une humanité indifférenciée. On pensera chaque différence à la manière d'une discrimination à combattre. Dans l'autre, on se portera à la défense des ancrages sans lesquels l'humanité est condamnée à une nudité terrifiante.

On s'explique mieux alors l'enthousiasme de la gauche terranoviste pour la théorie du genre ou pour le multiculturalisme. Paradoxalement, en se voulant libertaire, elle se montre très autoritaire, car le reconditionnement généralisé de la population, pour la contraindre à se déraciner alors qu'elle ne le souhaite pas, est une entreprise inévitablement coercitive. On s'explique tout aussi bien l'attachement des conservateurs à l'identité nationale et leur désir de rappeler les racines chrétiennes de la France: ils font valoir un droit à la continuité historique.

C'est dans cette perspective qu'il faut comprendre la critique systématique de Mai 68 qui n'apparait plus seulement comme un événement historique, mais comme le mythe fondateur d'un nouveau régime où le politique s'est investi d'une mission démiurgique: couper les peuples de leur histoire, faire table rase et accoucher du nouvel homme nouveau, sans mémoires ni attaches. Attaquer mai 68, cela consiste à déclencher un conflit de légitimité portant sur la définition même de la démocratie contemporaine.

Certains sourient lorsqu'on en appelle à une politique de civilisation. La formule vise pourtant juste. La vocation du conservatisme, à l'époque actuelle, ne consiste pas seulement à gérer avec une plus grande efficacité une société aspirée par la mondialisation et le multiculturalisme mais bien à renouer avec les grandes références sacrifiées de la civilisation occidentale pour les réinventer et les refonder. Il est pour cela indissociable de la question identitaire. C'est à travers elle que les peuples cherchent à nommer ce besoin fondamental d'ancrages et d'appartenance.

[…] De grands mouvements populaires peuvent avorter. Il n'en demeure pas moins que la France devient un laboratoire fascinant où se réinvente le conservatisme occidental."

Quand Mathieu Bock-Côté parle de la "droite française", ne fait-il référence qu'à ses électeurs ? La renaissance intellectuelle au sein des partis de droite ne saute pas aux yeux…

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8 commentaires

  1. C’est la “droite” qui est historiquement à l’origine des lois les plus destructrices de la société française :
    -avortement
    -pilule
    -divorce
    entre autres ….
    [J’ai coupé un passage qui y faisait allusion. L.T.]

  2. Le batave aura barbarisé la France.
    A quand une recivilisation?

  3. @ 30 mar 2015 17:48:01
    C’est bien une question anthropologique, une vision de l’homme qui est en cause.
    Si la “nouvelle idéologie” est portée autant par “la gauche” que par “la droite” c’est qu’elle émane de cercles de pensée et d’action qui les transcende et s’impose tant par la séduction, les intérêts que par la peur et le terrorisme.
    Il s’agit d’imposer une vision de l’homme sans transcendant, vécu comme asservissant, et dans la lignée de mai 68 d’exacerber de manière pathologique “la liberté”. Il est interdit d’interdire.
    Hélas souvent (si pas toujours et inévitablement) une Liberté sans Loi mène à la Loi sans Liberté.

  4. Lorsque Mathieu Bock-Côté parle de droite française, il parle de sociétal, de civilisationnel, d’identité nationale et de conservatisme.
    Le discours du FN me semble être nettement plus imprégné de ces thèmes que le discours de l’UMP ou le PS.
    Je pense donc que Mathieu Bock-Côté fait référence au FN.

  5. La “droite la plus bête du monde” a élu SuperMenteur (enfin officiellement reconnu comme étant de gauche) et Talonnette 1er dont le premier mouvement fut de trahir ses électeurs. Alors se référer à l’UMP pour parler de “droite française” …

  6. Mathieu Bock-Côté tient un blog où j’ai pu lire quelques articles intéressants sur la société québecoise, et cet article-ci l’est aussi… En revanche, il idéalise aussi la droite parlementaire non nationale française : je me souviens de l’un de ses commentaires, sous un article, tenant des propos élogieux à l’égard de… Juppé.
    Mais on peut aussi lire son article défendant le cardinal Turcotte : http://www.journaldemontreal.com/2015/03/27/hommage-au-cardinal-turcotte

  7. Suite : Mais dans cet article, on voit qu’il n’est désormais plus dupe sur Juppé :
    “On l’a vu, par ailleurs, soigner son profil d’homme de droite respectable et modéré -c’est-à-dire, plus souvent qu’autrement prêt à multiplier les concessions idéologiques au système médiatique et à la gauche pour conserver sa respectabilité modérée, quitte à tout faire pour prouver qu’il n’est pas vraiment de droite”
    http://www.journaldemontreal.com/2014/08/31/alain-juppe-et-les-aleas-de-la-vie-politique

  8. Les partis ne sont pas là pour être des laboratoires de réflexion : les penseurs font rarement de grands politiques, et les grands politiques n’ont que rarissimement été des penseurs.
    Moi j’attends qu’on me dise où sont les grands penseurs de droite actuellement en France, à part Mme DELSOL et quelques autres très minimes.

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