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Bioéthique / Culture de mort : Eugénisme / L'Eglise : Foi

Que dit l’Eglise sur la FIV

Cette note d'hier a soulevé auprès de nombreux lecteurs le problème douloureux de l'infertilité et des solutions actuellement proposées par la science pour y remédier. Qu'il soit bien clair que nul ici ne se permettrait de porter quelque jugement que ce soit sur qui que ce soit, étant donné que la douleur de ne pas pouvoir être parents, on ne peut que s'y associer, mais on ne peut pas en porter le fardeau à la place des personnes concernées.

Ces préliminaires ayant été posés, il convient maintenant d'établir clairement ce qu'il est possible ou non de faire en matière de procréation, à la lumière de l'enseignement de l'Eglise. L'Eglise, en Mère soucieuse du bien de ses enfants, ne perd jamais de vue leur bien suprême, qui est d'aller au Ciel. C'est pourquoi c'est sous cet angle qu'elle a examiné tous les moyens scientifiques et leurs conséquences, proposés par la science pour pallier au manque d'enfant. Sa réflexion n'a pas pour objectif de juger les personnes, mais d'éclairer leurs esprits pour leur permettre de choisir en toute connaissance de cause les moyens les plus aptes à les conduire au Ciel. Deux documents majeurs, Dignitas personae et Donum vitae, expriment le fruit de cette réflexion, et sont synthétisées de façon très efficace dans cet article de Stanislas de Larminat.

  • L'Eglise entend l'impérieux désir des personnes d'avoir des enfants. Néanmoins, plaçant au plus haut la dignité de la personne, créée à l'image et ressemblance de Dieu, elle considère que l'on ne saurait utiliser les cellules composant l'être humain comme du matériel, les fins ne justifiant pas les moyens. L'Eglise ne veut pas confondre le droit A l'enfant, qui n'est ni un dû ni un objet de propriété mais le Don gratuit et libéral de Dieu, avec le droit DE l'enfant, qui est le fruit de l'acte spécifique des parents dans l'union conjugale.

« Un droit véritable et strict à l'enfant serait contraire à sa dignité et à sa nature. L'enfant n'est un pas dû et il ne peut être considéré comme objet de propriété: il est plutôt un don « le plus grand », et le plus gratuit du mariage, témoignage vivant de la donation réciproque de ses parents. A ce titre, l'enfant a le droit – comme on l'a rappelé – d'être le fruit de l'acte spécifique de l'amour conjugal de ses parents, et aussi le droit d'être respecté comme personne dès le moment de sa conception ». (Donum Vitae B-§8)

  • Pour les différentes formes d'aide médicale à la procréation (AMP), on se reportera à la synthèse de Stanislas de Larminat, afin de se concentrer ici sur la FIV (fécondation in vitro) :

"Elle est précédée du prélèvement préalable d’un ou de plusieurs ovocytes chez la femme. Ces ovocytes surnuméraires peuvent être congelés ou, dans certains pays, congelés après fécondation in vitro. Ce sont alors des « embryons surnuméraires ».

La Fivete (Fécondation in Vitro ou pipette)  peut être effectuée :

♦ par voie classique : les ovules sont mis au contact des spermatozoïdes en   attendant la fécondation spontanée

♦ par injection de spermatozoïde à l’intérieur du cytoplasme d’un ovule (ICSI). Cette injection se distingue des fécondations naturelles par un spermatozoïde dont le flagelle tombe au moment de sa pénétration dans l’ovule ; dans ce cas les caractéristiques génétiques « cytoplasmique » (génome mitochondrial) du père ne sont donc pas transmises[1]. Dans le cas de l’ICSI, l’injection contre nature du flagelle, transmet des caractéristiques génétiques « cytoplasmiques » du père qui sont considérés par quelques experts comme pouvant expliquer certaines malformations congénitales[2].

♦ par spermatide. La spermatide est la cellule séminale masculine qui précède immédiatement le stade du spermatozoïde.

♦ par cellules sexuelles « artificielles », c'est-à-dire différenciées à partir de cellules souches adultes. Certains laboratoires préparent cette technique pour ne plus avoir à effectuer de prélèvements préalables d’ovocytes ou de spermatozoïdes. Axel Kahn parle d’acharnement procréatique : « la dangerosité potentielle qu’engendre cette méthode n’est pas acceptable ».

Une fois fécondés in vitro, ces embryons sont implantés dans l’utérus de la mère (biologique ou « porteuse »). Certains pays autorisent les implantations multiples pour palier aux difficultés de nidification dans le placenta utérin. En cas de succès, il est alors souvent proposé une « réduction embryonnaire » par avortement sélectif pour ne laisser se développer qu’un ou deux fœtus."

  • La pratique de la FIV ouvre la porte à de nombreuses possibilités de dérives :
    • Le risque d’eugénisme du fait du tri des embryons
    • La dissociation de l’acte conjugal et de la procréation : la fécondation a lieu hors de l'acte conjugal et de plus fait intervenir une tierce personne au sein de cet acte qui doit rester exclusivement conjugal.
    • La pratique illicite de la réduction embryonnaire (« La fécondation in vitro implique l’élimination volontairement acceptée d’un nombre conséquent d’embryons. Certains pensaient que cela était dû à une technique encore imparfaite. Il est très préoccupant de voir que…la recherche ne semble pas porter un réel intérêt au droit à la vie de chaque embryon, mais vise surtout à obtenir de meilleurs résultats en termes de pourcentage d’enfants nés par rapport aux femmes qui initient un traitement ».  (Dignitas Personae – 2nde partie § 14).
    • La question des embryons surnuméraires (« Dans de nombreux cas, l’abandon, la destruction ou les pertes d’embryons sont prévus et voulus. Les embryons produits in vitro qui présentent des défauts sont systématiquement écartés. La technique de transfert comporte en réalité un traitement purement instrumental des embryons. Ni la déontologie professionnelle commune, ni les autorités sanitaires n’admettraient, dans aucun autre domaine de la médecine, une technique comportant un taux global aussi élevé d’insuccès et de pertes. Les techniques de fécondation in vitro en fait sont acceptées, car on présuppose que l’embryon ne mérite pas, ici, un plein respect dans la mesure où il entre en concurrence avec un désir qu’il faut satisfaire ». (Dignitas Personae – 2nde partie § 15).
    • Les risques d’extension de la Fivete aux personnes homosexuelles.

En bref : L’Eglise sait que les « Fivete » représentent dans certains pays près de 5% des naissances et se développent rapidement pour des raisons d’infertilité, mais aussi de « convenance personnelle ». Ce pourcentage ayant une tendance à augmenter rapidement, que deviendra une société dont un grand nombre de ses enfants aura été conçu en dehors du lien charnel ? Les positions de l’Eglise, en matière d’aide à la fertilité, sont donc prophétiques parce que fondées sur trois valeurs fondamentales:

a) l’intégrité physique de tout être humain depuis la conception jusqu’à la mort naturelle;
b) l’unité du mariage, … respect mutuel du droit des conjoints à devenir père et mère seulement l’un à travers l’autre;
c) les valeurs …de la sexualité : procréation,  fruit de l’acte conjugal spécifique de l’amour des époux ». (Dignitas Personae- § 12).

Pour conclure :

L’Eglise ne juge pas les personnes: même dans l’erreur, chaque conscience conserve sa dignité, si elle a cherché la Vérité -et à cette condition expresse- nul ne peut décider à sa place. C’est pourquoi l’Eglise éclaire les consciences en expliquant pourquoi la Fécondation in Vitro ne répond pas à la nature profonde de l’homme. Elle offre aux personnes  souffrant de troubles médicaux de la procréation un réconfort, mais aussi la lumière et l’espérance, à travers lesquelles la maladie retrouve un sens.

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5 commentaires

  1. « la Fécondation in Vitro ne répond pas à la nature profonde de l’homme ».
    Peut-être.
    Mais il manque l’essentiel : la FIV va à l’encontre de la LOI DIVINE.
    On ne peut pas raisonner uniquement à partir de l’homme. Le fait que certaines personnes ne croient pas en Dieu ou ne veulent pas de sa Loi, ne légitime pas le fait que nous masquions cette Loi divine. [Personne ne songe à éluder la loi divine : l’Eglise passe son temps à l’expliciter. C’était précisément le but de “Dignitas personae” et “Donum Vitae”. Mais qui se donne la peine de les lire ? MB]

  2. Effectivement l’Église Catholique nous apporte un enseignement important sur ce sujet délicat.
    Rappel : Il existe la NaProTecgnology (Natural Procreative Technology ; Procréation Naturelle Médicalement Assistée), qui peut aider en ce domaine et qui à ma connaissance est encouragée par l’Église Catholique, et qui a, a priori, des résultats même légèrement supérieurs aux résultats relativement faibles de la FIV.
    Pour plus d’informations on peut se reporter notamment aux adresses suivantes :
    1). http://www.fertilitycare.fr/
    2). Sur le site du journal Famille Chrétienne à l’adresse suivante : http://www.famillechretienne.fr/bonnes-adresses/debut-de-vie/regulation-naturelle-des-naissances/fertilitycare-et-napro-technology-21336, lequel journal propose aussi d’autres articles que l’on peut télécharger. [Merci pour ces précisions importantes; effectivement la NaPro Technology a fait ses preuves et reste encore trop méconnue, la majorité des médecins préférant considérer la FIV comme une “valeur sûre”. Il nous appartient de faire connaître ces techniques, qui vont dans le sens du don de la vie tel que prévu dans le plan de Dieu. MB]

  3. Ma réflexion qui suit n’engage que moi.
    Au constat de quelques exemples de couples très catholiques que je connais dont l’un des conjoints était déclaré infertile et qui ont décidé d’adopter des enfants et ont pu le faire, il se trouve que la fertilité des couples s’est ensuite déclarée et…..d’autres enfants sont venus.
    Ces couples aiment autant tous leurs enfants, adoptés ou non.
    Ce constat m’amène à voir dans ces faits l’intervention de Dieu qui par cet arrêt momentané de fertilité d’un couple a ainsi suscité chez celui-ci le désir d’adopter au moins un enfant permettant ainsi pour lui le chemin de vie le meilleur pour sa sanctification, tout en lui laissant son libre arbitre . Ensuite cet enfant intégré dans une famille avec les autres enfants devra forger son caractère avec ses nouveaux paramètres.
    Deo Gracias

  4. La fécondation artificielle, avec la possibilité de choisir l’embryon parfait pour avoir un bébé parfait, “justifiera” un jour l’interdiction de la procréation naturelle dont le résultat peut être décevant, et qui ne facilite pas la maîtrise démographique. D’où l’indispensable étape préparatoire: une éducation sexuelle obligatoire visant à convaincre que l’unique finalité de l'”activité sexuelle” ne doit être qu’un loisir (et l’IVG une solution “évidente” en cas d’ “accident”). [Vous soulevez un problème crucial et très débattu actuellement, celui de la maîtrise démographique. Là aussi, l’Eglise a réfléchi et des solutions existent, qui nécessitent cependant une implication des catholiques pour faire connaître autour d’eux les méthodes permettant la régulation des naissances (qui n’a rien à voir avec la contraception). Sujet passionnant bien qu’épineux et encore mal compris, même chez les catholiques (le pape l’a appris à ses dépens lorsqu’il a employé le terme de “lapins”). On a encore du pain sur la planche ! MB]

  5. […] Blandine, je souhaiterais vous répondre par mail, mais votre adresse n’a pas l’air d’être la bonne. Auriez-vous la gentillesse de me la donner ? Merci. MB]

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