Christian Combaz a vécu en Hongrie et il rappelle certaines données historiques que les bonnes consciences de l'Europe de l'Ouest feraient bien de connaître avant de condamner les dirigeants de ce pays :
"[…] Dans la série «le saviez-vous?», dans les dernières années du règne de Louis XIV, trois millions de Hongrois ont été réduits en esclavage par les Turcs et dispersés à travers la Turquie après une invasion complète de leur territoire, un anéantissement de leur culture, une multiplication des écoles coraniques, le tout dans un pays aussi farouchement catholique que pouvait l'être la France des abbayes cisterciennes. Malgré une lobotomie permanente sur le thème «c'est du passé tout ça», les Hongrois d'aujourd'hui, dont l'esprit de famille est obsessionnel, ne peuvent pas oublier les cruautés et les dévastations commises, car leur littérature et leurs livres d'histoire sont pleins de ce désastre quasi-biblique. On a beau leur dire, et nous dire, «vous mélangez tout, les deux situations n'ont rien à voir», il n'appartient à personne de se glisser dans l'imaginaire des Hongrois pour décréter qu'il doivent cesser de faire des cauchemars à propos des grandes invasions qu'ils ont subies. On ne peut pas mettre un peuple entier, qui a été martyrisé pendant un siècle, sous thérapie forcée en lui répétant que ses craintes sont vaines et que tout va bien se passer."
Sur la carte ci-dessous (cliquer pour agrandir), nous voyons qu'en 1683 la Hongrie n'était plus qu'une petite bande à l'Ouest, le reste ayant été conquis par l'Empire ottoman. C'est seulement après la victoire de Vienne en 1683 que les Turcs ont commencé à être repoussé. Il faudra 16 ans pour reconquérir les territoires perdus.
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gipsy
Certains n’hésitent pas pourtant à nous rappeler les croisades et l’inquisition ( etc….) qui sont aussi du lointain passé…..
C.B.
“Il faudra 16 ans pour reconquérir les territoires perdus.”
Eux ont été assez expéditifs.
en Espagne, ça a pris bien plus de temps.
En tout ca, ça fournit un “théorème ‘existence” comme uoi les invasions islamiques peuvent être arrêtées et repoussées.
Nous vivons également un temps où l’on voit s’écrouler les dernières “possessions” (au sens colonial) communistes.
C.B.
ooops!
merci de lire:
théorème d’existence comme quoi
Désolée pour cette précipitation dans ma relecture..
grami
Vive l’Histoire & les historiens !
Yvon
Très intéressant, d’autant plus que les autres pays de cette région, y compris la Grèce, étaient sous le même régime esclavagiste pendant des siècles.
Dieudonné a raison de condamner l’esclavage: celui-là aussi (?)
senex
Très juste rappel historique. Il faut se souvenir des grandes batailles de Vienne de Lépante,coups d’arrêt décisifs,sans les quels nous serions encore sous le joug de la charia…. Marie-Reine n’a pas voulu…Merci
Exupéry
Mais évidemment, cela n’a jamais été enseigné dans l’école de la république. Et maintenant on cherchera à y enseigner des contrevérités : du genre ~ “un dynamique apports culturel” ottoman à une Mittel-Europa restée quasiment médiévale sous le joug d’un catholicisme archaïque!”
bachar
C’est curieux, Vlad l’empaleur en Transylvanie n’a pas eu de problème avec l’islam.
Je me demande pourquoi.
matamaure
Quand je mange un croissant, je ne peux m’empêcher de penser à la magistrale branlée qu’on a infligé aux ottomans autrefois.
Relevons nous les manches et chassons les aujourd’hui.
Abattons les minarets, épées de Erdogan et les mosquées, bouclier de Erdogan.
creoff
Le XXI° siècle verra t-il se reconstituer l’empire Ottoman, Turquie en Tête? Car quand les pays voisins auront sombré dans le chaos bien orchestré, seule la Turquie pourra ramener un peu d’Etat.A moins que ce ne soit l’Iran? En Bref Chiites (Iran/Irak) ou Sunnites (Turquie et les autres..). Ou les deux..et là ce sera le choc des titans…
Et nous et nous et nous?
http://rattrapages-actu.fr/fiches-actu/islam-difference-entre-chiisme-et-sunnisme-0
MEIERS
L’article de Christian Combaz est très intéressant mais, peu être par correction politique il oublie de mentionner que la Hongrie n’a pas seulement connue un siècle tragique au XVIIème siècle, avec l’occupation ottomane, mais de même une autre période tragique, au XXème siècle. Comme Combaz l’effleure les malheurs de la Hongrie avaient commencé avec le Traité (ou plutôt le Diktat) de Trianon en 1919. Avant 1914 la Hongrie comprenait 325.000km2, 55% de sa population était hongroise, les 45% restant se composant de différentes minorités, slovaques, roumaines, serbes, juives etc. Le Traité de Trianon a réduit le territoire hongrois à 93.000km2 une perte de 72% du territoire national. Comme 55% de la population était hongroise de souche, le calcul est vite fait; des millions de Hongrois ont été livrés à la souveraineté des pays voisins sans que personne ne leur demande leur avis. C’est là l’une des raisons de la méfiance des Hongrois vis à vis de minorités nationales, déloyales au pays. Parmi les minorités nationales se trouvaient également environ 10% de population juive. Cette population forma en 1918 et 1919 la colonne vertébrale du parti communiste hongrois qui à la suite de la révolution russe avait pris le pouvoir en Hongrie sous la direction de Bela Kun (dont le nom de naissance était Bela COHN!)qui était juif, de même que 18 des 26 commissaires politiques de la révolution hongroise. Certains d’entre-eux comme Tibor Szamueli et Corvin (KLEIN) commirent des exécutions de masse de Hongrois réfractaires. Après l’écrasement de la révolution en 1919, par les troupes tchèques, yougoslaves et roumaines, grâce à l’action de conseillers militaires français, le pays pu retrouver une certaine stabilité dans l’entre-deux guerre sous l’autorité du régent Horthy. A cette époque et vu la trahison de la minorité juive le régime du régent avait pris des mesures pour limiter l’accès des juifs aux fonctions de l’Etat.
Dans l’espoir de parvenir à la correction des frontières de Trianon le régime de Horthy s’allia avec l’Allemagne durant la Seconde Guerre Mondiale, mais refusa jusqu’en 1944 de livrer ses citoyens juifs à l’Allemagne. Comme Hitler avait appris les intentions de Horthy de conclure un armistice avec les alliés, il fit déposer le régent par un coup d’état du parti des croix fléchées, qui fut le point de départ des déportations de juifs hongrois dans les camps de concentration. Après 1945 dans la Hongrie occupée par les Soviétiques, les premières élections libres avaient données la majorité aux partis démocratiques, les communistes dirigés par Mathias Rakosy(dont le nom de naissance était ROSENFELD!) firent cependant leur entrée au nouveau gouvernement. Ils en profitèrent pour organiser une police politique l’A.V.O. dont la direction fut confiée à Gabor Peter (alias Benjamin EISENBERGER!) qui était juif de même que la majorité des hommes de l’A.V.O., rebaptisée plus tard A.V.H., lesquels étaient animés d’un désir de vengeance à l’encontre du peuple hongrois. Avec des méthodes d’intimidation, de chantage, de corruption, l’A.V.H. permis la prise de pouvoir totalitaire communiste. De 1945 à 1956 sur 10 Millions de Hongrois on compta près de 1 Million de procès politiques. L’humour populaire hongrois était à l’époque une forme de résistance. Une devinette consistait à poser la question de savoir pourquoi le communiste Janos Kadar, futur dictateur après 1956 avait été nommé au Politburo, bien que n’étant pas juif. La réponse? Parce qu’il fallait bien que quelqu’un continue à signer les arrêts de mort (des opposants) le samedi (jour de Sabbat, le repos juif). Cette tyrannie déboucha après la mort de Staline en 1953 sur l’insurrection populaire de 1956. Au cours de celle-ci le successeur de Rakosi, Erno Gerö (alias SINGER), traita les combattants de la liberté de “chiens” et de “fascistes” lors d’allocution à la radio.
Après l’écrasement de l’insurrection populaire le nouveau sécrétaire général KADAR, écarta les communistes juifs des fonctions politiques de premier plan, et fit une libéralisation sur le plan économique.
Après 1989 les communistes, rebaptisés sociaux-démocrates revinrent plusieurs fois au pouvoir, en s’orientant sur Bruxelles au lieu de Moscou, avant l’élection de Victor Orban.
Toutes ces expériences expliquent que les Hongrois réagissent allergiquement lorsque des puissances étrangères veulent faire la loi dans le pays en invoquant la protection de minorités. Vu l’histoire hongroise lorsque Daniel Cohn-Bendit par exemple vient faire des remontrances au peuple hongrois au sujet du manque de mémoire de l’Holocauste, il ne peut s’attendre qu’à un accueil des plus mitigés.