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Histoire du christianisme

Principe de subsidiarité et étatisme

De Benjamin Guillemaind dans L'Homme nouveau :

D "Dans son ouvrage L’État subsidiaire, Chantal Delsol présente les régimes corporatistes au XXe siècle, dont les déviances nuiront au courant tout entier. Elle épingle d’abord La Tour du Pin, un des chefs de file. Bien qu’il s’inspire fortement de la conception chrétienne des trois niveaux : personnes, État, corps intermédiaires, elle déplore que le «corporatisme» reprenne d’anciens vocables pour désigner des groupes que l’État crée lui-même ou suscite : associations professionnelles en France, corporations en Allemagne, corps d’État en Autriche et qu’il institutionnalise un système de monopole étendant l’obligation à tous. On s’éloigne de la conception initiale, où les créations résultent d’une volonté libre des individus, légitimées par l’État. La subsidiarité va devenir le paravent de l’étatisme. Rejetant le libéralisme économique et l’idéologie socialiste, le corporatisme devient la seule issue. La question du statut des corps intermédiaires et de la vraie subsidiarité est au coeur de la définition d’une «troisième voie».[…]

Deux courants tentent d’adapter la subsidiarité à un cadre libéral ou corporatiste. Pie VII, influencé par le courant industrialiste : «une organisation qui entrave à un si haut degré le génie de l’industrie ne paraît pas entrer dans le plan des réformes… pour le bien commun ; …aucune profession ne doit être privée de cette liberté qui seule peut être efficace… pour faire régner une émulation au profit des consommateurs et du peuple par la libre concurrence des ouvriers et des vendeurs». Face au désastre engendré par ce libéralisme sans limite, Pie IX rétablit le corporatisme comme objectif pour régler la question sociale. Léon XIII le confirmera avec Rerum Novarum en 1891. Ces divergences montrent la complexité d’une bonne application du principe de subsidiarité : plus ou moins d’État. La plus haute valeur humaine n’est plus la liberté, mais la dignité ; le recours à l’État subsidiaire relève de la justice et non de la charité. Le «personnalisme», qui introduit la notion de dignité de la personne humaine, tentera d’adapter la Doctrine sociale chrétienne à la modernité et d’atténuer l’individualisme libéral, sans pour autant refonder la société sur les corps intermédiaires. La concrétisation s’avère difficile."

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1 commentaire

  1. Ça parait étrange d’épingler la Tour du Pin : c’est quand même lui qui a rédigé, en tant qu’expert mandaté par le Saint Siège, la doctrine sociale de l’Église…
    Et a priori, il n’a rien inventé : il n’a fait que formuler ce qui s’est mis en place depuis 2 000 ans dans l’Église…
    Bref, cette remarque me laisse perplexe…

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