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Valeurs chrétiennes : Education

Pourquoi j’ai quitté l’Apel

Témoignage d'un lecteur du Salon Beige :

AJ’étais le secrétaire de l’Apel (Association de parents d'élèves de l'enseignement libre) de l’établissement dans lequel mon fils est scolarisé, je ne le suis plus. Considérant que les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, après de bons et loyaux services qui ne servent strictement à rien qu’à entretenir l’illusion que l’Apel nationale et ses sections locales servent à quelque chose, j’ai profité de l’assemblée générale annuelle pour ne pas solliciter le renouvellement de mon pensum.

Stupéfiante assemblée générale, d’ailleurs, qui n’a fait que confirmer ma décision, et cela dès le premier regard. Elle se déroulait dans la salle des professeurs de cet établissement qui est supposé relever de l’Enseignement catholique et être rattaché à une congrégation mais dont la référence est… Jean Jaurès. Oui, vous avez bien lu. Sur l’armoire métallique qui orne la salle des professeurs, une citation est scotchée, en gros caractères : « On n’enseigne pas ce que l’on sait, on enseigne ce que l’on est. Jean Jaurès ».

Dommage que la citation s’arrête là. La suite vaut le détour, et pas par l’enseignement catholique. On trouve le texte complet dans un recueil de discours prononcés par Jean Jaurès et édité sous le titre… Pour la laïque ! Oups. Voici le texte :

« Messieurs, on n’enseigne pas ce que l’on veut ; je dirai même que l’on n’enseigne pas ce que l’on sait ou ce que l’on croit savoir : on n’enseigne et on ne peut enseigner que ce que l’on est. J’accepte une parole qui a été dite tout à l’heure, c’est que l’éducation est, en un sens, une génération. Je n’entends point par là que l’éducateur s’efforcera de transmettre, d’imposer à l’esprit des enfants ou des jeunes gens telle ou telle formule, telle ou telle doctrine précise. L’éducateur qui prétendrait ainsi façonner celui qu’il élève, ne ferait de lui qu’un esprit serf. Et le jour où les socialistes pourraient fonder des écoles, je considère que le devoir de l’instituteur serait, si je puis ainsi dire, de ne pas prononcer devant les enfants le mot même de socialisme. S’il est socialiste, s’il l’est vraiment, c’est que la liberté de sa pensée appliquée à une information exacte et étendue l’a conduit au socialisme. Et les seuls chemins par où il y puisse conduire des enfants ou des jeunes gens, ce serait de leur apprendre la même liberté de réflexion et de leur soumettre la même information étendue. »

On peut consulter la suite ici, elle est du même tonneau.

L’ancien président de l’Apel départementale, devenu « chargé de mission » auprès de celle-ci afin de pouvoir continuer à propager la même bonne parole lénifiante, a pris la parole afin d’expliquer aux nouveaux parents à quoi servait l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre, dont il n’était pas peu fier de dire que, avec 860 000 familles adhérentes, elle est bien plus puissante que la FCPE. Pour faire quoi ?

« Le but de l’Apel, c’est que nos enfants aient du plaisir à venir à l’école. » Heu… Certes, mais encore ? Il est aussi de nous aider, nous les parents, a-t-il poursuivi, « à mieux comprendre les problèmes actuels qui peuvent survenir durant la croissance de notre enfant ». Ah ouais… Et une fois qu’on a pigé, on les adresse au Planning familial pour un complément d’information et, le cas échant, pour la suite des travaux pratiques ?

Mais sur l’enseignement qu’ils reçoivent, on dit quoi ? Rien, ce n’est pas du ressort des Apel. Sur la directrice qui envoie aux pelotes les parents juste soucieux de la scolarité de leur enfant, au point d’avoir lancé à un papa extrêmement poli qui s’enquerrait juste de savoir si Molière était encore enseigné : « Vous pouvez faire comme ces parents qui retirent leurs enfants et les inscrivent au Cned ! » On en a déduit que Molière n’était plus enseigné, mais, sur la question précise, on attend toujours la réponse.

A l’Apel, le mot d’ordre est « pas de vagues ». On ne dit rien sur rien, rien non plus sur les textes qui sont appliqués quand ça correspond à la sensibilité de la directrice – sur l’écologie, par exemple, au point qu’au primaire, j’ai cru que mon fils était en train de passer un master en développement durable (sans, hélas, le côté pratique de la chose qui aurait été de sortir à ma place, aux bons jours et aux bonnes heures, les poubelles de différentes couleurs) – mais qui ne le sont pas quand ça contrevient à ladite sensibilité.

Ainsi l’apprentissage de la Marseillaise, obligatoire depuis la loi Fillon de 2005 (grâce au dépôt d’un amendement par Jérôme Rivière, alors député UMP) et qui doit avoir lieu en cycle 3 (entre le CM1 et la 6 e ), n’est-il pas pratiqué dans cet établissement dont la directrice du primaire, à qui j’en faisais la remarque, m’a répondu : « Vous ne voulez pas aussi qu’ils procèdent au lever des couleurs ? » Chiche !

LDernière anecdote mais il y en aurait mille. Pour prendre connaissances des notes et devoirs à faire, les parents disposent d’un accès internet au cahier de texte de leur progéniture. L’établissement utilise Gepi, un logiciel libre. Au début, je n’avais pas fait attention. Puis un jour, j’ai découvert que l’enfant dont je suis le « responsable légal » – papa ou maman, ça doit être trop compliqué – était de « genre masculin » ! Eh oui : sur Gepi, les enfants n’ont pas de sexe, ils ont un genre ! Et vas-y que la boîte catho où j’ai inscrit mon mouflet ne trouve rien à redire à cela puisqu’elle impose l’utilisation de Gepi à tous les parents, comme s’il n’existait pas d’autres logiciels moins imprégnés de la « théorie qui n’existe pas ».

Quelqu’un d’autre que moi rédigera désormais les procès-verbaux des réunions de l’Apel relatives aux barbecues, roses pour la Fête des mères, vide-greniers et autres lotos. Ça me libèrera du temps pour des activités plus utiles, comme de réfléchir à ce que je vais bien pouvoir faire de mon fils. Accessoirement, ça me permettra de dire enfin ma façon de penser à Madame la directrice ; puisque maintenant je n’engage plus l’Apel, je peux faire des vagues.

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20 commentaires

  1. a) “avec 860 000 familles adhérentes, elle est bien plus puissante que la FCPE”
    Facile, quand toutes les familles sont inscrites d’office (mais il faut prendre le temps de détailler les lignes de la facture, pour se rendre compte qu’on est membre “à l’insu de son plein gré”): la liberté ne vous est rendue que si vous demandez explicitement à ne pas cotiser.
    En somme, l’APEL a inventé la retenue à la source avant le gouvernement!
    b) « Vous ne voulez pas aussi qu’ils procèdent au lever des couleurs ? » La réponse à cette directrice aurait pu être: “mais, chère Madame, c’est le cas dans les écoles “Espérance Banlieue”, et visiblement les familles en redemandent.”

  2. Je suis fatigué de vomir,
    donc ça, ou autre chose, en plus du reste,
    voilà, sans plus, …

  3. Ca fait quand même un bout de temps qu’on sait que l’APEL est un égout socialope.
    Il suffit de lire le salon beige.

  4. J’ai connu la même expérience dans une école primaire de Pau en 2013/14/15
    La plupart des parents parlaient de l’APE … le L était en option …
    Le loto en plein carême un vendredi avec des sandwich jambon beurre : nous sommes passé pour 2 fou avec un autre papa qui comme moi s’étonnait !
    Les messes de rentrée et celle de la kermesse boudées par 80% du CA de l’APEL de l’établissement, car c’est “plus important de monter les stands” …
    J’ai dû faire dans l’année 2 rappels aux statuts de l’enseignement catholique pendant les réunions, pourtant très frais dans leurs esprit car la dernière version daté de la rentrée … car l’organisation de la kermesse et du loto primé sur tout.
    Voir les larmes aux yeux de la directrice (vielle mademoiselle mais sincère) quand j’ai évoqué le combat de 84 … c’était la seule à savoir de quoi je parlais .. elle avait campé des jours à Montparnasse à l’époque
    Je passe sur le grenouillage permanent pour la couleur des étiquettes et le choix de la boulangerie pour les croissants, entre mégères oisives, incompétentes et athées
    La présidente, cadre dans le privé, hyper investit dans l’école sincère “recommencente” dans la foi en a fait une dépression, l’appel départemental à préféré soutenir les athées …
    J’ai déménagé… mes enfants sont soit dans le public soit dans le hors contrat ..
    La directrice a pris sa retraite un an plus tard
    L’ex présidente a changé tous ses enfants d’école

  5. La trahison des clercs et de leurs acolytes s’accélère.
    Ce père à raison, d’évoquer les risques de recours au dit “Planning familial”…
    la révérence dont Jaurès est gratifié par l’Apel y conduit directement. Ce tribun ne disait-il pas en effet : ” Lorsque nous aurons obtenu que les femmes puissent aller chez leur amant et en sortir comme si elles venaient de prendre une tasse de thé, nous aurons gagné la partie” !
    Ces malheureux catho progressistes de l’Apel sont complètement sous l’influence (dictatoriale) du politiquement correct, cela relève du syndrome de Stockholm.
    On peut d’ailleurs parler ici d’une variante de l'”Appel de Stockholm” ! (Celui-ci fut, dans les années 50, lui aussi un panurgisme orchestré par les déconstructeurs de l’Occident, à l’époque le PCF.)

  6. Et si on s’intéressait aussi à certraines OGEC ?

  7. Mais quittez donc tous l’APEL, qui ne sert à rien, sans craindre des répercussions pour vos enfants, la direction des établissements y est indifférente.
    Ou, si vous pouvez, mettez les dans le hors-contrat

  8. pas mieux que Bm moi aussi après avoir été assez heureuse dans une école privée laïque où on vivait dans un environnement intéressant et assez familial avec des professeurs ouvertement musulmans / athées / catholiques, j’ai voulu intégrer le privé catholique dans l’espoir de mieux faire partager ma foi avec mon enseignement. je m’attendais à ce que le savoir et l’intelligence, comme moyens de développer la personne et de la faire accéder à Dieu, seraient mis en valeur. Je m’attendais à discuter avec des parents et des enseignants sur la manière d’enseigner chrétiennement.
    Las! Moi aussi je suis partie en dépression, deux fois.
    Après, il suffit de se dire que toutes ces personnes sont heureuses comme cela et quant à nous de préférer des écoles avec un esprit qui nous convient mieux. Mais quel dommage.
    Je trouve sincèrement que l’enseignement catholique n’est pas à la hauteur de sa mission. Et il n’est pas vrai de dire qu’on puisse transformer quoi que ce soit de l’intérieur.

  9. Excellent. Bravo !
    Un indice pour la 2ème étape : “réfléchir à ce que je vais bien pouvoir faire de mon fils.” :
    Suivez le bon conseil de la directrice : retirez-le, et mettez-le dans du hors contrat.

  10. Nous avons arrêté de cotiser à l’APEL l’année où elle a été pratiquement le seul mouvement à applaudir des deux mains l’imbécile réforme de Najat.
    Il suffit de le demander.
    N’hésitez pas, ça soulage de savoir que cet argent n’ira pas soutenir des socialo-vivrensemblistes incompétents ayant perdu la foi depuis des lustres.

  11. Les catholiques se sont tout simplement fait voler leurs écoles par le simple abandon des diocèses ou congrégations qui poussent dans ce sens.1984 fut le chant du cygne, nous aurions dû d’ailleurs être plus méfiant avec une année à la si mauvaise réputation.

  12. C’est bien compréhensible, mais c’est dommage que le secrétaire ait démissionné : les secrétaires ont en effet un certain pouvoir, celui de rédiger les compte-rendus, et donc de dire les choses telles qu’elles sont (sans déformer, ni dans un sens, ni dans l’autre, au service de la vérité).
    En polémiquant un chouïa : Staline, premier secrétaire du PCUS, avait réussi à prendre le pouvoir en plaçant des hommes à lui aux secrétariats de toutes les sections :-)
    C’est dire s’ils peuvent orienter les choses !

  13. J’étais président d’Apel dans les années 1984,1985, 1986. Juste après la manif de 1984 contre la loi Savary. Mais mon ennemi principal ne fut pas Savary!
    Ce fut l’abbé Cloupet, représentant de l’éducation dite catholique, plus exactement de l”éducation vue par la “Conférence de l’épiscopat de France”. Rien à voir avec l’éducation catholique selon l’Eglise du Christ , avant que celle-ci ne se transforme en église du Concile Vatican…
    St Pie X avait dit déjà qu’une école catholique était plus importante à ses yeux qu’une “chapelle” ou construire une église…
    Il nous faut donc reconstruire des écoles catholiques… hors de l’église Vatican 2!
    Et soutenir les prêtres qui n”ont as peur d’une juridiction épiscopale qui s’y oppose: la famille chrétienne est une “ecclesia domestica”… en attendant que Rome retrouve sa Tradition, nécessairement antilibérale.

  14. “tout le monde” accepte de vivre en république,
    “tout le monde” a accepté “les ralliements” à la république depuis le concordat napoléonien et la loi de séparation…
    Inutile ensuite, de s’étonner des conséquences ultimes, aujourd’hui, pour l’école privée sous contrat associée au service public de l’éducation.
    Si l’on veut remettre les choses à l’endroit, commençons par nous séparer de la république!
    C’est dans les coeurs et les esprits que cela commence par une bonne formation.
    Voltaire a travaillé pour qu’éclose l’institution république (l’Homme souverain, la nation souveraine) longtemps après sa mort.
    Commençons donc la reconquête de la chrétienté et laissons le vieux monde républicain mourir de sa belle mort.
    Après la nécessaire formation, cessons “la Collaboration”, laissons pourrir leurs institutions, fussent-elles sous label catholique, soyons émigrés de l’intérieur avec le discernement qui s’impose, car les héros vivants sont bien plus précieux que morts…

  15. On se rappelle du Max Cloupet de 84 et qui a traité avec Lang en 92. Il est mort Monsignor en 2005. Paix à son âme.

  16. Je me répète peut-être, mais les dérives de l’Apel sont à compter, elles aussi, parmi les funestes conséquences du désastreux Concile Vatican II et son “ouverture au monde”!

  17. On se rappellera aussi que Mgr Max Cloupet eut l'”audace” d’avouer : “L’école catholique se sent lavée de toute volonté de prosélytisme !”
    Le prosélytisme de la foi catholique bien entendu. Mais le prosélytisme, pour l’éveil sexuel, la théorie du genre, et autres sanies du politiquement correct, y fait son chemin.
    Lamentable !

  18. Quitter l’APEL, Est-ce vraiment la bonne méthode? Ou ne faut-il pas au contraire investir l’APEL pour remettre un peu le Christ en son centre?

  19. j’ai quitté l’APEL après grâce à l’un de leur magazine (sur l’amour chez les ados) qui a fait déborder un vase déjà très plein.
    Rien de plus simple : on appelle à la rentrée la comptable et on lui dit de ne pas nous facturer l’APEL car on n’en fait pas partie.
    Sinon, il est clair que tout ce qui touche aux choix pédagogiques de près ou de loin ne regarde pas les parents (c’est pareil dans le public d’ailleurs).
    Donc l’APEL est en somme une agence de voyage et de loisir.
    Le vrai scandale (ce qui n’est pas le cas dans le public) c’est qu’il n’y a un monopole. Il faudrait monter une assoc concurrente qui s’appellerait par exemple l’APEC

  20. “Après la nécessaire formation, cessons “la Collaboration”, laissons pourrir leurs institutions, fussent-elles sous label catholique, soyons émigrés de l’intérieur avec le discernement qui s’impose, car les héros vivants sont bien plus précieux que morts…”

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