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Bioéthique

Philippe Meirieu commence à s’inquiéter de la loi de bioéthique

Philippe Meirieu commence à s’inquiéter de la loi de bioéthique

Le “pédagogue” Philippe Meirieu, qui avait remporté le prix Lyssenko « pour sa contribution majeure à la ruine de l’enseignement », s’inquiète dans Libération de ce jour des excès de la loi de bioéthique. Il était temps. Soutenant l’extension de la PMA, il s’alarme sur les autres articles du projet de loi, ne voyant pas que tout est lié :

Qui sait que cette loi, dans son article 14 (25-26), autorise l’implantation d’embryons humains dans un animal à des fins de gestation ? Qui a compris toutes les conséquences de la suppression de l’actuel article 17 du code de la santé publique («la création d’embryons transgéniques ou chimériques est interdite») et de son remplacement par un nouvel article qui autorise, de fait, la création d’embryons humains génétiquement modifiés avec la technique dite des «ciseaux ADN» ? Qui a vu l’impact de la possibilité (ouverte par l’amendement posé par le Sénat sur l’article 2) donnée à des structures à but lucratif de conserver et de commercialiser des gamètes, des ovocytes et des embryons ?

Le caractère prométhéen du projet le choque, lui, grand libéral militant “vers plus d’égalité et de justice” :

il s’agit bien de pouvoir enlever tel ou tel gène ou d’en remplacer un par un autre pour modifier des embryons humains : rien d’autre que la possibilité de «fabriquer» des enfants en manipulant les données génétiques selon notre bon vouloir.

Il n’est plus seulement question de permettre aux femmes de choisir le moment de leur grossesse, il sera possible, dès maintenant et grâce à la congélation d’ovocytes (autorisée à l’article 2), d’améliorer la «performance» des femmes au travail et d’ouvrir la porte à leurs employeurs pour qu’ils décident à leur place de leur maternité. Il n’est plus seulement question de conserver dans des banques de sperme publiques les moyens offerts aux femmes et aux couples infertiles de procréer, il s’agit d’organiser un véritable marché des spermatozoïdes où les officines privées feront sans doute miroiter, moyennant finance, des enfants de meilleure qualité.

Et soudains, c’est l’illumination :

Comment ne pas voir qu’il s’agit là, tout simplement, de la marchandisation du vivant ? Comment ne pas déceler, dans les interlignes d’une loi qui s’avance masquée sous le vœu légitime de «la PMA pour toutes», la vieille songerie du docteur Frankenstein ? Comment ne pas s’inquiéter des risques d’eugénisme que font courir les techniques légitimées par cette loi : à quand l’élimination systématique des embryons qui ne correspondraient pas exactement à nos vœux ?

Monsieur Meirieu arrive un peu tard : l’élimination quasi-systématique des embryons qui nous gênent a déjà lieu, avec les lois sur l’avortement.

Et comment ne pas imaginer que nous ouvrons la porte, grâce au recueil systématique des données génétiques (auquel la loi fait référence à de nombreuses reprises), à la mise en place de fichiers dont l’usage par un pouvoir politique ou par des «industries de l’humain» pourrait s’avérer terrifiant ?

A la fin de sa tribune, il ne manque plus que l’appel à rejoindre La Manif Pour Tous… :

Enfin, pourquoi une loi censée ouvrir des possibilités nouvelles aux femmes qui veulent des enfants a-t-elle été proposée aux parlementaires sans que soit évoquée, dans un premier temps, la recherche sur les causes de l’infertilité ainsi que sur les moyens de la prévenir ? Pourquoi ne dit-elle rien sur la manière de faciliter l’adoption qui reste encore trop souvent un épuisant parcours du combattant ? Décidément, cette loi dite de «bioéthique» n’est «ni faite ni à faire». Le débat sur la bioéthique a été confisqué. Les entreprises et laboratoires de biotechnologie y trouveront leur compte. Mais, sans un sursaut de démocratie, c’est l’humain même, dans sa précieuse spécificité, qui est menacé.

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1 commentaire

  1. Le Grand Liquidateur de l’Enseignement. Avec une majuscule à Grand et à Liquidateur.

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