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France : Politique en France

Patrick Buisson : Emmanuel Macron sera le candidat de la droite en 2022

Patrick Buisson : Emmanuel Macron sera le candidat de la droite en 2022

Patrick Buisson est interrogé dans l’Opinion. Extrait :

La stratégie d’union des droites peut-elle devenir réalité en 2022 ?

Vouloir bâtir un projet d’alternance pour 2022 avec les outils conceptuels de la fin du siècle dernier témoigne à tout le moins d’une certaine paresse intellectuelle. Cela revient à occulter l’apparition des nouveaux clivages qui sont venus distordre l’axe de polarité droite-gauche, autour duquel tout semblait figé. A bien des égards, le clivage qui oppose libéraux et anti-libéraux, et qui passe désormais à l’intérieur de chaque camp, est aujourd’hui le plus pertinent. A gauche, il a pris forme avec le tournant de la rigueur impulsé par le tandem Mitterrand-Delors en 1983 et, par la suite, à travers la montée des thématiques sociétales de l’individualisme libertaire. De l’autre côté, le fait majeur tient à la renaissance d’une droite anti-libérale, hybride du légitimisme et du catholicisme social, que La Manif pour tous – ce que j’ai appelé le populisme chrétien – a su tirer d’un long coma historique. La crise des Gilets jaunes n’a fait que souligner l’acuité du clivage entre cette droite-là et la droite libérale. L’une privilégie les solidarités collectives, l’esprit communautaire, le localisme et l’enracinement. L’autre met l’accent sur les sociabilités contractuelles, l’émancipation des individus, la mobilité et les bienfaits de la globalisation.

L’union entre Les Républicains et le Rassemblement national est donc un horizon obsolète ?

L’union impliquerait à terme la formation d’un mélange homogène. Or la propriété des droites aujourd’hui, c’est précisément de ne pas être miscibles. Il y a des convergences possibles entre populisme et conservatisme, il n’y en a aucune entre libéralisme et populisme. En outre, la base électorale de ces droites est devenue chroniquement minoritaire, et par là même très insuffisante pour servir d’axe stratégique à une reconquête du pouvoir. En y faisant arbitrairement entrer la totalité de l’électorat RN, les droites n’ont recueilli, lors des dernières élections européennes, que 36% des suffrages. Au premier tour de la présidentielle de 1995, les droites de Balladur à Le Pen rassemblaient près de 60% des votants… […]

Est-ce la fin de cette droite que vous décrivez comme écartelée « entre un moi libéral et un surmoi conservateur » ?

La contradiction permanente dans laquelle elle se débat, son incohérence idéologique ont été lourdement sanctionnées par les électeurs. On ne peut à la fois prôner le libre marché et combattre la PMA et la GPA. Sauf à se retrouver dans la situation ubuesque que décrivait Philippe Muray : le parti des conséquences portant plainte contre le parti des causes.

Y-a-t-il une voie pour la droite entre progressisme et populisme ?

Je ne suis pas d’accord avec Alain Finkielkraut qui enjoint à la droite de répudier conjointement l’économisme et le populisme. Le populisme exprime l’instinct de survie des peuples victimes d’une dérégulation et d’une relégation sans précédent. Il faut le civiliser, et non l’anathématiser. Et s’en tenir au précepte énoncé jadis par Aragon : « Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat ».

Qui sera le candidat de la droite en 2022 ?

Macron, sans aucun doute. Après avoir digéré la gauche post-sociale en 2017, il a naturellement vocation à absorber la droite post-nationale, celle qui rejette par principe tout accord avec le RN. On ne voit pas qui, sur le marché politique, pourrait porter une offre libérale plus cohérente et attractive.

Macron peut-il être cette fois battu ?

Ce n’est pas impossible, dans un contexte marqué par le retour de la question sociale et l’élargissement de la fracture ethno-culturelle. L’élection présidentielle reste le seul scrutin où les classes populaires et la classe moyenne inférieure fournissent une majorité de votants. Seule une candidature opérant la jonction entre ces deux catégories serait susceptible de l’emporter face à Macron.

Comment expliquez-vous l’intérêt autour d’un possible retour de Marion Maréchal ?

L’intérêt des médias n’est pas toujours le critère le plus pertinent. Le storytelling produit davantage d’images que de suffrages. Les cas de Simone Veil et de Michel Rocard, stars médiatiques répudiés par les électeurs, l’ont démontré. Le moment choisi par Marion Maréchal pour revenir dans le débat laisse perplexe. D’abord en raison de l’échec de Bellamy, qui a fait apparaître l’insigne faiblesse électorale de la ligne libérale et conservatrice dont elle se réclame également. Ensuite parce que Marine Le Pen a fait montre d’une résilience dont bien peu la croyaient capable après le débat raté de 2017, réduisant les marges de manœuvre de sa nièce. Enfin, parce que son offre d’union à LR – une OPA sur une coquille vide et une main tendue à des gens qui n’en veulent pas – va vite trouver ses limites.

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8 commentaires

  1. Prétendre que Macron est de droite est une escroquerie totale.
    Macron est euro-mondialiste, sociéto-transformiste, anti-français, fiscalo-spoliateur, néo-fasciste, etc.
    Ce type n’a absolument rien de droite.
    Après avoir servi la soupe à l’infâme nabot menteur Sarkozy, Buisson confirme qu’il n’est qu’un laquais putréfié.

  2. Il n’y a pas de quoi être perplexe sur le “moment” choisi par Marion Maréchal pour “revenir”, elle a probablement eu peur de la réussite de Jordan Bardella ! et elle a voulu se rappeler à nos bons souvenirs…
    D’autre part, pas de quoi non plus être surpris de la résilience de Marine Le Pen, tout simplement parce que son débat était loin d’être raté ! Il suffit de le regarder à nouveau (en accéléré si vous préférez !) pour voir qu’elle annonce tout ce qui nous est tombé dessus depuis ! Et dire que tout le monde a embouché la trompette des médias tous pro-Macron dès la dernière minute du débat ! Y compris en la faisant passer pour une folle alors qu’elle imitait (pâlement) le freluquet Macron !

  3. L’échec de Bellamy ne s’explique pas fatalement par une certaine indifférence de l’électorat de droite aux problèmes sociétaux apportés par Macron, mais aussi et surtout par son désir de ne plus être cocufié par les sbires carriéristes et gauchisants de l’UMP-RPR-LR, surtout après le ralliement honteux de Fillon à Macron qui a ouvert les yeux à beaucoup d’électeurs de ce parti de renégats.
    D’ailleurs on sera bientôt fixés à ce sujet par le succès ou l’échec de la manif nationale du 6 octobre. Et on verra alors si la stratégie de Marion est la bonne.

  4. macron sera le candidat de la bourgeoisie de droite…. et de gauche!
    que les gueux ne s’abstiennent pas de voter au prétexte (jamais démontré) que les autres ne feraient pas mieux!

  5. J’aimais beaucoup Buisson jusqu’à ce jour où il confond libéralisme et mondialisme. Les populistes ne sont pas contre le libéralisme, ils sont plutôt contre le mondialisme qui leur supprime leurs emplois alors que le libéralisme en crée. Les “populistes” voient bien que depuis que le mondialisme s’est mis en route, les pays croulent sous la dette et les citoyens sont de plus en plus taxés. Les populistes ont pour eux le bon sens. Quand un système ne marche pas, il faut en changer. Quand on essaye de supprimer un système qui a fait ses preuves, il faut se battre pour le maintenir. C’est ça le populisme et je suis fière d’en être.

  6. Absolument d’accord. Pour une fois, je trouve son analyse pas très fine ….

  7. Libéralisme et mondialisme sont bien une et seule et même chose, du moins dans la phase actuelle post-guerre Froide, dont au fond nous ne faisons que de voir la traduction politique seulement 30 ans après, avec la disparition des partis qui s’affrontaient du temps de la Guerre Froide selon le schéma gauche/droite. Repousser sans cesse les limites, c’est dans l’ADN du libéralisme, et aujourd’hui, il est depuis la fin du bloc de l’Est entré dans sa dernière phase, celle de la domination totale, matérielle et non-matérielle. Nous ne reviendrons pas à un libéralisme gestionnaire et entrepreneurial d’hier, ça c’est terminé puisque le néo-libéralisme, qui se confond aussi avec le néo-capitalisme, a détruit les structures économiques, sociales, culturelles, nationales, religieuses, des sociétés d’hier : que sont devenues nombre de PME familiales ? Soit elles n’existent plus, soit elles ont été rachetées par des grands-groupes, qui désormais préfèrent produire de gras dividendes que des biens manufacturés… Le libéralisme national et conservateur, n’est même plus un courant politique, il est déjà rangé au musée de l’histoire des idées politiques périmées du XXe siècle. On voit bien quotidiennement que ce courant ne dispose plus d’aucun relais d’importance dans la société civile, et que son électorat traditionnel s’est volatilisé ! C’est terminé !
    En cela, l’analyse actuelle de Buisson a toute sa pertinence, c’est pour ma part la thèse que je soutiens depuis 2017, en précisant que l’on ne pouvait pas même envisager que la disparition de droite classique aurait été si rapide… L’Histoire s’accélère : ceux qui refusent de le voir resteront bêtement sur le quai…
    Macron est le candidat naturel de la droite en ce sens qu’il a rallié à lui la sociologie électorale, la bourgeoisie d’argent, qui jusqu’à un passé très récent constituait le socle indéfectible de la droite classique en France. Cette dernière a préféré faire converger ses intérêts affairistes avec leurs alter-ego libéraux de gauche, base sociologique traditionnelle de l’ex-PS et de l’ex-gauche plurielle. Et en conséquence, sacrifier les populistes, fussent-ils de “droite”, et bien sûr ceux de “gauche”… Il faut donc se rendre à l’évidence que nous avons plus à partager avec certains mélenchonistes qu’avec ces affairistes bourgeois qui se disent encore de “droite”. De “droite” pour casser du prolo, ça oui, aucun problème. Ils veulent la guerre de classe, eh bien elle est déjà déclarée. “droite” ou “gauche”, ne comptent plus autrement que comme de simples marqueurs culturels, c’est tout. Mais ce ne sont plus des marqueurs clivants et déterminants, puisque les socles idéologiques, religieux et sociologiques sur lesquels reposaient ces clivages ont disparu : pour faire simple, la structuration sociale de l’Eglise d’un côté et du Parti Communiste de l’autre ont déjà depuis longtemps volé en éclats.

  8. Et pourquoi pas macron tête de liste RN ?

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