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France : Politique en France

On lui aurait demandé de fermer les yeux sur des anomalies de comptes de campagne

Un rapporteur de la Commission nationale des comptes de campagne révèle pourquoi il a décidé de démissionner :

Unknown-6"Le 20 novembre, les portes ont claqué dans le huis clos du 36, rue du Louvre, siège de la discrète Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Une séance « longue, houleuse et difficile », au dire de notre témoin, qui s'est résigné à démissionner, la mort dans l'âme. « Vous ne m'offrez d'autre alternative que celle de me soumettre ou de me démettre », écrit Jean-Guy de Chalvron dans une lettre adressée au président de la CNCCFP, François Logerot, dont nous avons obtenu copie, paraphrasant la tirade de Gambetta. Durant toute sa carrière, cet inspecteur général de l'administration, aujourd'hui retraité, a été un grand serviteur de l'Etat, passé par dix ministères, de l'Industrie à l'Intérieur. Il fut aussi directeur de cabinet de Louis Mexandeau aux Anciens combattants. De solides gages de sérieux pour ce haut fonctionnaire qui met en avant dans sa lettre de rupture les « valeurs d'indépendance et de rigueur » qui l'ont toujours guidé. Que s'est-il donc passé pour qu'il en arrive là et rompe le silence ?

«La colère », nous explique-t-il, « révolté ». Pendant cinq mois, il a été l'un des deux rapporteurs chargés d'éplucher les 52 cartons de factures d'un grand candidat à la présidentielle. Or, il dit avoir déniché nombre de dépenses litigieuses qui ne pouvaient pas, selon lui, ouvrir droit à un remboursement par l'Etat, donc par le contribuable, mais pas à même toutefois d'entraîner un rejet du compte de campagne. Le tout portait sur près de 1,5 millions d'euros, sur un total de 10,7 millions d'euros de dépenses.

Ces anomalies ont été détaillées lors de la fameuse réunion du 20 novembre, où fut examinée une « lettre des griefs » destinée au candidat. Jean-Guy de Chalvron se serait alors, assure-t-il, heurté à un refus « extrêmement brutal » de la commission, qui lui aurait suggéré de revoir nettement à la baisse ses propositions de régularisation. Raison pour laquelle il a préféré partir, pour ne pas avoir à couvrir de potentielles irrégularités.

Ce candidat, c'était Jean-Luc Mélenchon. Mais si Jean-Guy de Chalvron a accepté de témoigner, ce n'est pas pour mettre à l'index le patron de la France insoumise. N'ayant pas eu accès aux comptes des autres candidats, il ignore en effet s'ils ont donné lieu à des difficultés. Or, selon nos informations, deux voire trois autres rapporteurs auraient aussi claqué la porte. Non, ce qu'il souhaite, c'est alerter sur de « graves dysfonctionnements » au sein de la CNCCFP, dont il juge le système opaque et fort peu démocratique. Une commission débordée qui a dû, pour éplucher les comptes de la présidentielle, recruter des rapporteurs vacataires, tous hauts fonctionnaires et retraités. Des intermittents en somme, donc peu préparés à la mission. Ils étaient seize, deux par « grand » candidat et un par « petit », épaulés par de simples étudiants stagiaires. Or, le travail est ingrat : une masse de documents colossale (5 000 factures pour Mélenchon), un temps bref (six mois) et un salaire peu attrayant (18 euros la vacation de six heures). Mais il s'y est attelé avec enthousiasme.

Or, reproche-t-il, on lui aurait demandé de fermer les yeux. « De nombreuses divergences de fond sont apparues entre mes propres propositions de réformation et les recommandations de la commission, écrit-il dans sa lettre de démission. Vous m'imposez donc de signer une lettre de griefs au candidat qui ne reflète plus du tout le travail que j'ai fourni. » De fait, à la CNCCFP, ce ne sont pas les rapporteurs, chargés d'enquêter, qui ont le dernier mot, mais les neuf permanents. En résumé, les rapporteurs proposent, la commission dispose. « Bâillonnés », juge de Chalvron, encore outré."

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10 commentaires

  1. Elle est chouette ladite “démocrassie” républicaine !

  2. Ils avaient besoin de Mélenchon pour couler la candidature du PS avec ses rodomontades des années 80’s et identifier et ridiculiser une certaine gauche qui dispose encore de nombreux réseaux très excités notamment dans la fonction publique, la police et l’éducation en particulier.
    Ils ont encore besoin de lui pour créer une fausse opposition à l’assemblée.
    Ils ne vont pas tuer la poule aux oeufs d’or électoral.
    FI et compagnie ne sont pas dangereux pour Macron car ce ne sont pas des gestionnaires mais des fonctionnaires sans expérience comme Ferrand leur avait expliqué bien à propos.
    Macron a presque sponsorisé FI pour avoir un contre exemple has been sous la main.
    Comment savoir où ne pas investir en France si on ne veut pas gérer des syndicats etc : prendre la carte des circonscriptions FI !

  3. Cette valse des chiffres est bien incompréhensible pour beaucoup d’entre nous…1.5 millions!
    Une vie de travail n’est pas l’équivalent de cette somme!
    Mais où va t’on?

  4. 18 euros pour 6 heures, soit 3 euros de l’heure. Je croyais qu’il était interdit de payer en-dessous du SMIC…

  5. tout cet argent dépensé!
    écoeurant !
    et mélanchon veut représenter les pauvres de ce pays!

  6. Encore une fois, cela étonne qui?

  7. Si ce monsieur a conduit aussi mal son travail en l ‘ espèce qu’il a mené en son temps une inspection à la préfecture de la Seine-Saint-Denis ( où il a laissé un souvenir impérissable ) lorsqu’il était à l ‘inspection générale l’administration, on ne perd pas grand chose !!!!

  8. C’est son heure de gloire à ce type inconnu

  9. Ne négligeons pas le fait que le Président de la commission, François Logerot, retraité de la Cour des comptes depuis 2004, âgé de 82 ans, affecté à son poste actuel en 2005, a vu son traitement augmenter en juin dernier de 57% rétroactivement au 1er janvier 2018.
    Comme chacun sait, la différence entre un truand et un honnête homme, c’est le prix d’achat. Je pense que si certains comptes de campagne étaient intouchables (celui de JUPITER est particulièrement original), nous avons, dans cette légère augmentation, l’explication de ces verrouillages.

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