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France : Politique en France

Nous sommes à un moment de l’histoire électorale française où l’hypothèse d’une coalition des droites se crédibilise

Nous sommes à un moment de l’histoire électorale française où l’hypothèse d’une coalition des droites se crédibilise

Analyse du politologue Gilles Ivaldi pour l’Opinion :

Le RN peut-il progresser dans l’électorat senior ?

Oui, cela dépendra des deux facteurs. Le premier est économique et social : le RN de Marine Le Pen parle aux classes populaires et peut encore gagner du terrain chez les retraités modestes. Mais chez les plus aisés, elle a du chemin à faire. Ce qu’elle peut faire : en 2017, elle avait opté in extremis pour des mesures sur les droits de succession qui parlent à la droite patrimoniale. Le second obstacle concernait l’euro et la sortie de l’Union européenne. Même si l’ambiguïté du RN reste très forte, sa modération apparente a pu apaiser les craintes de l’électorat le plus âgé… et participer de l’effet de normalisation. Sur fond d’effondrement de LR et du PS, le parti de Marine Le Pen s’implante géographiquement et est arrivé en tête dans deux tiers des départements. Il se banalise et s’ancre dans la vie politique française. Ces européennes l’ont confirmé : l’extrême droite est là, consolidée. A présent, elle devrait chercher à étendre son socle. Depuis les régionales de 2015, le FN sait qu’il lui faut gagner des voix à droite. Électoralement, le cœur de conquête future du RN est là-bas.

Cette conquête est-elle crédible avec la ligne nationale-populiste de Marine Le Pen ?

Il y a en tout cas une conjonction astrale favorable à un rapprochement du RN avec l’électorat LR. Cela ne veut pas dire que cela va se réaliser. Mais le parti LR est historiquement affaibli, même si son score de 8,48 % est conjoncturel. Gérard Larcher a précisé mardi : « Je n’ai jamais été tenté par le Rassemblement national ». Qu’on le veuille ou non, le modèle de coopération entre les conservateurs et les nationalistes-populistes s’étend en Italie, aux Pays-Bas, en Norvège, en Autriche, au Danemark… En Europe, l’extrême droite se consolide et se normalise. Il est difficile d’imaginer que la France y échappera, avec un RN pesant près de 25 % des voix. C’est la protection du mode de scrutin qui réduit la force parlementaire de ce parti. Mais si le gouvernement introduit une dose de proportionnelle de 15 à 20 %, le RN pourra à terme devenir une force d’appoint pour la droite…

Autrement dit, nous sommes à un moment de l’histoire électorale française où l’hypothèse d’une coalition des droites se crédibilise. Le RN peut explorer cette voie sans perdre son électorat populaire : le taux de fidélité le plus élevé de tous les partis est celui de l’extrême droite, malgré les nombreuses crises du RN ou ses revirements stratégiques.

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9 commentaires

  1. Dans dix ans, nous lirons cette opinion d’un air amusé… Rien ne va se passer ainsi, l’auteur jouant sur le damier politique post 1945, à tout jamais révolu. Ce n’est pas à droite que le “Parti de la France” se formera car cette notion est désuète. C’est plutôt sur les conséquencesdu déclassement économique et social des gens du peuple. Déclassement économique consécutif au totalitarisme marchand qui empêche toute prospérité nationale et exige de remplacer massivement les salariés par des robots. Déclassement social lié à une immigration invasion, souhaitée par les mêmes intérêts, pour occuper les postes où la machine n’est pas (encore) compétitive. Si, en plus, elle offre à l’islam de vaincre l’Eglise Catholique, c’est encore mieux pour les FM ! La droite ancienne, marquée antirevolutionnaire, pour simplifier, n’a plus de raison d’être dans la mesure où le capitalisme est triomphant, ayant su individualiser ses inépuisables tentations jusqu’au cœur de chacun. Il convient donc de laisser se décanter cet immonde brouet. Avec le temps, les vrais enjeux se révéleront : bien commun, souveraineté, transcendance et la solution politique apparaîtra comme une évidence. En attendant, prions les saints patrons de notre chère France.

  2. Sauf que si l’électorat plus aisé se retrouve mécaniquement appauvri par la politique euro-mondialiste de Macron, (puisque qu’il ne faut pas se leurrer, les classes moyennes vont toutes, tôt ou tard, passer à la moulinette) dont seules les grandes métropoles tirent profit, le RN n’aura pas besoin de varier d’un iota sa ligne économique et sociale pour rallier tous les “perdants” du système. Car, au delà de la culture et de l’idéologie d’origine des électeurs, pour peu qu’ils en aient une, c’est en fonction de leur “instinct de survie” économique et social qu’il vont de plus en plus se prononcer.
    Plus que le clivage patriote/mondialiste, c’est le clivage entre gagnants et perdants de la mondialisation globaliste qui va s’imposer, or cela ne recouvre pas exactement la même population. C’est la raison pour laquelle il n’y a plus d’espace politique pour une droite libérale-conservatrice en France (mais ce qui peut être différent dans d’autres pays européens…)

  3. Aucune confiance en Marion Maréchal Le Pen ! à part quelques sursauts (Vincent Lambert), elle a un discours affairiste, pour un peu, on croirait du Macron …

    • Pourriez-vous donner des exemples pour étayer votre propos ? J’ai cherché “marion marechal discours affairiste” sur Google et je n’ai rien trouvé.

      Sauf ceci :
      “”L’argument du front républicain est usé jusqu’à la corde”, a estimé Marion Maréchal-Le Pen devant plus d’un millier de personnes venus assister à son seul meeting d’entre deux tours, à Marseille.
      La députée du Vaucluse a fustigé le “suicide collectif” d’une gauche qui a fait le choix du retrait pour faire barrage au FN, y voyant un acte d’une “gravité inouïe”.
      “Le vrai parti de la peur, c’est eux. Ce parti des fausses élites et des politiciens, ce parti médiatique, des syndicats et des affairistes”, a-t-elle dit.”
      https://www.capital.fr/economie-politique/marion-marechal-le-pen-denonce-le-parti-de-la-peur-1090921

  4. @ mouette, non mais vous rigolez, vous devriez écouter ce qu’elle dit et voir ce qu’elle fait, peut-être changeriez-vous d’avis!!! c’est l’opposé de micron le dictateur

  5. mouette : vous avez raison, Marion, par le biais de son école, tend à s’adresser de plus en plus à une élite de “winners” qu’au petit peuple d’en bas en train de crever, ce qui est parfaitement cohérent avec la ligne nationale-libérale-conservatrice qu’elle portait déjà. Elle est en train de construire une macronie de droite, avec le même credo libéral, mais simplement teinté d’eau bénite en plus… Cela ne va pas du tout dans le sens des intérêts de la France périphérique, dont elle se désintéressera totalement une fois élue, contrairement à sa tante qui n’a pas changé sa ligne sociale, sauf l’ajustement “euroréaliste”…
    Si Marion veut revenir en politique et succéder à sa tante, elle devra prendre en compte l’effondrement des Républicains et en conséquence revoir toute sa stratégie et sa ligne. Les LR, comme le PS, ont commis l’erreur de continuer de s’adresser à des classes moyennes qui ont soit disparues en grande partie, ou bien dont la nouvelle génération porte des aspirations toutes autres que la précédente. Il serait suicidaire d’engager le RN sur une telle voie, où il y perdrait tout son électorat populaire, et doublement perdant puisque la population à laquelle Marion veut s’adresser vote déjà LREM dans son immense majorité.
    Meltoisan : ces citations datent d’avant 2017, c’est la jeune Marion que l’on a tous connu et admiré. Mais celle qui reviendra, si elle revient, sera complètement différente. Malheureusement.

  6. la fausse droite ayant rejoint larem avec les socialistes, ce qui reste des LR ferait bien de faire un tant soir peu de prospective et rejoindre les populiste pour virer les bobos

  7. Si seulement les cadres LR n’étaient pas de gauche, l’union des droites serait depuis longtemps.

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