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Bioéthique / France : Société

Notre société est-elle sur la voie de l’utopie nazie ?

Dans son ouvrage Crime et Utopie, l'universitaire Frédéric Rouvillois relit le nazisme à travers le prisme de l'utopie de l'homme nouveau. Cela lui permet d'établir d'inquiétantes similitudes avec notre politique contemporaine, qu'il détaille dans un long entretien à Famille chrétienne. Quelques passages :

  • En quoi le nazisme était-il une utopie ?

"Le projet utopique, tel que les nazis le conçoivent, est d’établir une société idéale dans laquelle tout le monde sera heureux en réécrivant l’histoire et en enclenchant un mécanisme de progrès, mais surtout de refaire la nature humaine en bâtissant ce que l’on appelle « l’homme nouveau » dans la rhétorique totalitaire.

Pour construire cet homme nouveau, les nazis vont employer non seulement les méthodes classiques de l’éducation, de la rééducation et du formatage intellectuel, mais aussi celles de l’eugénisme et du darwinisme mis à la mode à partir de la fin du XIXe siècle."

  • Les Lebensborn, l'affaiblissement du mariage et les mères porteuses

"Himmler, [le concepteur des pouponnières dédies à la race aryenne], expliquait par exemple que le mariage chrétien était une des causes du déclin de la civilisation et qu’il fallait donc le remplacer par une polygamie organisée par l’État. Il règne par ailleurs dans ces Lebensborn un égalitarisme totalitaire qui met sur un même niveau toutes les femmes, celles qui sont mariées et celles qui ne le sont pas. Tout le monde s’appelait madame…

Dans le cas allemand, seules les mères génétiquement pures peuvent accoucher et leur enfant est confié à des familles SS qui vont l’élever. C’est la même chose avec les mères porteuses [aujourd'hui], à la différence non négligeable que, dans le cas du nazisme, il s’agit d’une organisation étatique."

  • S'ils avaient pu, les nazis auraient pratiqué la sélection des embryons

"Non seulement les eugénistes nazis de l’époque ne s’en seraient pas privés, mais ils ont regretté de ne pas avoir la capacité de le faire. À défaut, ils ont éliminé les enfants malformés ou handicapés en les euthanasiant."

  • Quel parallèle établir entre le nazisme et notre société ?

"Dans chacun d’eux, il y a une espèce de rationalisation, une "amoralisation", une volonté de rupture avec le passé, avec la tradition et les valeurs chrétiennes. Il y a dans le nazisme de nombreux éléments que l’on retrouve avec effroi dans la politique contemporaine, dans la façon de concevoir les rapports humains, de concevoir le développement. C’est frappant."

  • Est-ce l'Etat français qui organise une société utopique ?

"Une dimension utopique est présente dans la politique contemporaine. On constate une volonté d’arriver à un monde parfaitement égalitaire, où il n’y aurait plus de différences, où tout le monde serait heureux. La démarche utopique autorise ainsi toutes les violences, physiques, mais surtout symboliques. À ce titre, le mariage homosexuel est une violence symbolique faite à la tradition, à la famille, à la société, au nom de l’égalité et de la liberté. De la même façon, la manière dont les programmes scolaires sont conçus constitue aussi une violence faite à la liberté de choix des parents. Cela rejoint l’idée utopique qui considère que l’éducation des générations futures est une chose trop importante pour être laissée aux parents et à la famille.

Toucher à la famille ou à la procréation peut ainsi être considéré comme une entreprise de type utopique, dont la finalité n’a pas de limite dans le temps. D’ailleurs, ce rapport au temps, cette idée qu’un projet s’inscrit dans un temps très long sans retour possible, procède d’une démarche utopique. On avance vers un progrès sur lequel il ne serait pas possible de revenir. Il en va ainsi de la réflexion sur la possibilité ou non de revenir sur la loi Taubira. Le gouvernement et une partie de la droite ont pris acte que la loi était votée, et qu’il n’était plus possible de faire marche arrière en l’abrogeant."

  • Le danger ultime de l'utopie

"Les totalitarismes sont toujours des utopies, et toute utopie, si elle a les moyens de sa réalisation, finit par verser dans le totalitarisme."

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11 commentaires

  1. Et François nous déclare que les jeunes ont besoin d’utopie, alors qu’ils ont besoin de la vérité du salut, de NSJC.
    [Il s’agissait d’un discours improvisé, dans lequel il a sans doute cru pouvoir remplacer “rêve” par “utopie” (qu’il a associée à la nécessité de mémoire et de discernement, ce qui montre bien qu'”utopie” n’est pas le terme adéquat.)
    L.T.]

  2. On peut se rappeler ce que signifie le mot nazi : national-socialisme. Il y a bien le mot socialisme dedans….

  3. Vous dites “Il y a dans le nazisme de nombreux éléments que l’on retrouve avec effroi dans la politique contemporaine”. C’est vrai, mais malheureusement cela va beaucoup plus loin ! Hitler n’est pas l’homme du nazisme. Le nazisme date de la fin du 19° siècle (et même bien avant) et il s’est installé grâce à l’action des sociétés secrètes et la résurgence du paganisme allemand (Illuminés de Bavière, Ste Vehme, l’Ordre des Germains créé en 1912, la Thulé-Gesellschaft fondée en 1918). Aujourd’hui, la situation est quasi identique : nous pensons sincèrement que nous votons démocratiquement pour élire des hommes qui respecteront la démocratie. Mais faux. Nous sommes manipulés et ceux qui tirent les rênes du pouvoir sont les sociétés secrètes accompagnées de leurs think tanks et de leurs lobbys. Leur but n’est plus l’homme idéal, mais tout simplement le pouvoir sur ce qu’ils nomment le bétail humain. Bétail humain qui, bientôt, ne sera plus autant nécessaire avec le développement du transhumanisme et de la robotisation. Alors, il faudra réduire ce bétail (ils l’ont d”ailleurs gravé dans le granite). La prise de pouvoir est identique, il ne manque plus qu’une catastrophe et l’homme providentiel, l’homme médiumnique (comme le fut Hitler) pour galvaniser les foules apathiques. Et l’horreur sera au bout !

  4. … est d’établir une société idéale dans laquelle tout le monde sera heureux en réécrivant l’histoire et en enclenchant un mécanisme de progrès …
    … ils ont éliminé les enfants malformés ou handicapés en les euthanasiant …

    Ôtez-moi d’un doute, n’est-ce pas ce que nous faisons actuellement (vous le signalez par ailleurs) et ce qu’a fait la Suède jusque dans les années 70 ? !
    La dernière phrase de l’article est tout à fait appropriée à la société qui nous est préparée, et même mise en action. Qu’avons-nous fait de si impardonnable pour être laissés sur les bas-côtés par notre seigneur ?
    Combien de temps nous laissera-t-il dans un tel bourbier ?
    Est-ce une tentation de plus ?

  5. Sommes-nous aussi obligés de pratiquer la “reductio ad Hitlerum” pour montrer que nous sommes des gentils ?
    [Le “reductio ad Hiltlerum” signifie que le débatteur, à court d’arguments, en vient à traiter son adversaire de nazi. Ici, l’interviewé ne manque pas d’arguments ! Il s’agit de comparer un projet de société qui a bel et bien commencé à être mis en place dans l’Allemagne nazie, et ce qui se passe aujourd’hui. Cela s’appelle tirer les leçons du passé.
    L.T.]

  6. La véritable source du nazisme remonte à 1793, quand les Conventionnels parlaient de régénérer la race supérieure à leur idéologie. Carrier disait : “Nous ferons un cimetière de la France si on ne régénère pas cette race maudite des Brigands de la Vendée !”
    Je vous rappelle que les camps de concentration existaient en France, puisque l’Entrepôt des Cafés, à Nantes, entassait pêle-mêle, “la race des Brigands” avant leur extermination. Et cet Entrepôt des Cafés annonçait Auschwitz-Birkenau (ou un membre de ma famille y a laissé la vie), Dachau, Ravensbrück, etc… avec toute l’horreur que l’on connaît.

  7. Oui, du reste notre gouvernement soutient les néo-nazis qui ont pris le pouvoir à Kiev. Tout celà hélas me semble parfaitement cohérent!

  8. Il y a autre point de similitude entre l’immoralisme du national-socialisme et celui du mondial-socialisme actuel: L’incitation précoce à une sexualité prétendument “libérée”, en dehors du mariage et de la famille naturelle.
    Hitler voulait beaucoup de chair à canon, mais les mâles faisaient défaut vu les saignées de 1914-18… il fallait donc que toutes les Allemandes deviennent mères “d’une façon ou d’une autre”, et qu’elles prennent cette habitude le plus tôt possible.
    Une des dictées souvent proposées aux fillettes s’intitulait : “Le mariage biologique”. on y disait : “Nous pouvons toutes, aujourd’hui ou demain, nous abandonner à l’expérience riche en émotion spirituelle qui consiste à procréer en compagnie d’un homme jeune et sain, sans nous soucier des entraves dont s’encombre la désuète institution du mariage.”
    Avant chaque rassemblement mixte, les cheftaines du “Bund Deutsche Madchen” (Union de la jeunesse féminine allemande) rappelaient aux adolescentes: “Vous ne pourrez pas toutes trouver un mari mais vous pourrez toutes devenir mères.”
    Pour l’anniversaire de la fondation du parti national-socialiste, cent mille jeunes furent “mixés” à Nuremberg en 1936, près d’un millier de toutes jeunes filles se retrouvèrent enceintes!
    Certaines familles s’en inquiétèrent et une lettre anonyme visant Goebbels circula; on pouvait y lire : “Le nombre des délits sexuels dans les camps de jeunesse est incalculable. Pendant les rassemblements de la Hitlerjugend et du Bund Deutsche Mâdchen, des fillettes de seize et même de quatorze ans ont été ruinées moralement et physiquement…”
    Mais la propagande – et les “travaux pratiques” – hitlériens continuèrent à infléchir les esprits et, dès la fin de la puberté, les filles et garçons allemands considéraient les relations sexuelles comme un exercice sportif ne posant pas de problème. Tout à fait comme maintenant ! Le Journal des Médecins allemands, dans un article de 1936, estimait que le pourcentage des rapports pré-conjugaux atteignait 90% à Munich. Quelle modernité !
    (Extraits de http://www.histoire-en-questions.fr/)
    Épilogue : Trois quart de siècles plus tard, ce “mariage biologique”, ce fer mis au feu par le démon, ayant foiré avec le nazisme, c’est l’autre fer qui à réussi : “Le NON-mariage NON-biologique” c-à-d. : (contraception, avortement, concubinage, mariage homo, genders, parentalité homo, GPA etc.)
    Lorsque la sexualité est instrumentalisée soit comme structure “industrielle” multipliant les valets d’un État totalitaire, soit comme drogue hédoniste destinée à déconstruire la famille et la société par une volonté subversive, non moins totalitaire, dans les deux cas, la sexualité est totalement déshumanisée.

  9. Je confirme cette analyse.
    Ce gouvernement est authentiquement fasciste mêlé de nazisme.
    Ce n’est ni du fascisme pur ni du nazisme pur mais une sorte de mélange des deux.
    il faudrait appeler cela le faszisme.
    A la race aryenne on substitue la race sans sexe.
    On utilise les mêmes principes euthanasie, avortement et procréation manipulée.
    On trie les embryons selon leur sexe ou leurs anomalies.
    Les milices fascistes pures et dures s’appellent ‘antifa”.
    La gestapo est partout sur le net comme dans les manifestations.
    La liberté de parole et de penser est pratiquement annihilée.
    La jeunesse est éduquée de force façon jeunesses hitlériennes.
    etc.
    Le plus atterrant c’est le nombre de personnes qui ne le voient pas de manière claire !
    Et particulièrement tous les gauchistes qui braillent au fascisme pour un oui pour un non et qui se retrouvent sous un gouvernement fasciste sans même sembler s’en rendre compte !
    Et je ne parle pas de tous les ABRUTIS qui nous serinent depuis 50 ans “plus jamais ça” !

  10. “une partie de la droite ont pris acte que la loi était votée, et qu’il n’était plus possible de faire marche arrière en l’abrogeant.”
    Conclusion il faut abroger définitivement cette prétendue “droite” et élire des personnalités politiques qui, comme en Espagne, défendent la famille.

  11. L’intérêt de ce rapprochement entre les agissements actuels et la crise nazie des années 40 est de montrer le rôle insidieux du temps et de l’accoutumance à un “sens de l’histoire” contre lequel on ne peut plus lutter quand il est trop tard.
    En une sorte de catharsis, Hitler, comme Staline, ont accéléré et précipité jusqu’à l’horreur un schéma de dissolution de la société humaine… ce qui a, d’une certaine façon, permis de le stopper provisoirement.
    Tirant les leçons de l’Histoire, leurs successeurs font avencer un lent engrenage, à pas comptés, en positionnant régulièrement des “cliquets anti-retours”. Cette mécanique diabolique conduira plus sûrement aux mêmes résultats, car l’opposition des masses aura été ainsi anesthésiée.
    On peut faire ici in parallèle avec la fameuse parabole de Jean Raspail, “Le Camp des Saints”, montrant sur une période de temps caricaturalement raccourcie, le “passage à la limite” de la lente érosion de notre civilisation.
    Alain Finkielkraut, avec son “identité” malheureuse” démontre une prise de conscience d’une partie de la gauche à ce sujet, comme le fait Sylviane Agacinski sur le mariage gay, la GPA et la place de la femme dans la société.
    Ces intellectuels de gauche, c’est saisissant, connaissent le même sort que leurs semblables dans les régimes totalitaires communistes, nazis ou chinois : ils sont dénoncés et condamnés par leur ex-coreligionnaires, qui, eux poussés toujours avant dans le vide qui les aspirent, ne connaissent pas de limites à leurs invraisemblables délires.

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