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Le Front national semble s’engager dans une révolution progressiste, à rebours de son électorat potentiel

Nicolas Bay (FN) met en garde l'électorat, notamment celui du FN, contre François Fillon :

"Ce que propose Fillon c'est l'ultra-libéralisme. C'est un programme d'austérité qui va frapper les familles. Face à Marine Le Pen, le projet de François Fillon ne résistera pas à nos arguments. François Fillon a été de tous les gouvernements de droite depuis 25 ans, il est co-responsable des échecs de Nicolas Sarkozy. Bien souvent la droite parle comme le Front National en campagne électorale, puis gouverne comme la gauche"

Le FN a donc trouvé assez facilement des éléments de langage suite à l'émergence surprise de François Fillon. Le discours est désormais bien rôdé mais tiendra-t-il sur la longueur jusqu'en avril-mai 2017 ? Laurent Ozon, ancien conseiller de Marine Le Pen et membre du bureau politique du FN jusqu'en 2011, désormais secrétaire général des comités Jeanne auprès de Jean-Marie Le Pen ne le pense pas :

"Les médias tendance Open Society, vent debout contre Fillon, tentent de transformer le second tour de la primaire en premier tour de la présidentielle. Juppé est bien le candidat Soros-Merkel dans cette élection et Fillon fait du Theresa May dans le ton avec, en gros, les codes et options stratégiques traditionnelles de la diplomatie gaullienne. L’espace se restreint pour le FN.

Il lui reste trois axes offensifs : le social, l’Union européenne et l’immigration.

Sur le social, Mélenchon sera plus efficace et il n’est pas impossible qu’un Bayrou s’y mette aussi. Mais si le FN accentuait cette option, il pousserait vers Fillon une part de son électorat traditionnel dans le Grand Sud-Est.

Sur l’europhobie/germanophobie, le FN a une « légitimité » mais l’espace est restreint car Fillon fera sa campagne sur une réforme de l’Union européenne et un « souverainisme national et européen ».

Sur l’immigration, l’espace est le plus large mais contrevient à l’option stratégique privilégiée jusqu’ici (on lisse, on arrondit, on recentre). Il est donc probable que le FN fasse le choix d’un retour à ses fondamentaux.

Après avoir raté l’élargissement à droite en refusant de rendre son discours sur l’Union européenne plus constructif, en ignorant les aspirations conservatrices d’un électorat déboussolé par la stratégie de déréglementation sociétale de la gauche (GPA, mariage gay, théorie du genre, etc.) qui aspire à une « révolution du bon sens » et en refusant de privilégier une ligne économique plus entrepreneuriale, le FN devra se replier en bon ordre sur la ligne anti-immigration et le « pourquoi-n’ont-ils-pas-fait-hier » pour éviter une catastrophe.

Contrairement à ce que j’ai lu un peu partout, les ressorts du vote Trump (conservatisme sociétal, ligne anti-immigration dure, relocalisation des emplois, colère/franchise, pragmatisme économique, anti-État et diabolisation des élites libérales et financières) ne sont pas les options privilégiées par Marine Le Pen. Même si le cadre français est spécifique, la transposition du succès Trump avec une candidate recentrée, rusant avec les codes de la gauche et de la droite, laïciste et progressiste, étatiste, républicaine et ayant mis un large bémol sur l’immigration et les questions sociétales n’est pas crédible.

Hier, les jeunes amis de Florian Philippot chantaient l’Internationale à Science Po. Aujourd’hui, le vice-président et chargé de la stratégie du FN juge « efficaces » les affiches anti-SIDA et surtout pro-homosexualité qui choquent partout. Alors qu’une véritable révolution conservatrice bouleverse l’ensemble du monde occidental, le Front national semble, lui, s’engager dans une révolution progressiste, à rebours de son électorat potentiel et des Français.

Alors ? C’est simple, la ligne Philippot/Marine Le Pen n’est pas la bonne, comme de nombreux « compagnons de route » l’avaient évaluée, et il fallait être aveugle, borné ou suicidaire pour ne pas l’anticiper. Si les choses se poursuivent ainsi, et que Fillon évite les faux pas, les législatives (dans la foulée de la présidentielle) risquent d’envoyer une marée bleue à l’Assemblée nationale et le FN, la gauche et le centre se partageront le tiers ou, au pire, le quart des sièges restants. Beaucoup espéraient mieux."

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2 commentaires

  1. J’ai peur que les Français ne finissent par apprendre les bases de l’économie à la manière dure : relèvement sensible des taux d’intérêt directeurs et donc augmentation sensible de la charge de la dette, incapacité à diminuer les taux de prélèvements obligatoires (autour de 56%, le plus élevé des pays du G20)suite à des grèves du secteur public et à l’augmentation de la charge de la dette, inquiétude du côté des prêteurs et crise financière et économique. A ce moment là ce n’est pas la critique du libéralisme, l’Etat intelligent et la défense des fonctionnaires de Philippot et compagnie qui apparaîtront comme la solution pour sortir la France de l’ornière. Je n’ai pas forcément raison, c’est un avis, on peut être plus optimiste comme F. Hollande qui voit tout s’arranger..

  2. C’est simple : si le FN continue ainsi, il sera siphonné comme en 2007. Cette fois-ci par Fillon, apparemment droitier (mais en politique, n’existe que ce qui parait)
    Le FN part de 27% (voire 29% dans les sondages mais on donnait 33% à Marine Le Pen il y a 2 ans.. la baisse a déjà commencé !)
    “Siphonné” par Fillon, disons que Marine Le Pen peut faire 18 / 20 à la présidentielle mais elle arrivera 3ème, donc une très grande déception dans son camp (la gauche va évidemment se rassembler et voter utile et donc être qualifiée)
    ce qui donne pour le FN environ 15% aux législatives (il y a toujours une perte d’environ 25% voire plus, en pourcentage)
    Donc combien de députés pour le FN ? moins de 5 en tout cas (2007 : 13,6% : 2 députés)
    Avec 5 députés il ne pèsera rien du tout à l’Assemblée entre 2017 et 2022 ! un spectateur …
    Uniquement par la faute de MLP et du funeste Philippot !

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