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Liberté d'expression

Ne pas tout attendre de l’Etat

Ne pas tout attendre de l’Etat

Sur LCI, Julie Graziani a provoqué une polémique, après qu’Emmanuel Macron a été pris à parti par deux femmes au sujet de leurs difficultés financières :

«  je ne connais pas le parcours de cette dame mais a-t-elle fait de bonnes études ? (…) et puis au smic, il ne faut peut-être pas divorcer dans ces cas-là ».

Sur L’Incorrect, qui a cessé toute collaboration avec elle (lire ici), Julie Graziani explique :

La formule était provocatrice et blessante pour les intéressées. Je le reconnais et je présente mes excuses à ceux qui l’ont ressenti comme tel. Mon propos n’était pas de dire qu’une mère de famille en situation de précarité n’avait pas à divorcer. Je sais très bien que les aléas de la vie nous mettent dans des situations inextricables que nous n’avons pas choisies et je ne veux pas accabler les gens qui pâtissent de ces difficultés. Je sais aussi que certaines personnes partent avec de tels handicaps dans la vie qu’il est difficile de les responsabiliser autant que des personnes ayant reçu une éducation supérieure et ayant fait de bonnes études.

Cependant, mon propos était d’en appeler avant tout à la responsabilité personnelle au nom de la dignité de chacun. Car même dans des situations difficiles, nous restons responsables des actes que nous choisissons et nous ne pouvons indéfiniment nous retourner vers l’État pour résoudre nos problèmes personnels ou pour nous victimiser.

Je ne pense pas non plus qu’il faille laisser chacun à son sort, en tuant toute forme de solidarité. En revanche, la solidarité devrait avant tout passer par la famille et les corps intermédiaires (tissu associatif local, solidarité de proximité, églises, œuvres de bienfaisance, etc.). C’est parce que l’Etat providence a détruit ces corps intermédiaires que l’individu s’est retrouvé atomisé, seul en face de l’État, qui, de décennies en décennies, a voulu combler ce vide en s’immisçant de plus en plus dans notre vie privée. Privés de ce soutien naturel, trop de gens n’ont d’autre choix que de s’adresser à l’État pour résoudre des problèmes issus de leur vie personnelle et dans lesquels ils ont, de fait, une part de responsabilité. La faute en revient d’abord à la disparition de toutes les formes de solidarité naturelle qui aidaient auparavant les gens au quotidien, celle du temps où nos anciens s’occupaient des enfants, bien avant le business des crèches et des Ephad. C’est cette forme de solidarité que je veux restaurer, l’État devant à mon sens tenir un rôle subsidiaire de filet de sécurité. Tel est le sens de mon propos.

Interrogée par Valeurs Actuelles, elle se désole de cette polémique, et ajoute :

Je me suis laissée submerger par l’émotion de mes souvenirs d’enfance. J’ai vécu cette situation, oui, avec ma mère. J’ai été emportée par l’émotion. À l’époque, nous vivions à cinq dans un 35m², ma mère a dû emprunter de l’argent çà et là, à de la famille et à des amis. C’était compliqué pour ma mère ; elle a fait le choix de ne pas divorcer pour ne pas nous mettre dans la précarité. Elle a traversé cette épreuve et je lui en suis reconnaissante. Je regrette d’avoir donné de moi une image dure. Si j’ai pu l’être, c’est que je suis consciente qu’il y a d’autres façons de s’en sortir. Ça commence par analyser froidement sa situation avec force de caractère, en se disant ”oui, j’ai aussi ma part de responsabilité, je dois réfléchir à la façon dont je l’assume, à la manière de m’en sortir par moi-même.”

Effectivement, il est nécessaire de dénoncer le jacobinisme étatique, qui tue la responsabilité personnelle, asphyxie la famille, pressure les entrepreneurs, annihile les corps intermédiaires et laisse ainsi les personnes isolées, n’ayant pour résoudre leur problème que le seul recours à l’Etat-nounou, alors qu’il faudrait reconstruire ces fameux corps intermédiaires.

L’État providence a habitué les gens au fait qu’il allait soulager leurs maux, soigner leurs blessures, améliorer leur situation financière. La triste réalité est tout autre : l’État ne peut faire de cas par cas, cette citoyenne peut tancer Emmanuel Macron, il ne fera rien. Elle doit s’en sortir par elle-même. Notre conversation portait par la suite sur la hausse du pouvoir d’achat sous l’impulsion du gouvernement. C’est pourtant dans ce contexte que le président de la République a été abordé. La solidarité est bienvenue et nécessaire, mais il faut commencer par s’aider soi-même. Alors certes, ce n’est pas facile à entendre, mais la compassion théâtrale n’apporte rien de mieux.

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2 commentaires

  1. L’Incorrect vire Julie, eh bien je vire l’Incorrect en ne me réabonnant pas. Triste sire, triste fin !

    Vive la liberté d’expression et d’opinion, vive le débat, vive la provocation et les propos polémistes, vive Julie,
    A bas la censure et le politiquement correct !

  2. une “dame qui écrit dans “l’incorrect” et se fait virer pour “incorrection”, c’est y pas beau le “progressisme” !

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