Le ministre des droits des femmes, la soeur de l’émir et la bulle de l’art contemporain

Si, il y a un rapport. Démontration en trois points :

• L'art sous la coupe des spéculateurs

La crise ? Finie. Le marché de l'art contemporain a progressé de 15% en 2012-2013, dépassant le milliard d'euros. Un record his-to-ri-que. Les spécialistes se congratulent depuis deux jours, parlent de "marché arrivé à maturité" et de "crédit de confiance".

Oubliée, la bulle de 2007-2008. Sans effet, le reportage du critique d'art Ben Lewis, montrant en 2009 comment "artistes", galeristes, marchands et maisons de vente s'entendent pour maintenir les cotes au plus haut. Inutiles, ces quelques initiés qui ont osé témoigner dans la presse :

"Le milieu de l’art est livré à un quarteron de docteurs Madoff qui,
n’ayant aucune confiance dans leur marchandise, vendent à tour de bras,
faisant passer de mains russes en poches émiraties des stocks d’œuvres
qu’ils garderaient s’ils étaient sûrs de leur valeur. On assiste à un
sauve-qui-peut, chacun cherche à se débarrasser de ce qu’il faut bien
appeler des produits financiers toxiques, sans se demander ce qu’il en
adviendra."

• L'exposition très "pro-vie" de Damian Hirst au Qatar

Puisqu'on parle de poches émiraties :

"Le Qatar ne fait jamais rien comme les autres. Depuis lundi, les
visiteurs du puissant émirat peuvent voir une surprenante installation
de sculptures géantes signées Damian Hirst, le plus extravagant (et le
plus cher) des artistes britanniques : quatorze visions de la croissance
du fœtus, de la fécondation à la naissance. (…) [Elle] aurait coûté la
bagatelle de 20 millions de dollars (15 millions d’euros)."

L'art contemporain ne mettant plus en avant la beauté de l'oeuvre, mais le concept qui l'a inspirée, on ne s'étendra pas sur la première. Le concept, donc. On ne sait si Damian Hirst, qui nous avait plutôt habitués à exposer des animaux découpés dans du formol, a cette fois été touché par la grâce, en menant une sorte de campagne pro-vie. Ou si ce sont les millions de la mécène-soeur-de-l'émir qui l'ont convaincu. 

• Une suggestion à l'attention de Najat Vallaud-Belkacem

La mécène-soeur-de-l'émir, au moins, ne croit pas que les femmes sont ovipares. Parce que s'agissant de notre ministre-des-droits-des-femmes, le doute est permis. Le site Internet que Najat Vallaud-Belkacem a lancé le mois dernier pour désinformer sur l'avortement ne connaît pas les termes "bébé", "foetus", ni même "embryon". L'IVG, c'est l'expulsion "d'un oeuf". On comprend mieux pourquoi le site ne présente aucune illustration. On suggèrera celles de l'exposition de Damian Hirst : l'art contemporain, n'est-ce pas l'art de la provocation ?