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Mgr Ginoux : “Rien que le fait de les voir passer leur dimanche sous la pluie doit nous interroger”

Mgr Ginoux : “Rien que le fait de les voir passer leur dimanche sous la pluie doit nous interroger”

Famille Chrétienne consacre un article à Mgr Ginoux qui a enfilé un gilet jaune le week-end dernier :

Mgr Bernard Ginoux, évêque de Montauban, est allé apporter du réconfort aux Gilets jaunes qu’il soutient, dimanche 9 décembre. Récit.

– « Vous nous apportez de l’eau bénite ? »

– « Ah non, ça c’est de la prune que je vous ramène pour réchauffer les cœurs. »

– « Que Dieu vous bénisse, Monseigneur. Allez vous garer là. »

Sur un rond-point de la périphérie de Montauban, le ton est donné. À peine a-t-il fini d’enfiler le gilet jaune qui reposait bien en évidence sous le pare-brise de sa voiture, que Mgr Ginoux, évêque du lieu, s’avance vers la dizaine de Gilets jaunes groupés autour d’un feu de palettes. L’arrivée d’un homme d’Église sur les lieux ne provoque pas d’émoi particulier. Des sourires et quelques applaudissements l’accueillent. D’autres n’y accordent guère d’attention et continuent de faire la circulation (…)

« Grâce à Macron, on a fondé une grande famille », raconte Josy, la cinquantaine, qui se réchauffe autour du feu de palettes. Elle travaille à la mairie de Montauban. « Mais dès que je peux, je viens ! », poursuit cette femme qui passera Noël ici, avec ses amis chômeurs, retraités, invalides et travailleurs pauvres. « C’est un cri du cœur que vous poussez là », lance Mgr Ginoux avec son léger accent provençal. Il est vite repris par un homme. « C’est un cri de l’assiette ! On n’arrive plus à vivre et c’est pour cela qu’on est là. » À quelques mètres de lui se trouve Stéphane, 46 ans. Accidenté en 2008, il touche 380 euros par mois de pension d’invalidité. Avec son épouse infirmière, il élève un petit garçon de trois ans et demi. « Pour augmenter ma pension, on m’a conseillé de divorcer ! Mais j’ai refusé. Je trouvais inconcevable qu’on me pousse à divorcer pour finir mes fins de mois ! » s’indigne ce père de famille qui se dit « hors-circuit » aux yeux de la société. Que l’évêque vienne les voir ? « Oui, ça fait plaisir. Même si je sais que certains penseront qu’il vient remplir les caisses de l’Église avec l’argent des pauvres. » Mais pour cet homme qui a été marié par le vicaire général – qui a également baptisé son fils -, la présence de l’Église sur ce rond-point est un « réconfort ».

« Habituellement, sur le bord de la route, on porte un gilet jaune quand on est en détresse. Là, c’est la même chose : ils sont en détresse », confie en aparté Mgr Ginoux. « Rien que le fait de les voir passer leur dimanche sous la pluie doit nous interroger ! L’Église doit aller les voir, les écouter. Certains me diront que je suis manipulé, que ce sont des extrêmes. Mais qu’ils aillent voir cette misère ! Elle en dit plus que toutes les analyses intellectuelles sur ce mouvement », se défend l’évêque qui a pris la plume le 7 décembre pour exprimer sa proximité avec ceux qui souffrent et demandent justice. Un texte remarqué et très partagé sur les réseaux sociaux, qu’il n’hésite pas à distribuer directement aux Gilets jaunes. « Bien souvent, ces pauvres gens ont été baptisés. Et il est très probable qu’ils soient enterrés à l’Église. Mais entre les deux ? Si nous n’allons pas les consoler quand ils expriment leur souffrance, à quel moment irons-nous ? » La déconnexion entre les élites et le peuple dénoncée par les Gilets jaunes toucherait-elle aussi l’Église ? « Il y a un siècle, la grande majorité des Gilets jaunes serait allée à la messe aujourd’hui. L’Église a raté quelque chose », déplore l’évêque.

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3 commentaires

  1. ” « Il y a un siècle, la grande majorité des Gilets jaunes serait allée à la messe aujourd’hui. L’Église a raté quelque chose », déplore l’évêque.” (sic)

    C’est Vatican II qui les a foutu dehors Monseigneur !
    Ils ont quitté l’Église sans rien dire comme on quitte un mauvais restaurant… Personne ne dit rien mais un beau jour le restaurant ferme faute de clients.
    Lorsqu’ils tentent de revenir ils voient que ce sont toujours quelques enragés qui font la loi (la foire ?) et ils repartent écœurés sans rien dire… Ils vivent dans la souffrance et surtout dans l’omerta, l’Église étant devenu pour eux un sujet tabou…

    J’ai fait la démonstration éclatante qu’ils sont de loin l’écrasante majorité et que l’on peut les faire revenir par centaines à la messe du moment qu’on leur propose une célébration sans la moindre trace de Vatican II…
    Trois évêques se sont alors coalisés pour les faire repartir AFIN D’EFFACER MA DÉMONSTRATION TROP VOYANTE.

    Alors Monseigneur L’Église n’a rien raté du tout ! Elle a mis dehors les fidèles et fait tout pour les empêcher de revenir !

    Si vous êtes vraiment sincère, je vous rencontre quand vous voulez pour multiplier par 4 (au moins) les catholiques pratiquants au sein de votre diocèse. CHICHE !

  2. “La déconnexion entre les élites et le peuple dénoncée par les Gilets jaunes toucherait-elle aussi l’Église ? « Il y a un siècle, la grande majorité des Gilets jaunes serait allée à la messe aujourd’hui. L’Église a raté quelque chose », déplore l’évêque”
    Effectivement, ce sont des questions qu’il est plus que temps de se poser avant que le catholicisme n’ai complètement disparu des zones rurales de la “France périphérique”… Pastorale complètement déficiente, liturgie misérable et misérabiliste, aplanissement et perte de sens… Mais aussi disparition des élites locales concomitamment à la vie et la civilisation villageoise…

  3. Monseigneur GINOUX a écrit à ses fidèles du diocèse de Montauban une très belle lettre de soutien aux gilets jaunes, que le Salon Beige a fort opportunément publiée.
    Elle est aussi consultable sur le site diocésain.
    Elle est emplie de l’esprit évangélique.
    J’estime par contre qu’aller les voir sur le terrain et surtout enfiler leur uniforme sortait de son rôle d’évêque. Cela est d’autant plus vrai après que le mouvement a quelque peu dérapé : revendications radicales et insensées, pillages, voitures brûlées, dégradations diverses etc…
    A vouloir trop bien faire on en fait trop et on s’égare. Cela amoindrit sa lettre. Dommage!

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