Partager cet article

Démographie / France : Politique en France / France : Société

Mgr de Germay : “Réenchantez l’avenir, faites des enfants !”

Mgr de Germay, évêque d'Ajaccio, dans son éditorial de janvier indique que ce ne sont pas tant les immigrés qui mettent en péril la Corse que sa trop faible natalité :

"« Noël est passé et la plupart de nos concitoyens, croyants ou pas, se sont laissés touchés par le mystère – la magie diront certains – de la crèche de Bethléem. Curieux paradoxe d’une société qui se laisse émouvoir par la naissance d’un enfant mais qui est en blues de natalité. Si le taux de fécondité par femme avoisine les 2 pour la France, il est descendu en Corse en-dessous des 1,6 c’est-à-dire bien loin du minimum pour assurer le renouvellement des générations.

Lors de la campagne électorale pour les régionales, de nombreuses propositions – certaines tout à fait pertinentes – ont été faites pour améliorer la situation sociale et économique de l’Ile. Mais, curieusement, pratiquement aucune n’envisage une politique familiale audacieuse qui permettrait d’encourager la natalité.

Comment ne pas voir pourtant qu’une société qui n’assure pas le renouvellement de sa population se prépare un avenir bien sombre ? Beaucoup ont exprimé des peurs vis-à-vis de l’éventuelle arrivée de migrants, craignant que les corses ne finissent par disparaitre. N’est-ce pas plutôt la faible natalité en Corse qui met en péril l’avenir de sa population ?

Certains jeunes couples me disent ne pas vouloir plus de deux enfants parce que « ça coûte cher » et que l’avenir leur semble trop incertain. Il faut bien évidemment entendre cette crainte, et surtout soutenir les familles nombreuses, mais il faut aussi bien voir le côté irrationnel d’un tel choix. Car l’avenir sera d’autant plus incertain que la population continuera de vieillir. Qui prendra en charge les retraites et la couverture sociale des personnes âgées si les jeunes actifs ne sont plus assez nombreux ?

Ceci dit, la transmission de la vie ne peut être le résultat d’un seul calcul économique. Croyons-nous sérieusement que le bonheur d’un enfant est lié au fait qu’il pourra avoir une chambre à lui tout seul et jouir de toute la panoplie des gadgets présentés comme indispensables par le dieu consommation ?

Sans dramatiser les situations différentes – je pense en particulier aux femmes élevant seules un enfant et qu’il faut aussi soutenir – il faut bien convenir que le plus important pour un enfant est de pouvoir compter sur des parents qui s’aiment et de faire l’expérience d’une fratrie au sein de laquelle il s’initie à la vie en société.

Au-delà de ces réalités, l’ouverture à la vie touche à des choses plus fondamentales qui se révèlent au fur et à mesure de notre progression spirituelle. La marche à la suite du Christ nous dévoile en effet le sens profond de notre existence ; notre vie nous a été donnée et elle ne peut trouver son accomplissement que dans le don désintéressé d’elle-même : « qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera » (Lc 9,24). Le basculement auquel nous sommes invités consiste à passer d’une vie conçue comme quelque chose qui nous appartient et que l’on préserve, à une vie qui donne et qui se donne. De ce point de vue, la vie consacrée et le mariage répondent à la même logique, il s’agit de donner sa vie, et ce don est source de fécondité.

Le repli sur soi est beaucoup plus risqué que le don de soi enraciné en Dieu

La maitrise par la science de la fécondité humaine a certes permis certains progrès, mais elle a surtout insidieusement laissé croire que l’enfant n’était que le résultat – on pourrait dire la production – d’un désir d’adulte parfaitement maitrisé. A ainsi disparu la « démaîtrise » inhérente à l’amour qui ouvre un espace à la générosité du don et permet de comprendre que le repli sur soi est beaucoup plus risqué que le don de soi enraciné en Dieu. Bref, pour dire les choses plus simplement et si vous me permettez cette exhortation toute fraternelle : réenchantez l’avenir, faites des enfants ! »"

Partager cet article

11 commentaires

  1. Remarquable ! Que l’on vous entende, Monseigneur, en Corse et bien au-delà !

  2. Bravo

  3. Bravo et merci!

  4. Et collez Simone weil en taule.
    Environ 9 millions d’assassinats en France.
    Honte à l’académie qui l’a reçue.

  5. Tiens , redécouvrions-nous enfin les belles valeurs chrétiennes ? En attendant , c est bon à entendre ! Merci Mon Seigneur !

  6. Oui les enfants c’est l’avenir c’est la joie c’est l’espérance !!
    Merci monseigneur pour ce rappel tonique !

  7. Tres beau mais…. il faut dans ces cas là de vrais mesures pour favoriser les familles!
    Je suis enceinte de mon deuxième. Jeune couple en région parisienne, nous travaillons tous les deux et venons de nous endetter sur 20 ans pour un petit appartement en banlieue. Très banal comme schéma. Nous gagnons raisonnablement notre vie, mais bon, pas de quoi partir en vacances non plus à toutes les vacances. Eh bien, entre les transports, le boulot, la crèche qui ferme à 18h15, les maladies du petit, le rythme est déjà infernal. Nous angoissons déjà pour les journées minutées qu’il faudra enchaîner lorsque le deuxième sera là.
    Je travaille, c’est un choix qui me va très bien, mais de toute manière la question ne se pose pas: nous avons besoin de deux salaires.Acheter un appartement c’est un choix aussi me direz vous mais pour nous il s’inscrit dans notre projet de couple et de parents responsable. Le déménagement en province n’est pour le moment pas envisageable, je n’ai pas de famille sur place qui peut me garder mon fils.
    j’ai la chance d’avoir un mari qui gère le matin, et moi je gère le soir. (et qui peut partir en catastrophe du boulots lorsque, coincée dans le RER, je ne peux pas être à l’heure à la crèche)
    Ce que je veux dire c’est que: nous ne sommes pas à plaindre. Et pourtant, nous galérons déjà avec un enfant. Nous angoissons de passer à deux (pour autant nous sommes très très très heureux de cette petite vie qui grandi en moi et qui était très désirée!) alors 3 enfants, c’est de l’ordre de la chimère. Et ce n’est pas faute d’être prêts à faire des sacrifices.

  8. Enfin, après 40 ans de loi Veil/Giscard, un évêque ose voir clair sur le matérialisme étriqué maltusien et le dit ! Merci d’une grand-mère !

  9. tous mes encouragements à Piline. Nous connaissons la même situation laquelle n’est pas sans stress. Je vous souhaite tous les soutiens possibles.

  10. Merci Laurent :)
    On peut faire des efforts budgétaires pour accueillir plus d’enfants, mais une journée n’aura toujours que 24h….

  11. @Piline
    La solution à vos problèmes et angoisses est justement rappelées par Monseigneur : c’est la CONFIANCE EN DIEU ET EN SA PROVIDENCE et notre générosité à y répondre.
    Notre famille a eu 10 enfants, avec un seul salaire et en région parisienne, en pensant à chaque naissance qui approchait que la providence veillait sur notre famille et sur nos enfants. Certes ils faut essayer de s’organiser mais le principal est bien de dire chaque jour : nos enfants sont notre priorité et nous avons confiance en Dieu.
    Jésus-Christ nous parle vraiment quand il nous dit depuis 2000 ans : “ne dites pas que vais-je manger ce soir, comment vais-je m’habiller…”
    soyons d’abord des êtres spirituels avant d’être matériels.
    Alors MERCI Monseigneur, bon courage à Piline et belle Vie à sa famille !

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services