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Macron n’a fait qu’aligner la gauche française à la social-démocratie européenne

Macron n’a fait qu’aligner la gauche française à la social-démocratie européenne

De Benoît Dumoulin dans L’Incorrect :

Le scrutin du 26 mai est un véritable séisme. Pour la première fois, les deux formations politiques qui structuraient le Parlement européen depuis 1979, le PPE et les sociaux-démocrates, perdent la majorité absolue des sièges et devront composer avec les Verts et les Libéraux pour former une coalition. Les premiers, forts de leurs succès en France et en Allemagne, gagnent 20 sièges, et les seconds, au sein desquels siègeront les députés LREM, en enregistrent 30 de plus. Si bien que l’un et l’autre seront très convoités pour former une majorité et pourront se montrer exigeants. On se dirige donc vers une coalition à l’allemande regroupant tous les partis favorables à l’approfondissement de la construction européenne. […]

C’est au niveau français que le scrutin a révélé des surprises lourdes de conséquences. D’abord, l’élection confirme l’effacement des anciens partis de gouvernement qui totalisent moins de 15% des voix, au profit du duel Macron-Le Pen, qui est l’assurance vie de la réélection d’Emmanuel Macron en 2022. Celui-ci avait tué le PS en 2017, il a poursuivi son œuvre de recomposition de la vie politique en tuant LR.

Contrairement à ce que l’on peut lire, ce n’est peut-être la fin du clivage droite / gauche autour duquel s’était structurée notre vie politique, mais simplement son évolution. En effet, Macron n’a fait qu’aligner la gauche française, encore archaïque et rivée aux 35 heures, à la social-démocratie européenne. Macron a fait en 2017 ce que Blair ou Schröder ont fait dans les années 2000 : un parti libéral, progressiste et pro-européen. LREM n’est que le nouveau visage de cette gauche qui reste progressiste mais aime l’argent, d’abord parce qu’elle s’est enrichie au fil des années, les anciens révolutionnaires devenant des apparatchiks nantis, et ensuite parce qu’elle estime que le socialisme a échoué et qu’il est temps, pour elle, d’appliquer à la sphère de l’État les méthodes de gouvernance issues de l’entreprise.

En face, la droite dite de gouvernement, qui n’était pas encore morte en 2017, n’a jamais été capable de comprendre qu’il lui appartenait non seulement de recentrer son discours sur les thématiques identitaires – ce qu’elle a en partie fait – mais de nouer des alliances avec le RN, ce qu’elle n’a jamais voulu. Faute de clarification politique, elle se retrouve perdante sur les deux tableaux puisqu’une partie de son électorat a basculé chez Emmanuel Macron dont elle se sent plus proche, tandis que l’électorat conservateur et souverainiste, s’estimant trahi à chaque élection, ne peut lui accorder sa confiance, en dépit de la présence de François-Xavier Bellamy qui était une belle prise de guerre de Wauquiez mais n’a eu aucune influence sur la composition de la liste ni sur la stratégie de LR.

Cela confirme, s’il en était encore besoin, que l’UMP, véritable auberge espagnole, était une imposture voulue pour agréger des partis qui reposaient sur des rentes électorales sans éprouver le besoin de clarifier leur ligne politique. Cela a fonctionné jusqu’au moment où Macron a bouleversé le jeu politique. Le tort de Wauquiez, c’est de n’être pas allé jusqu’au bout de cette clarification et de n’en avoir pas tiré toutes les conséquences au niveau électoral en 2017. Maintenant, il se retrouve en position de faiblesse et replié sur une base électorale très réduite. […]

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4 commentaires

  1. Non, concernant LR, c’est bel et bien terminé, et même une alliance avec le RN n’aurai pas sauvé la droite libérale-conservatrice. Je conçois que ce soit difficile à admettre quand on appartient à ce courant politique, mais c’est pourtant la réalité, que pour ma part j’entrevoyais dès 2017. Ceci dit, je ne pensais pas que cette décomposition serai aussi rapide pour la droite, car ce qui a donné un sursis de deux ans à LR, c’est son implantation territoriale. Mais aujourd’hui ce n’est plus tenable : l’ambiguïté de leur ligne n’a fait qu’accélérer les choses, maintenant c’est LREM qui va rafler la mise pour l’essentiel des municipalités importantes, avec l’aide des représentants locaux centristes de l’ex droite classique, qui vont se rallier en masse. Faute d’implantation importante, le RN ne fera pas choux gras aux municipales, mais consolidera cependant son ancrage territorial dans les territoires les plus sinistrés économiquement, la “diagonale du vide” qui traverse la France du Nord-Est au sud-Ouest.
    La géographie électorale nouvelle est binaire mais solidement installée, et il n’y a pas de raison qu’elle bouge notablement quelque soit le niveau de scrutin et des enjeux. La gauche hors LREM ? Elle se partage pour l’essentiel entre les centre-ville et les banlieues périphériques immigrées, qui par ailleurs s’abstiennent massivement. Complètement atomisée, elle ne représente plus la moindre alternative possible, d’autant plus que les Verts sont Macron-compatibles.
    Pouvez-vous aussi relayer les analyses d’Alain de Benoist, dont une se trouve sur BV ?

  2. Duel gauche-droite?
    Vous plaisantez cher Michel.
    Duel gauche-gauche plutôt !

  3. Macron n’a rien tué il a juste crée l’UMPS rebaptisée LREM pour rassembler toute la gauche UMP et PS
    Une fraction de l’UMP n’a pas voulu suivre et se suicide toute seule sous l’étiquette LR alors que RIEN ne la sépare de LREM

    Seul le RN et quelques petits partis sont de droite c’est à dire ne relevant de l’idéologie gauchiste.

  4. umps est devenu officiellement larem

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