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France : Politique en France

L’UMP doit résoudre son problème idéologique

Dans Valeurs actuelles, Eric Branca montre que, au-delà des conflits de personnes, entre Alain Juppé, François Fillon et Jean-François Copé, l'UMP souffre d'une crise sur le plan idéologique :

"Qui ne voit, cependant, qu’au-delà des questions d’hommes, c’est sur la question des idées que la droite, et singulièrement l’UMP, va désormais jouer son avenir ? En créant l’Union pour un mouvement populaire, en 2002, Jacques Chirac n’avait fait que transposer juridiquement ce qui avait été sa politique comme “animal dominant” de la droite depuis 1981 : écarter toute confrontation d’idées avec ses partenaires afin d’obtenir d’eux qu’ils acceptent de se fondre dans une structure unitaire autour du plus petit dénominateur commun. […]

L’histoire politique des années 1980 aurait pourtant dû servir de leçon : oublié depuis 1965, Jean-Marie Le Pen a ressurgi pour la première fois dans le paysage quand, en 1983, la droite parlementaire s’est déchirée ouvertement sur l’immigration (« une chance pour la France » selon feu Bernard Stasi) et qu’aux élections européennes de l’année suivante, le RPR a formellement abandonné la doctrine de l’Europe des États pour se rallier à la supranationalité défendue par Simone Veil. En 1995, le retour de la droite à l’Élysée, incarnée par Chirac puis, à partir de 2007, par Sarkozy, n’aura donc rien résolu de la crise d’identité de celle-ci : tandis que le RPR puis l’UMP rivalisaient d’anathèmes avec le Front national, les socialistes commençaient, dès 1998, à prendre méthodiquement le contrôle des pouvoirs locaux. Ce serait chose faite en 2004 avec la conquête, confirmée en 2010, de 20 régions métropolitaines sur 22 et, aux cantonales de 2011, de 61 départements sur 101. D’où, en septembre suivant, la perte du Sénat par la droite, ce qui ne s’était jamais vu depuis la création de la Haute Assemblée par la Constitution de l’an III (1795) ! […]

Sous l’influence de conseillers conscients de cette révolte (Patrick Buisson et Henri Guaino, venus d’horizons politiques différents mais attachés à l’enracinement démocratique), le président sortant n’a pas ménagé sa peine pour réintroduire dans la campagne des thèmes qui “parlaient” à l’électorat de droite […]. Mais ce n’était guère là que la moitié du chemin. Car à tant faire de réintroduire des idées absentes du débat depuis trop longtemps, Nicolas Sarkozy n’aura finalement réussi qu’à souligner la distance entre ses paroles et ses actes. À quoi sert d’évoquer les “frontières” quand on a dit oui aux traités qui les démantelaient ? À quoi rime d’évoquer la croissance et l’emploi en Europe quand on a apposé sa signature au bas d’un traité (celui du 2 mars 2012, signé à l’initiative de l’Allemagne) transférant peu ou prou le contrôle budgétaire des États – apanage originel des Parlements – à des instances non élues, en l’espèce la Commission de Bruxelles et, pour les sanctions, la Cour de justice de Luxembourg ?

[…] Convaincre des électeurs, ce n’est pas seulement envoyer des signaux à des catégories bien ciblées, la veille d’une échéance cruciale : c’est incarner une politique inscrite dans les faits. C’est-à-dire, s’agissant du contrôle des flux migratoires et des mécanismes de décision internationaux, dans les traités que l’on signe et dans les ratifications qu’on consent.

Comme jamais depuis 1981, la droite se trouve donc confrontée à ce choix crucial : non plus seulement se “refonder”, […] mais savoir si oui ou non elle accepte d’être la droite. Bref, de défendre la nation contre ce qui la menace : les forces centrifuges communautaristes à l’intérieur ; et, à l’extérieur, la volonté de puissance d’instances non élues. […] Tant que la droite ne s’assumera comme telle qu’à la veille des élections, il est fort à craindre qu’elle suive le même chemin que les curés de gauche postconciliaires qui ne savaient plus où ils habitaient."

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5 commentaires

  1. L’UMP souffre surtout d’etre dirigée par des pharisiens .

  2. Cette analyse de la situation politique de la “Droite” est parfaitement exacte. Elle ne sait plus où elle “habite”.

  3. Au second tour, Hollande a obtenu 17,8 millions de voix et Sarkozy 16,6. On compte 2 millions de bulletins nuls, qu’il est raisonnable d’attribuer presque entièrement aux électeurs de Marine Le Pen.
    Comparons ces résultats à ceux du premier tour. Le total des droites (Sarkozy, M. Le Pen et Dupont Aignan) fait 17 millions. Le total des gauches (Hollande, E. Joly et les trois bolchevisants) fait 16 millions. Bayrou a obtenu 3,3 millions de voix.
    On constate donc qu’entre des deux tours, la gauche gagne 1,8 million, tandis que la droite en perd 0,4. Supposons trois hypothèses, qui ne sont sans doute pas tout à fait exactes :
    – Aucun transfert entre gauche et droite
    – Toutes les voix de Bayrou se reportent au second tour
    – Pas de mobilisation d’abstentionnistes au second tour, ni de refuge dans l’abstention de votants du premier.
    Les variations relevées pourraient correspondre aux mouvements suivants :
    Hollande reçoit 1,8 million en report de Bayrou (17,8 = 16 + 1,8). Sarkozy perd 1,9 million de votes blancs « mariniste », mais il reçoit les « restes » de Bayrou, soit 1,5 million (16,6 = 17 – 1,9 + 1,5). Autrement dit, malgré l’attitude de Bayrou entre les deux tours, le report centriste sur Sarkozy n’aurait pas mal fonctionné (environ 45 % des voix de Bayrou, quand 65 % vont vers Hollande), mais insuffisamment pour compenser l’évaporation mariniste (environ 30 %). Bayrou pesant deux fois moins que Marine Le Pen, on peut penser que Sarkozy, en « buissonnant » encore plus, aurait perdu moins de voix centristes qu’il n’en aurait gagné de nationales.

  4. Erratum : dans l’hypothèse supra, Hollande reçoit 55 % des voix de Bayrou (et non 65).

  5. Un ton – lucide sur l’UMP – qui change de la ligne de VA.

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