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Culture de mort : Avortement

L’objection de conscience des pharmaciens

C'est le thème du dernier dossier de l'Homme Nouveau. Extraits :

"Les quelques pharmaciens objecteurs qui ontrefusé de vendre des produits contraceptifs ou abortifs ont généralement fini devant les tribunaux avec une condamnation pour refus de vente. Dans certains cas, un recours a été déposé devant les différentes instances (appel, cassation). La chambre criminelle de la Cour de cassation a été ainsi saisie de la question en 1998 et elle s’est prononcée contre l’objection de conscience en expliquant que les raisons éthiques avancées pour ne pas commercialiser la pilule «ne peuvent constituer pour les pharmaciens auxquels est réservée la vente de médicaments un motif légitime». Cette interprétation a été confirmée par la Cour européenne des droits de l’homme dans un arrêt du 2 octobre 2001. […] La Cour rappelle que l’article 9 de la convention européenne des droits de l’homme protège avant tout

«le domaine des convictions personnelles et des croyances religieuses, c’est-à-dire celui que l’on appelle parfois le for intérieur. De plus, il protège les actes intimement liés à ces comportements, tels les actes de culte ou de dévotion qui sont des aspects de la pratique d’une religion ou d’une conviction sous une forme généralement reconnue. (…) Cependant, pour protéger ce domaine personnel, l’article 9 de la Convention ne garantit pas toujours le droit de se comporter dans le domaine public d’une manière dictée par cette conviction».

[…] Le refus de vente pourrait donc être assimilé à la manifestation extérieure d’une conviction intérieure, ce que le texte désigne par «pratiques». Mais l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme ne tranche pas dans ce sens. Le terme «pratiques»

«ne désigne pas n’importe quel acte ou comportement public motivé ou inspiré par une religion ou une conviction. La Cour relève que dans la présente affaire, les requérants, pharmaciens associés, ont argué de leurs croyances religieuses pour refuser de vendre, dans leur officine, la pilule contraceptive. Elle estime que, dès lors que la vente de ce produit est légale, intervient sur prescription médicale uniquement et obligatoirement dans les pharmacies, les requérants ne sauraient faire prévaloir et imposer à autrui leurs convictions religieuses pour justifier le refus de vente de ce produit, la manifestation desdites convictions pouvant s’exercer de multiples manières hors de la sphère professionnelle».

En clair, la Cour circonscrit donc la liberté de conscience au for intérieur. Quant au for externe, les droits de la conscience disparaissent et doivent s’effacer devant un pseudo-devoir d’état qui est celui du fonctionnaire dans le cadre de sa mission de service public liée au droit à la santé. Dit plus simplement, si vous pouvez considérer à titre privé l’usage de la pilule comme intrinsèquement mauvais, en tant que professionnel de la santé, vous devez trahir votre conscience et collaborer à cet acte mauvais.

Ironie de l’histoire, avec un tel raisonnement, la Cour consacre soixante ans plus tard le discours de défense des anciens dignitaires nazis qui, face au tribunal de Nuremberg, invoquaient cette double conscience qui les obligeait à trahir leur conscience en obéissant à un pseudo-devoir d’état associé à leur charge publique. Tous les hommes politiques catholiques ont été confrontés à cette forme de schizophrénie imposée. Si à titre privé, ils peuvent être contre l’avortement, en tant que ministres de la République ils doivent mettre de côté leurs convictions personnelles et agir en tant que représentants de l’État : il leur faut donc accepter le cadre relativiste qui méconnaît la loi naturelle et mettre en oeuvre les politiques qui vont de pair."

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13 commentaires

  1. Mentir, c’est moins grave: «Je regrette, madame, mademoiselle, je n’en ai plus, je suis en rupture de stock, j’ai des problèmes d’approvisionnement, je peux vous en commander, mais pas avant trois semaines.»

  2. La cour européenne des droits de l’homme a confirmé…”””
    Mais quelle abérration !!! c’est du machiavélisme à ce point !!! Raisonnement de la folie pure.

  3. S’il n’y avait pas de prescription de ces produits mortifères, nous n’en serions pas là !
    Donc la première responsabilité en revient aux lois des États, ensuite aux médecins qui prescrivent et signent les ordonnances.
    Ensuite et seulement aux pharmaciens qui délivrent ses produits de mort, cela ne les disculpe pas pour autant.
    Merci !
    JFL

  4. C’est le drame du péché collectif qui colle à la peau de tout un peuple qui, par dessus le marché, le paye de ses propres deniers! Il est plus difficile de quitter cet état mortifère qu’au Capitaine Haddock de se débarasser de son sparadrap.

  5. La CEDH est débordée: elle doit interdire les crucifix dans les écoles italiennes, bientôt les écoles chrétiennes italiennes tout court, autoriser les restaurants 100% halal, interdire le porc dans les cantines…Avec tout ça , on n’ pas forcément le temps de pondre des arrêts avec des justifications cohérentes. On voit bien que vous n’avez pas tout un continent à islamiser, vous!
    Alors pour faire “passer la pilule”, il faut bien que l’on pratique ici et là de la démagogie en direction des masses ivres de sensualité.

  6. L’objection de conscience ne doit pas concerner seulement nos amis pharmaciens: elle devrait concerner tout citoyen qui ne souhaite pas par ses impôts participer à toute industrie mortifère qu’il s’agisse de l’avortement , de l’euthanasie ou de je ne sais quelle recherche faite sur le “matériau humain”.
    Aux termes de la constitution qui prétend respecter la libre conscience de chaque individu, devrait être remboursée à chaque objecteur de conscience la quote part du coût social de la culture de mort au sens pragmatique du terme.

  7. Je pense qu’il ne faut pas toujours mettre la foi en avant surtout contre des gens qui ne comprennent rien.Mais les pharmaciens devraient mettre tout d’abord en avant les effets néfastes de la pilule aussi bien sur l’environnement ,que sur les dangers qu’elle fait courir aux femmes et qui sont connus de tous les médecins .Les médecins qui la prescrivent n’ont pas une grande conscience professionnelle.Et c’est là que les syndicats de pharmaciens pourraient agir et l’ordre des médecins aussi.
    Combien de femme ont des cancers du sein ,des arrêts cardiaques et j’en passe.
    Mais évidemment le Dieu Argent est intouchable

  8. Cela démontre également que combattre l’avortement au nom de la religion est une impasse : ce n’est pas la Foi chrétienne qui nous fait nous opposer à l’avortement, mais le respect de la Vie, lequel est un acte de la raison naturelle, qui est commun à toute l’humanité. Notre foi nous apporte une intensité de compréhension de cette réalité et un sens supérieur de notre condition humaine, par le Salut. Tuer est répréhensible pour tout homme.
    Se réclamer de la Foi chrétienne pour s’opposer à l’avortement devant des instances qui établissent des jurisprudences appelées à devenir des normes était dès le départ une erreur conceptuelle.
    C’est d’ailleurs l’impasse dans laquelle se trouve la lutte contre l’avortement en France, qui ne parvient pas à mobiliser au delà des milieux catholiques pratiquants.
    Et je ne parle pas des listes électorales ou partis qui prétendent incarner à eux seuls la Foi chrétienne ET la lutte contre l’avortement…….

  9. Personnellement je n’ai trouvé qu’une seule parade pour limiter ma quote part à la culture de mort. Je donne à des associations reconnues et ethiques comme la Fondation Lejeune, L’AED, Enfant du mékong,Orphelins d’Auteuil, ou autres du même niveau éthique. Ce qui me permet, en acceptant de payer un peu plus cher de minimiser ou annuler completement ma participation aux racket d’un étât de mort.
    Ceci dit, je prie pour que tous ceux qui sont obligés de travailler dans des domaines où on les prive de leur liberté de conscience, puissent trouver des solutions adaptées à leur situation. Tant que la bête à deux têtes gouvernera le monde, la liberté n’existera pas. Maranatha, viens Seigneur Jésus.

  10. à Pg ,
    ce que vous dîtes est à peu près aussi avisé que la célèbre phrase: “le Vatican, combien de divisions ?”
    C’est quand même dommage pour vous,même si l’on ne saurait douter que vous valez généralement mieux que cela.
    Pour peu que la charité nous guide, il n’y a au contraire que des avantages à expliquer sur ce thème le lien extraordinairement fécond entre foi et raison.
    Je crois au sens fort du terme que c’est bien le moyen le plus sûr pour toucher le coeur des homme de bonne volonté.
    Au degré inférieur, je le crois aussi par une assez longue et dense expérience.
    bien à vous,

  11. @ SANCENAY
    Il y a méprise entre nous. Je n’ai pas nié le fait que l’Eglise soit ”maîtresse de vie” pour les sociétés humaines, ni qu’elle puisse exercer une influence sur la vie politique, au nom de royauté sociale du Christ.
    Mais quand un pharmacien se trouve condamné pour refus de vente de contraceptifs ou d’abortifs légalement autorisés, et qu’il fait successivement appel à des juridictions suprêmes,pour qu’elles édictent une norme juridique, se réclamer de ses opinions religieuses me parait être inadapté. En tant que professionnel de la santé, il a d’autres arguments : nocivité, risques de maladie, d’infertilité, de stérilité, pollution de l’environnement par des hormones etc…., et en tant que citoyen il peut également invoquer la science qui fait du foetus une sujet médical, et donc un sujet de droit, etc….
    Autrement dit, la raison ne s’oppose pas à la foi, ni la foi à la raison : mais aucun catholique ne peut se dire opposé à la contraception ou à l’avortement parce qu’il est baptisé. C’est parce que la loi naturelle, patrimoine moral commun de l’humanité, démontre que le mal existe dans toute atteinte et suppression de l’être humain conçu, que chaque homme chrétien ou non, est appelé à refuser cette atteinte à la personne qu’est le foetus. Car la ”libre disposition de son corps”, grand argument des ”libertés” de la morale relativiste et du droit positif pour justifier la mort du foetus justifié légalement pour la mère, peut être contredite par son exact opposé : le droit du foetus à la protection de sa vie.
    Cela ne contredit pas la foi, et fait appel à la raison, qu’utilise le croyant.
    En politique, il en va de même : créer des listes qui s’auto baptisent ”chrétiennes” sans se dire catholiques, tout en se réclamant de l’Eglise au travers de la DSE pour combattre l’avortement, me parait nier la raison au nom de la foi, surtout quand elles se prétendent les seuls sur ce créneau, encore au nom de la foi.

  12. au lieu de jeter l’anathéme sur pharmaciens ou médecins commençons par éviter de financer la culture de mort de l’état avec nos impots :les dons aux partis politiques qui défendent la vie ou aux associations catholiques sont déductibles des impots .Il est vrai que le combat est politique d’abord mais la premiére action est de favoriser la formation de pretres ,sans pretres la civilisation chrétienne n’existe pas .

  13. à Pg,
    un pharmacien catholique peut et doit tout au contraire invoquer sa liberté de conscience garantie , en principe, mais en principe seulement hélas, par la constitution, puisque les pouvoirs publics, galvaudant en cela par eux -même leur légitimité ne s’en portent pas eux-même garants, ce qui relève pourtant de leur devoir régalien.
    Quand à votre discours sur le thème “foi et raison”, il contredit hélas celui du Saint-Père qui s’est évertué à rappeler tout au long de de l’année passée que la foi et la loi natuerlle étaient indissociables.Cela a d’ailleurs été parfaitement retranscrit ici sur le Salon Beige.
    Un chrétien a donc deux fois plus de bonnes raisons de s’opposer à la l’avortement pour défendre ainsi autant la Vérité que la Vie.
    C’est bien d’ailleurs ce que nous reprochent inlassablement les “cannibales” au nombre desquels vous ne figurez pourtant pas !
    Cela dit sur le concept des listes dites chrétiennes , je suis moi aussi très réservé, tant sur le fond que sur la forme.
    Pour autant on a vu aussi que le thème du repect de la vie pouvait être utilisé par des partis en termes plus marketing que de conviction…
    Bien amicalement à vous.

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