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Culture : cinéma

L’insolence de Jeanne nous parle également

L’insolence de Jeanne nous parle également

Discours de Charles de Meyer avant la projection du nouveau film de Patrick Buisson, sur sainte Jeanne d’Arc, hier soir à Paris, en soutien à SOS chrétiens d’Orient :

« Quand notre pays nous fait mal, nous ne savons trop à quel saint nous vouer. Et quand ceux qui doivent guider nos âmes chutent, parfois si lourdement, nous péchons par désespérance.
Nous savons bien, pourtant, que là-haut, Sainte Jeanne d’Arc nous regarde ; trop douce pour nous rappeler la médiocrité de nos maux ; trop sainte pour nous refuser la vérité de notre lâcheté. A Vaucouleurs, son indignation est perçante : « — Faut-il que le Roi soit chassé du royaume et que nous devenions anglais ! »

Nous aurions tort de croire que l’insolence toute pure de Jeanne n’était adressée qu’à ses bourreaux. Elle nous parle également. Quand, face à nos pharisiens, à nos docteurs devenus fous, à nos traîtres, nous abdiquons notre volonté, l’insolence de Jeanne est là pour nous faire prendre la bonne mesure de ce à quoi nous nous devons et ce n’est certainement pas aux geignements.
Les volontaires et les chefs de mission de SOS chrétiens d’Orient le savent bien : pas une cabale ne résiste à la vérité de leur charité, pas une polémique ne déçoit leur joie d’être à leur devoir, celui des Français, d’assistance et d’amitié pour ces chrétiens de Syrie, d’Irak, du Liban, de Jordanie, d’Egypte, d’Ethiopie ou du Pakistan. Ils savent de cœur le beau mot de Saint Grégoire : « La vertu d’une bonne œuvre, c’est la persévérance »

Qu’elle est coûteuse cette persévérance ! Reconstruire en des pays ou les folies diplomatiques peuvent tout détruire un lendemain de réunion n’est pas chose aisée. S’assembler, comme vous le faites ce soir, pour extirper de l’esclavage les chrétiens pakistanais est un défi à la face des indifférents. Jeanne alors, nous prend par la main. Elle nous conduit dans sa gêole, comme le fera le film de Patrick Buisson, pour que nous regardions son procès, sa constance face aux injustices, sa vaillance dans l’abandon à la patrie. Charles Peguy, je crois, n’a que peu écrit sur le procès. Une pièce de théâtre de jeunesse nous donne tout de même cette réplique dans la bouche de Jeanne : « C’est une habitude en France, quand on parle à quelqu’un de le regarder en face, quand même ce serait l’Empereur Charlemagne. Et ceux qui ne regardent pas en face, on dit que ça n’est pas de bonnes gens, puisqu’ils ne regardent pas en face. » Les volontaires de SOS chrétiens d’Orient sont de ces Français conscients que leur action est féconde quand ils regardent en face la désolation des démissions politiques et leurs conséquences au Proche-Orient.

Il faut méditer cette politique de Jeanne d’Arc. Fleur des fleurs de la patrie, la Pucelle fut comblée des grâces d’en haut sans rien méconnaître des lois de son temps. Elle gagna la confiance de Charles VII, dont Philippe Contamine ici présent a démontré la vertu politique. Elle fut au milieu des gens d’armes, des troupiers et de leurs mœurs. Jeanne est donnée, dès sa vie terrestre à tous les Français, elle conseille aux plus grands et aime les plus vils. Elle embrasse toutes les réalités de la patrie dans une étreinte qui sauve le Royaume. Et le Martégal a raison d’affirmer : que Jeanne d’Arc est le «vivant reflet de l’énergique résistance instinctive de son pays. Provinces éloignées ou nouvellement réunies firent à ce moment des prodiges de fidélité. »

Vous le verrez dans ce documentaire : potentats et juges n’impressionnèrent nullement Jeanne puisqu’elle savait la rectitude de son action. Jeanne est toute entière d’une force qui affirme : « Je sais que j’ai bien fait de vous servir » Je crois que les volontaires de SOS chrétiens d’Orient, à leur bien plus modeste niveau, sont les enfants de cette effronterie. A un monde qui leur promet l’inutilité de leur engagement auprès des chrétiens d’Orient, ils n’ont rien à répondre, car ils savent qu’ils accomplissent le rôle que d’autres ont honteusement remisé. Marine Tertrais, qui signera son récent ouvrage, a parfaitement montré la correspondance entre le modèle de Jeanne et la soif de transcendance d’une jeunesse de France qui refuse de voir son pays condamné à l’apostasie et à la défiguration.

Les chrétiens d’Orient n’ont « ni terre, ni argent dans leur partage ». Ils sont les hommes en trop, ceux qui constatent avec stupeur le sort d’une France qui les protégea autrefois. Jacques Trémolet de Villers , que vous pourrez rencontrer après ce film, aime à citer le mot Jean Guitton au stalag en 1943 : « Jeanne d’Arc nous a été donnée pour ainsi dire, pour qu’à un âge plus avancé et cinq siècles après, nous puissions apercevoir comme en un raccourci tout ce que la France recèle de misère et de puissance ; et peut-être aussi pour nous faire souvenir que rien ne s’achève en ce monde réfractaire, sinon par l’oblation ». Ne ressentons-nous pas que les chrétiens d’Orient portent à notre place le sacrifice préalable à notre restauration ? Ne sommes-nous pas étreints du scandale de nos reniements que nos frères aînés dans la foi payent au plus juste salaire ?

Jeanne a laissé la jeunesse de son cœur, « tout ce qui jamais ne s’oublie » comme dit le poète. Jeanne allumait pour nous les plus beaux feux de l’avenir. Merci, chers amis, d’être venus si nombreux ce soir, prouver aux chrétiens du Pakistan qu’il est encore une France qui hérite de sainte Jeanne d’Arc les fruits éternels du testament d’une condamnée.

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4 commentaires

  1. Ce fut une très belle soirée très émouvante. Vive sainte Jeanne d’Arc.

  2. Pourquoi ce film est-il une fois de plus réservé à Paris et à une séance unique ? Où et comment les provinciaux toujours oubliés pourront-ils le voir ?
    Et vive les Gilets jaunes (canal historique) !

  3. jeanne trahie par les clercs suivant l’évêque Cauchon qui la livra aux anglais pour ses trente deniers!
    idem pour les chrétiens d’orient, abandonnés par les zotorités catholiques plus concernés par la bienséance et la bienpensance que par le devoir de solidarité

  4. non, pour du pétrole!

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