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France : Société

L’infantilisation : une atteinte à la liberté et la responsabilité

Dans Présent, sous la plume d’Alain Sanders :

"dans notre société où l’on tartine à longueur de journées sur la responsabilité citoyenne, on est de plus en plus infantilisé. Ça a commencé quand on a instauré – sans que personne ne bronche – cette abomination qu’est le permis à points. On parle de ne plus noter les élèves et de donner à tout le monde (on y est presque) les examens et on inflige à des adultes des punitions inventées par des petits pions coincés.

Ça a continué – sans que personne ne bronche encore – avec cette prétention de nous dire ce que nous devons ou ne devons pas manger, boire, fumer et, du même coup car tout se tient, penser. Plutôt que d’en appeler à la responsabilité de chacun, quitte à sanctionner légalement ceux qui sur tel ou tel point passeraient la mesure (la modération est devenu le maître mot des petits hommes gris), on tend à nous infantiliser.

Nous sommes déjà moralement – en attendant de l‘être physiquement – dans la situation de ces bambins que l’on enferme dans des parcs ou des youpalas et qui n’en sortent que lorsqu’on a décidé de les en sortir. Jusque-là, nous étions des adultes concernés. Nous sommes devenus des bobos cernés. Et privés de ce qui fait la grandeur – et parfois le malheur – de l’homme : son libre-arbitre.

La prochaine étape que l’on nous annonce sera l’installation d‘éthylomètres qui interdiront le démarrage de la voiture quand son conducteur sera jugé inapte à conduire. […] On nous dit comment conduire. Comment manger. Comment (ne pas) fumer. Comment voter. Comment (ne pas) boire. Comment devenir un parfait petit écolo. Comment pédaler avec Delanoë. Comment s’aplatir devant les minorités dites visibles (au point que les majorités deviennent invisibles). Comment (ne pas) utiliser ses toilettes. Comment se moucher. Comment dire bonjour à la dame. Comment respecter l’irrespectable. Comment tolérer l’intolérable. Etc. Sinon ? Sinon, panpan cucul en attendant pire…"

Rappelons la DSE :

"l’homme apprécie la liberté et la cherche passionnément: à juste titre, il veut et doit former et conduire, de sa libre initiative, sa vie personnelle et sociale, en en assumant personnellement la responsabilité. De fait, non seulement la liberté permet à l’homme de modifier convenablement l’état de choses qui lui est extérieur, mais elle détermine la croissance de son être en tant que personne, par des choix conformes au vrai bien: de la sorte, l’homme s’engendre lui-même, il est le père de son propre être, il construit l’ordre social." [n°135]

Michel Janva

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9 commentaires

  1. Mieux vaut il infantiliser les conducteurs en installant des alcootests dans les voitures plutôt que de faire subir le deuil à une famille toute entière ?
    L’infantilisation débute toujours par une tentative de responsabilisation. Or lorsque celle ci est vaine (1200 morts sur les routes par an à cause de l’alcool), l’une des solutions est l’infantilisation (ou plutôt la peur de la sanction).
    Quel autre système pourrions nous instaurer ?

  2. En effet, curieux article.
    La protection du plus faible fait aussi partie de la DSe, et autoriser les chauffards ivres au nom de la liberté est absurde.
    Pourquoi ne pas autoriser l’avortement avec le même raisonnement ???
    C’est précisément l’argument féministe !!!!
    […]
    [Rien à voir : il ne s’agit pas de prêcher une fausse liberté. La DSE lie la liberté au respect de la loi naturelle. Mais elle prêche aussi la responsabilisation. La responsabilité est un caractère intrinsèque de la dignité de la personne humaine. A trop vouloir infantiliser, on finit par accroître l’irresponsabilité… Bien sûr que le chauffard ivre doit être punit. Mais ce n’est pas en mettant un mouchard derrière chaque personne que le bien commun sera assuré. MJ]

  3. @ Benouk.
    Responsabilisation individuelle des conducteurs : la loi du talion.
    Peine de mort pour le chauffard alcoolisé survivant à l’accident et responsable d’accident mortel.
    Après deux ou trois ça devrait calmer.
    Avec le gros avantage que là l’erreur judiciaire est plus difficile à invoquer tout de même…

  4. Jésus a libéré l’homme .
    Cette liberté qui implique une vraie responsabilisation est parfois difficile à vivre et demande souvent un effort , que tous ne savent pas ou ne veulent pas faire.D’où pour beaucoup l’acceptation d’une sorte d’infantilisation pour raison de facilité .

  5. Exact, on retire à l’adulte sa responsabilité : il est fliqué comme un gamin pour des faits mineurs mais lorsqu’il transgresse gravement (viol, meutre, récidive) on ne lui applique qu’une partie de la peine. Mettre des radars et des ethylotest automatique partout c’est DONNER UNE REPONSE TECHNOLOGIQUE A UN PB MORAL c’est le même esprit que de proposer des préservatifs au vagabonds sexuels. Cela peut séduire de prime abord mais cela reste un échec éducatif.

  6. …”Pas un murmure ne s’éleva, et, domptés par les mots du juge, ils se retirèrent, avec cette soumission absolue à la légalité qui est un signe de dégénérescence.”…
    Les Démarqués de Jean Yole

  7. Bonjour.
    Il y a sans conteste une pèrenoëlisation de la société, une waltdisneylisation de l’existence: monde ripoliné, n’ayant jamais été atteint par le péché originel depuis 1789, et qui a “aboli” ce péché d’origine pour inventer la “liberté” de faire n’importe quoi. Comme l’écrivait Nietzsche : « Les derniers hommes ont inventé le bonheur et ils clignent de l’œil ».
    Comme chacun devrait le savoir, la liberté n’est pas un cadeau, mais une épreuve qui a abouti à la mort alors qu’elle aurait pu se révéler vivifiante. Confère Adam et Eve et leur descendance.
    Présenter la liberté autrement que comme une épreuve dangereuse et souvent tragique, est évidemment une mystification et une imposture. Le monde merveilleux de la grosse souris aux oreilles plates et du petit canard au costume de marin est un monde payant dans lequel le triomphe du bien est une fatalité au même titre que l’encaissement des dividendes. Une seule religion : adorer le casino mondial et son inflexible bonheur, dans la destruction de l’ « environnement » que, naguère, on nommait la Nature et, jadis, la Création.
    Puisque le sujet est l’alcoolisme, je vais parler en connaissance de cause. Ayant été alcoolique pratiquant et croyant, je n’avais le choix qu’entre continuer à boire jusqu’au bout de la nuit ou arrêter. J’ai arrêté.
    L’alcoolique peut guérir s’il prend conscience qu’il peut arrêter de boire que définitivement. A la différence des non alcooliques qui peuvent arrêter quand ils veulent et à tout moment. L’alcoolique recherche un bien plus grand que le non alcoolique. Le non alcoolique recherche le plaisir, l’alcoolique recherche l’ivresse et ne recherche que ça. Par exemple, dans le vin, ce que l’alcoolique apprécie, c’est l’alcool. Alors que le non alcoolique apprécie le vin.
    L’alcoolique ne recherche que l’ivresse puisque son désir est plus spirituel et donc plus fort que le désir du non-alcoolique. L’alcoolique a une vocation. Non pas cesser d’être alcoolique, ce n’est pas en son pouvoir. Ce qui est en son pouvoir, c’est de cesser de boire, parce qu’il est appelé a une ivresse plus haute.
    On ne choisit pas son épreuve. On en triomphe ou pas. L’épreuve étant le signe de ce qu’on est capable de faire et de ce qu’en « haut lieu » on nous tient en grande estime. Pour ne pas dire plus.
    Arold

  8. L’absence d’education conduit au desastre.
    Et ce ne sont pas toutes ces lois qui veulent regenter notre vie qui amelioreront la societe. C’est du pharisianisme politique.
    On arrive dans une spirale d’interdictions dont les veritables coupables se moquent bien. Cela rappelle la prohibition…avec moins de style…
    Detecteur de l’homme qui a bu, et pourquoi pas detecteur de celui ou celle qui a fume du cannabis, ou vole la voiture qui va demarrer? Ou de celui qui va la bruler pour montrer qu’il existe? ou de celui qui conduit sans permis?
    Au lieu de machines a detecter les personnes dangereuses, il faudrait plus de presence humaine dans la vie quotidienne, comme les pompistes dans les stations d’essence, les policiers en nombre, les gardiens de passage a niveau, et tant d’autres, tous ces metiers qui mettent un frein au declin social que nous vivons. aujourd’hui.
    Et avant de terminer, pour restaurer le suffrage universel a sa juste valeur, nous pourrions inventer l’urne qui selectionne les votes….dans le bon sens. Ca ne coutera pas cher et tout le monde sera content.

  9. Hélas,les commentaires que je lis ne posent pas le problème. Si certains déplorent l’infantilisation de notre société et le manque de responsabilité
    et de liberté,c’est que nous le voulons bien
    Il faut reconnaître que les français n’ont jamais admis la liberté,en revanche,ils ont toujours eu une admiration pour l’anarchisme et tout phénomène révolutionnaire;les faits historiques passées le démontre.Il est vrai que la liberté et la responsabilité ne sont pas toujours facile à assumer.La liberté certains la redoute parce que beaucoup craignent de se retrouver face à eux même et à leurs contradictions et aussi à leurs médiocrités.
    Pour conclure,je compare la liberté et la responsabilité à un apprentissage,un apprentissage long et difficile néanmoins nécéssaire.

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