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L'Eglise : Foi

Liberté religieuse et agir selon sa conscience

Deux de nos lecteurs se lancent, par commentaires interposés, dans un -vaste- débat sur la liberté religieuse, en rapport au §2 de la déclaration Dignitatis Humanae du Concile Vatican II :

"Le concile Vatican II déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être exempts de contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit contraint d’agir contre sa conscience, ni empêché d’agir selon sa conscience, en privé ou en public, seul ou associé à d’autres, dans les limites dues".

On trouvera ici une critique datant de quelques années faite par l’abbé de Tanoüarn. Le Salon Beige n’est pas forcément le lieu le plus adéquat pour entreprendre ce type de disputatio mais puisqu’un lecteur m’a recopié l’extrait d’un article sur le sujet écrit par l’abbé Lucien dans le dernier Sedes Sapientae, j’en fais profiter les lecteurs :

«Cette distinction entre «agir comme on veut» et «agir selon sa conscience» est tout à fait élémentaire et connue de tous les auteurs depuis l’Ancien Testament, même si elle a été exprimée de diverses façons. Dans n’importe quel acte humain, l’homme agit comme il veut : parce que l’homme est libre, et que tout acte vraiment humain est posé sous l’empire de la volonté dirigée par la raison. En revanche, le jugement de conscience étant l’application des principes généraux (naturels ou surnaturels) de l’action dans un cas singulier, l’homme peut :

soit suivre sa conscience : je sais que voler est un mal, je vois que cette action serait un vol, je ne pose pas cette action ;

soit agir contre sa conscience : je sais que voler est un mal, je sais que ces délicieux gateaux ne sont pas à moi ; poussé par la gourmandise, je les dévore quand même ;

soit même agir sans conscience : tellement habitués à vivre selon ses passions, l’homme ne formule même plus de jugement de conscience. L’Ecriture Sainte parle en ce sens de ceux qui «boivent l’iniquité comme l’eau» (Jb15,16), et les moralistes utilisent souvent l’expression de «conscience cautérisée» (cf. 1 Tim 4,2).

La distinction que nous utilisons est donc une distinction entre le tout (l’ensemble des actes humains) et ses parties réellement distinctes (trois catégories parmi les actes humain en rapport au jugement de conscience). Distinction si élémentaire que les enfants la perçoivent (au moins pour «selon sa conscience» / «contre sa conscience») bien avant sept ans.»

Michel Janva

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3 commentaires

  1. Je crois que l’expression “faire ce que je veux” est piégée :
    – en réalité on veut parler de faire selon son désir, une pulsion, une passion et non selon la volonté
    – la volonté est justement de savir agir selon sa conscience et non selon son désir.
    Il faut donc faire la distinction entre “faire ce que je désire” (qui est le sens le plus souvent utilisé de l’expression piégée) et “faire selon ma conscience” (qui est le sens litérale de l’expression).
    En conséquence, nous devons faire très attention lorsuq nous utilison cette expression afin de suivre les indications de Mgr Bruguès (il me semble) qui recommande d’utiliser le bon vocabulaire.
    Importance capital lorsque l’on sait (merci Mgr Schooyans) que le terme “santé reproductive” à l’ONU signifie homsexualité et “Maternité libérée” signifie avortement, je crois que nous avons le devoir de réfléchir à deux fois avant de nous exprimer.

  2. Très bonne idée que de lancer une dispuatio ! Nous ne sommes pas des théologiens (ou bien je sous-estime le Salon Beige !), mais au moins cela nous permet (à nous catholiques lambda) de creuser la question.
    Je viens de lire le texte de l’Abbé de Tanoüarn, qui est très intéressant.
    Ma question est la suivante : on parle de “droit à la liberté religieuse” (au sens droit civil mais aussi droit naturel, ce qui est plus fondamental). Dans le cas du droit “naturel” à la liberté, s’agit-il entre autres d’un droit à être libre du péché, c’est à dire libre du Diable ?
    En effet, comme dit Jésus, celui qui commet un péché est déjà esclave, parce qu’il est l’esclave de Satan. Se comporter en chrétien, c’est agir selon la volonté de Dieu, ce qui nous rend libre par rapport à Satan (même si nous savons bien que les plus grands saints pèchent 7 fois par jour, ils ne pèchent pas de manière continue).
    Alors peut-on dire que, dans les quelques instants quotidiens durant lesquels nous parvenons, par la grâce de Dieu, à ne pas pécher, nous sommes libres de Satan, donc nous profitons de ce droit naturel à la liberté que Jésus nous a obtenu par son sacrifice ? Si j’ai bien interprété, alors j’en déduis qu’il existe bien une forme de “droit à la liberté religieuse”, qui est un droit naturel à suivre Jésus… ???
    Le problème, c’est qu’avec la logomachie actuelle, on met tout et n’importe quoi derrière les mots les plus fondamentaux : liberté, amour, vérité, etc.
    Alors, ai-je dit des âneries ?

  3. Je crois que l’abbé Lucien fait erreur (à moins que le texte ne concerne pas la “liberté religieuse”) en ce qu’il édicte des règles que le confesseur doit appliquer, donc en juge du for interne, or la question de la liberté religieuse est une question sociale.
    Ces deux questions ne doivent pas être confondues, elles ne traitent pas des mêmes matières.

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