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L'Eglise : L'Eglise en France

Lettre à un ami prêtre

Lettre à un ami prêtre

D’Antoine-Marie Izoard, rédacteur en chef de Famille chrétienne :

Cher ami,

je prends la plume car je sais à quel point toi, et tant de tes confrères, pouvez souffrir en ce moment. J’ai appris que tu étais raillé ou insulté dans la rue par la faute humainement impardonnable de quelques-uns. J’ai entendu aussi que ta singulière vocation pouvait être remise en question à l’intérieur même de l’Église.

Ta mission est rude. Plus dure sans doute que celle de ceux qui t’ont précédé au siècle dernier, tant le monde qui nous entoure a été bouleversé. Mais le témoignage prophétique du don de ta vie et de ton célibat consacré qui n’est pas un chemin pavé de roses s’en trouve plus fort encore pour le monde.

Bien sûr, il m’est arrivé de te placer sur un piédestal, toi « l’autre Christ » que j’ai pris pour un demi-dieu. Je ne t’ai pas rendu service. Il m’est arrivé de râler publiquement contre telle ou telle de tes manies (cette rengaine des années 1970, l’encensoir qui fume bien trop, les quêtes exceptionnelles qui le sont de moins en moins…). Là encore, je ne t’ai pas aidé. Mais je te porte dans ma prière quotidienne. Voilà certainement ce que je peux faire de mieux.

Un jour où je regrettais la raréfaction des vocations sacerdotales, tu m’as dit que les laïcs aussi se raréfiaient ! Des laïcs sur lesquels tu peux t’appuyer pour accomplir ta mission, nourrir la communauté des sacrements, ces « signes visibles d’une grâce invisible », comme l’expliquait saint Augustin. Car tu sembles t’user de ne plus être usé à bon escient.

Plutôt que de courir d’assemblées diocésaines en réunions pastorales, tu devrais pouvoir revenir à l’essentiel : baptiser, célébrer, confesser, marier, accompagner, enterrer… pour porter le Christ aux hommes, leur distribuer sa miséricorde, leur annoncer le Salut. être moins un manager qu’un véritable pasteur. Sois un père pour chacun d’entre nous, pour ceux aussi qui franchissent plus rarement le seuil d’une église.

Sois aussi mon frère. J’apprécie ces soirées où nous buvons un verre ensemble voire deux pour refaire l’Église (sans la défaire) et parler à cœur ouvert de tout ce qui nous passe par la tête, sans que le Christ ne soit jamais trop loin. Prenons le temps, gratuitement.

Mon ami, mon Père, mon frère, avec beaucoup d’autres (voir ci-dessous), je veux te redire toute ma proximité
et ma gratitude. Tiens bon, et nous tiendrons aussi !

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2 commentaires

  1. “Bien sûr, il m’est arrivé de te placer sur un piédestal”. Pour quelle raison ? Parce que le prêtre nous montre la voie, parce qu’à ce titre, il doit être exemplaire et beaucoup le sont, heureusement c’est la grande majorité. Il doit rester à nos yeux sur son piédestal car c’est notre regard qui le maintient dans sa dignité. Pour cette raison, comme notre regard, son habit l’engage (l’habit fait le moine !) et l’aide à se souvenir de son engagement devant Dieu. Oui, il mérite d’être sur un piédestal, souvenons-nous qu’il a sacrifié sa vie pour sauver notre âme. Quelle belle et grande mission.

  2. Merci
    Amen

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