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Pays : Chine

Les contrats chinois sont-ils vraiment une bonne nouvelle ?

Selon presque toute la presse, la vente à Pékin de 150 avions A 320 est une bonne nouvelle pour Airbus et donc pour la France. En fait, c’est une bonne nouvelle uniquement à court terme. A plus long terme, l’accord pourrait fragiliser le commerce extérieur français. En effet, pour décrocher ces contrats, Airbus a du confier une partie de sa production à des entreprises chinoises. Début novembre, le consortium européen a signé avec la société aéronautique Avic, un accord afin de produire en Chine des éléments d’ailes de ses avions de moyenne capacité A 320. Dans six mois, Airbus pourrait créer une unité d’assemblage d’avions en Chine. Ce qui, à terme, constituerait, selon Marc Touati, de Natexis Banques populaires "autant d’exportations en moins de la France vers la Chine".

Comme l’explique Christian Harbulot dans La Croix (version papier), cette giga-vente s’accompagne d’un transfert de technologies qui peut permettre à la Chine de devenir indépendante sur le plan aéronautique. Et de construire elle-même ses avions. Moins chers que les notres, évidemment. Et c’est uniquement grâce à ce transfert, refusé par Boeing pour ces raisons, qu’Airbus a réussi à emporter le contrat. Comme l’a prédit Lénine, nous vendons aux communistes la corde pour nous pendre.

Michel Janva

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6 commentaires

  1. le raisonnement est séduisant mais faux. Car à long terme le coût de la main d’oeuvre sera devenu aussi cher en France qu’en Chine et donc l’argument tombe. Comme quoi le protectionnisme à tout prix repose plus sur une phobie infondée que sur des raisons solides.

  2. 1-Rien ne prouve qu’à terme la main d’oeuvre chinoise sera aussi chère qu’en France et en Europe.
    2- Quand bien même cela arriverait, cela arriverait trop tard. La Chine aura appris à fabriquer seule ses avions et concurrencera fortement Airbus.

  3. 1)Bien je vais développer alors : lorsqu’on a une croissance de 8% par an (cas typique de ce qu’on appelle une croissance de rattrapage) à terme les salaires ont tendance à augmenter (ie à rejoindre ceux des pays développés). C’est ce que nous apprennent les théories économiques du commerce international (modèle HOS, pour Heckscher, Ohlin et Samuelson).
    2) Cela arrivera dans un certain temps c’est vrai mais cela ne nous sera pas dommageable. La concurrence en effet n’est pas systématiquement mauvaise : c’est utile d’avoir des subventions pour pouvoir entrer sur un marché difficile d’accès (comme c’est le cas d’Airbus). Mais à terme, le manque de concurrence risque de nuire aux consommateurs et surtout risque de rendre la firme (ici Airbus) moins compétitive et moins innovante. Il n’est donc pas forcément mauvais que les Chinois soient capables de concurrencer Airbus. Et, de toute manière ce sera un long processus d’apprentissage pour eux, sur lequel Airbus aura quand même une longueur d’avance.
    Amicalement, (je suis un lecteur régulier)

  4. Justement, c’est sur cette fameuse longueur d’avance qu’Airbus vient de céder en offrant aux Chinois la technologie dont ils ont besoin pour créer leur propre industrie.
    En outre, vu le marché intérieur Français et européen (déjà concurrencé par Boeing), Airbus a un besoin vital d’exporter. Or, la Chine, grâce à son espace démesuré, peut développer une industrie rentable sans exporter (comme Boeing) ce qui lui permettra d’être un concurrent non négligeable à l’exportation.
    Enfin, je ne nie pas que les salaires augmentent en Chine, mais de là à ce qu’ils atteignent les niveaux occidentaux, il y a une marge que les Chinois vont tout faire pour garder…

  5. Je viens de constater que cette crainte d’un transfert de technologie est d’autant moins justifiée qu’il s’agit d’une délocalisation de l’assemblage pour un modèle particulier (l’A320) qui se fera en coopération avec les Chinois. Seuls, ces derniers ne pourraient rien faire et il y a donc peu de risques qu’ils concurrencent directement Airbus. De plus, le travail de conception sera effectué par le centre d’ingénierie Airbus en Chine, la production de ces pièces sera du ressort des industriels chinois. Donc la conception, qui est beaucoup plus complexe, reste sous le contrôle d’Airbus.
    La commande qui vient d’être passée est fondamentale dans la mesure où elle permet de vendre davantage d’appareils dans un secteur en pleine expansion (où Boeing est déjà présent, dominant pour l’instant le marché chinois, et où il procède lui aussi à de tels partenariats pour la fabrication): 150 avions (autour de 9 milliards de dollars, au prix catalogue).
    Pour davantage d’information sur ces questions vous pouvez toujours vous référer à une interview de dirigeants d’EADS (Les dessous du contrat chinois : http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=1522)

  6. Il n’est pas inutile d’énumérer ce que le si généreux visiteur a obtenu en échange.
    Sur le plan politique d’abord. Dominique de Villepin a dénoncé comme un “anachronisme” le maintien d’un embargo sur les ventes d’armes à destination de la Chine depuis la répression sanglante de Tiananmen en 1989.
    Sur le plan économique, les contrats signés sont assortis de nombreux transferts de technologie. Airbus devrait installer en Chine une usine d’assemblage. L’avenir des relations économiques franco-chinoises passe par la coopération dans les hautes technologies. En d’autres termes: donnant donnant. Et les Chinois sont loin d’être idiots en matière de technologie. Ils savent très bien copier les technologies, les assimiler et même les dépasser.
    Qu’a recueilli George W. Bush lors de sa visite en Chine à la mi-novembre? Une commande de… 150 Boeing, malgré un langage assez rude sur les pratiques de la Chine en matière de droits de l’homme, de commerce et de gestion de sa monnaie. Toute aussi révélatrice est la générosité nouvelle et spectaculaire de la Chine vis-à-vis de l’Afrique, où elle finance de nombreuses infrastructures, selon une carte qui épouse assez fidèlement celle des producteurs de pétrole du continent noir…
    Enfin, pas un mot n’a été prononcé sur le grave conflit qui continue à opposer la France, l’Union européenne et la Chine sur le dossier ultrasensible de l’industrie textile depuis la fin de l’accord multifibre qui a levé tous les quotas d’exportation, le 1er janvier dernier.

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