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France : Politique en France

Les sarkozades

Caroline Parmentier analyse l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy :

"C’était Sarko. Celui qui a fait passer la fonction présidentielle d’une époque à une autre. Avec divorce à l’Elysée, recomposition de la famille en cours de route, affichage de nouvelles mœurs au plus haut sommet de l’Etat. Il s’est exprimé lundi soir en face de David Pujadas davantage comme dans une émission de téléréalité que comme le Président des Français. Sur la défensive, avec cette gouaille qui avale les syllabes et les négations, contraint de protester de son honnêteté devant les caméras, de justifier ses visites chez Liliane Bettencourt, de préciser face à l’objectif : « J’ai jamais eu affaire à la justice, j’suis pas un homme d’argent. » On peut dire qu’il a achevé de désacraliser sa fonction. […] Dans une mise en scène qui se voulait dépouillée […] Nicolas Sarkozy a tenté de nous convaincre du rétablissement de l’artiste. Et il a enfilé les sarkozades : l’œil franc comme un âne qui recule, les intonations qui vibrent, cherchant à rassurer son électorat avec les accents d’Enrico Macias. Il a martelé sa volonté d’être « juste et honnête » : « La France n’est pas corrompue. La classe politique gauche-droite confondue est en général honnête » (sic). Mais il a été lui-même trop juste pour convaincre « la France qui se lève tôt », massivement dégoûtée par les liens entre la classe politique et l’argent.

Reléguant le dossier Bettencourt au rayon des affaires classées, repoussant l’idée d’une crise morale et dénonçant le complot des « officines », il est passé à son exercice favori, celui de président en campagne. A cette grosse différence près avec le festival de promesses de 2007 : il est aux manettes depuis trois ans. Ses promesses et tartarinades sur l’insécurité en Seine-Saint-Denis pour ne citer que cet exemple sont extrêmement choquantes : qui espère-t-il convaincre à part quelques journalistes du Figaro vivant dans les beaux quartiers, alors que les policiers et chauffeurs de bus continuent de se faire régulièrement rouer de coups, que les transports publics sont caillassés et que les bandes ouvrent le feu sur des voitures avec des enfants dedans ? […]

Se posant en « chef d’équipe », avec la main sur le calendrier, Sarkozy a affirmé que sa République était irréprochable, d’autant plus qu’il n’a « pas été gâté » (comme toujours, Sarko parle de lui-même avant de parler des Français[…]) : quatre « crises majeures » à gérer. Et pas mal de scandales en plus. […] Ce que l’on a compris clairement, c’est que rien ne changerait. Malgré le remaniement ministériel de la rentrée qui est un classique maintenant du quinquennat. Nicolas Sarkozy a promis de rester « inflexible » sur la réforme indispensable des retraites et le recul de l’âge légal à 62 ans, de même que sur la hausse des cotisations des fonctionnaires. Ce qui n’a pas changé non plus c’est l’énorme « absente » du débat, le mensonge officiel, la monumentale hypocrisie, celle dont le nom n’est même pas prononcée, pas plus que la charge phénoménale qu’elle fait peser sur la France et les Français dans tous domaines : l’immigration. Pour le journaliste Pujadas et les autres, comme pour ceux qui nous gouvernent : il n’y a aucun problème d’immigration en France."

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6 commentaires

  1. Excellent article !
    Avez-vous remarqué que certains ministres ou lieutenants du président prennent le même accent, les mêmes intonations et fautes de Français ? Répugnant !

  2. Tout ce que dit Caroline Parmentier est vrai.
    J’émettrai cependant quelques remarques un brin cyniques :
    1)la vulgarité de Sarkozy, son côté “Enrico Macias” vendeur de cravate, est à l’image de l’évolution générale des mentalités en France, de la décadence des élites et de la tiers-mondisation des couches populaires. Mitterrand, autrement plus raffiné, avait compris cela et avait recruté Tapie. Maintenant, le style Tapie est à l’Elysée. Et encore, puisqu’on parle de Enrico Macias et de la faconde méditerranéenne, on a pour l’instant droit au bagout de “Bab-el-Oued”. Demain ce sera peut-être carrément le genre “Casbah”…
    2) Si Sarkozy était efficace, on lui pardonnerait plus facilement son abattage de camelot, ce qui est le comble, c’est qui ne se passe rien, notamment en matière de sécurité, depuis sa nomination… en qualité de ministre de l’Intérieur. Mais, peut-il faire quelque chose, dès lors qu’il ne s’agit même plus de crise du régime mais de crise de civilisation ?
    3)Je suis d’accord pour plaindre les français qui vivent dans les quartiers populaires, mais jusqu’à un certain point. Pourquoi, depuis le temps qu’ils sont victimes des racailles, ne votent-ils pas pour le FN ? Pourquoi les mêmes qui souffrent d’humiliations de la part des voyous continuent-ils pour beaucoup de cracher leur bile sur les idées de Le Pen ? Quand les banlieusards européens voteront tous pour la droite nationale ou nationaliste, alors là, on pourra tous les plaindre sans réserve. Je n’aime pas les masochistes. Quand on a, par exemple, un gamin qui se fait traiter de “sale blanc” au collège, la moindre des choses est de voter pour Jean-Marie, non ?

  3. Madame Parmentier doit regretter d’avoir fait voter Sarkozy.

  4. L’entendre à plusieurs reprises parler d’honnêteté et répéter qu’il est honnête c’est à se demander ce qu’il a à se faire pardonner. De Gaulle n’avait pas à le dire car tous les Français n’auraient jamais mis en cause cette vertu essentielle chez un homme d’état. Ce pouvoir pue le fric et l’amoralité.
    Il y a quelque chose de pourri dans le royaume. Voir un tel face à face était écoeurant.

  5. prieur,
    De Gaulle était plus intelligent, plus cultivé et savait mieux se tenir que Sakozy, mais je ne pourrai pas dire plus honnête! ça non!

  6. “Il est passé à son exercice favori, celui de président en campagne. A cette grosse différence près avec le festival de promesses de 2007 : il est aux manettes.”
    Exactement comme son “ami” Obama.

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