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France : Société

Les profits des entreprises du CAC 40

De Jean-Yves Naudet :

C "les profits des entreprises du CAC 40 se seraient montés à 82,5 milliards en 2010, en hausse de 65%. Mais ce qui choque les médias nous semble plutôt une bonne nouvelle. Préfèrerait-on des pertes ? […] Que faire de ces 82,5 milliards ? Voilà de l’argent qui va dans la poche des actionnaires, pensent la plupart des gens. Même si cela était, serait-il scandaleux de rémunérer les propriétaires de l’entreprise ? Rappelons au passage que parmi les actionnaires il peut y avoir, du fait de la participation, des salariés de l’entreprise.

Toujours est-il que les profits ne vont pas surtout dans la poche des actionnaires. Seule une faible partie des bénéfices est distribuée en dividendes. Mais, selon les calculs du Monde, les dividendes progressent moins vite que les profits. La plupart des dividendes qui seront proposés aux assemblées générales sont très modestes, entre un et deux euros par action, parfois même moins de 1 euro !

La plus grande part des profits reste dans l’entreprise et constitue ce qu’on appelle l’autofinancement. Le profit est en effet la principale source du financement des investissements productifs. Privilégier l’autofinancement, plutôt que la distribution de gros dividendes, c’est préparer l’avenir de l’entreprise, c’est avoir le souci du long terme et c’est se souvenir, comme l’avait dit le chancelier social-démocrate Helmut Schmidt, que « les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et les investissements de demain font les emplois d’après-demain ». Le profit est donc la condition de la pérennité et du développement de l’entreprise. Il a donc un caractère éminemment « social ». […]

La situation des entreprises reste en effet fragile. Notre taux d’impôt sur les bénéfices des sociétés est le plus élevé d’Europe (34,43 %, contre 29,3% en Allemagne et évidemment 12,5% en Irlande) : c’est autant qui diminue la capacité d’autofinancement. […] La critique des profits élevés n’a de sens que s’ils ont été obtenus, dans un système étatisé, à l’aide de privilèges, de monopoles artificiels, de professions fermées, de subventions étatiques. Mais s’ils ont été obtenus à partir de choix libres, sur un marché concurrentiel, ils deviennent justifiés sur le plan économique comme sur le plan moral."

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8 commentaires

  1. Tout cela est vrai, mais les bons comptes ne font pas les bons amis : voir l’info ci-dessous parue dans le Figaro :
    “8 milliards d’euros d’impôts sur les sociétés du Cac 40 échappent à Bercy
    Mais la lutte contre l’évasion fiscale n’est pas la seule source de préoccupation de la ministre de l’Economie. Elle se préoccupe notamment des différences de régime fiscal selon la taille des entreprises.
    Dans son dernier rapport, le Conseil des Prélèvements Obligatoires (CPO) souligne en effet que les entreprises du CAC 40 paieraient 2,3 fois moins d’impôts que les petites et moyennes entreprises. Le taux implicite d’imposition (impôt sur les sociétés effectivement payés par les sociétés rapporté à l’excédent net d’exploitation) ainsi obtenu est de 30% pour les entreprises de moins de neuf salariés contre 8% pour les entreprises du CAC 40. Le taux moyen des entreprises françaises est de 18%.
    Toujours selon le rapport du CPO, si les entreprises du CAC 40 acquittaient l’impôt comme les PME, elles paieraient 15 milliards d’euros et non pas 6,5 milliards d’euros, soit un manque à gagner pour l’Etat issu de cette «optimisation fiscale» des bénéfices du CAC 40 de huit milliards d’euros.”
    Personnellemnt, je suis favorable à une imposition des sociétés sur leur Chiffre d’Affaires, pour éviter “l’optimisation” des résultats, liée aux prix de transfert entre filiales à l’étranger.

  2. Les profits ne sont évidemment pas un mal en eux mêmes. C est ce que cherche a réaliser n importe quel entrepreneur.
    Après tout dépend si le profit est une fin ou un moyen et c est souvent la que le bas blesse…
    Enfin, vous rappeliez le taux élevé d’ imposition en France : je me permets de signaler que de nombreuses sociétés du CAC 40 ne paient pas un centimes d’ impôt du fait des intégrations fiscales. Celle-ci se débrouillant pour que leurs filiales soient déficitaires ce qui est effectivement contestable.

  3. Il ne faut pas oublier qu’on se fiche ici du taux d’imposition français, puisque la moitié des sociétés du CAC 40 ne payent aucun impôt en France (ex Total). Par le biais des branches du groupe, une branche est mise volontairement en déficit par la vente de la production à une autre branche à un prix dérisoires… Toutes font cela pour sortir les capitaux de France, pas que les groupes du CAC 40. Total, Valeo…

  4. Chic Monsieur Naudet : la Bourse va connaître un boom. C’est super. On va s’en mettre plein les poches. Au moins ceux qui ont des placements boursiers. Qu’importe que ces profits soient réalisés à l’étranger, là où ces entreprises ont délocalisé leurs productions. Bof, les salariés n’ont plus d’emplois ou courent le risque de perdre le leur : quelle importance ! L’autofinancement est l’investissement de demain et l’investissement est l’emploi d’après demain….des chinois. Mais est-ce bien un problème ? Pas pour vous en tout cas apparemment. Il est vrai que vous avez réduit la subsidiarité à n’être qu’une délégation de pouvoir. Ce qui vous permet de ne pas vous choquer d’une économie chaque jour plus concentrée avec pour perspective les profits pour les uns et le chômage pour les autres. C’est peut-être votre interprétation de l’éthique du don chère à Benoît XVI !

  5. A lama12 :
    Imposer les société sur leur chiffre d’ affaire est un non sens économique : les profils des sociétés sont très différents les uns des autres.
    Une société qui fait un CA de 10 M€ pourra être très rentable alors qu une autre réalisant le même CA ne le sera pas. Donc pour un même CA la rentabilité peut être très différente car tous secteurs d’ activité ne sont pas aussi profitables les uns que les autres.
    Que ferez vous des sociétés de négoce qui réalisent des chiffres d’ affaires énormes et font une marge très faibles ?
    Cette option n est pas viable.

  6. Ne mélangeons pas tout : M. Naudet fait remarquer que l’efficacité économique d’une entreprise est normale, sinon il n’y a plus d’économie pour personne. Que l’emploi subséquent des sommes dégagées soit immoral est un autre problème mais le don si cher à Benoît XVI demande que l’on aie quelque chose à donner qui n’aie été ni volé ni même emprunté ! Ceci dit, l’Administration est grandement responsable des désordres économiques par sa politique de l’impôt qui chasse les entreprises et décourage le travail, et par l’emploi qu’elle en fait qui offre toutes les apparences d’un gaspillage organisé.

  7. En tout état de cause, le problème réside dans la possibilité de limiter sa responsabilité par l’achat d’action: l’actionnaire à droit aux profits mais en cas de dette, il n’est responsable qu’à hauteur de la valeur de ses actions. Il a les gains et non les pertes, il est donc en grande partie irresponsable…
    Qu’est ce qui permet cela? La personne morale. La personne morale est par principe immorale, car elle prend fictivement sur elle, la responsabilité de ceux qui profitent des résultats!
    L’Ancien Régime refusait la personne morale et préférait les groupements et les corporations qui étaient collectivement responsables.
    En pratique quand les dettes dépassent la valeur des actions, que reste-t-il pour éponger les dettes? La liquidation des biens et actifs en général et surtout les contrats de travail.

  8. Le taux d’imposition des sociétés est de 33,3 %, cependant il existe des réductions.
    Les grandes entreprises disposent d’un comptoir fiscal spécial et discret qui leur permet le plus souvent de ne pas payer d’impôt selon la méthode de “l’intégration fiscale” (et non de l’optimisation fiscale, ce qui est différent et que je conseille à chacun puisqu’il est inutile de payer des impôts en trop par simple méconnaissance des textes).
    Le raisonnement d’état porte toutefois à réflexion, il est le suivant :
    –> Tous les pays aident directement indirectement leurs grandes entreprises et font du protectionnisme.
    –> Cela revient à leur allouer des sommes, des avantages, des techniques financées ailleurs, des brevets, des commandes d’état, etc.
    –> Le meilleur moyen de ne pas avoir à cacher ces méthodes d’aide, le plus simple est… de leur éviter de payer des impôts!
    Ces entreprises sont alors considérées comme …nationales, mais tout cela n’est pas dit comme tel.
    Ce qu’il faut repérer est alors de savoir la part ou le retour légitime que peuvent en espérer les français (si l’on admet le principe) car pour le moment les uniques bénéficiaires sont les employés de ces entreprises [On rapprochera ces deux chiffres : 1,8 millions de chômeurs en France, 1,8 millions d’employés français des grandes entreprises de plus de 5 milliards de chiffre HT] mais beaucoup plus certainement leurs grands dirigeants.
    On comprend d’autant mieux que les classes moyennes attendent d’un gouvernement néo-conservateur type FN-Sarkozy, des avantages, de professions règlementées, des monopôles et autres contrats d’état, brefs de l’argent pris à d’autres français par l’organisation de la loi que l’on dit être le “marché”.
    J’ai proposé deux choses essentielles et possibles pour s’y opposer :
    1/ La fin du chômage qui est une idéologie (à laquelle nous sommes habitués à croire) de façon a casser déjà cette inégalité ET par le fait réduire les cotisations entreprises.
    2/ La françaction qui est un mode de constitution d’un système privé de retraite et par la suite du social français, géré par les français, par la participation financière dans les grandes entreprises [Un effet LBO pourrait alors être mis en place : une class/action d’un nouveau genre]
    Pour répondre à @ Jean-Bernard Fratriac :
    Nous avons évolué depuis l’Ancien Régime, la personne morale permet le risque raisonnable et évite à l’entrepreneur de se voir obligé de supporter à titre personnel les effets d’une faillite.
    L’ensemble permet d’avancer, de créer.
    La re-création d’une entreprise dans le cas de faillite est (trop) fortement encadrée.
    Il y a certes des abus mais ces derniers ne permettent pas de remettre en question l’ensemble du processus : il y a en effet des métiers qui disparaissent et dont il faut bien faire la liquidation.
    Par ailleurs l’actionnaire lorsqu’il est gérant ou PDG est sanctionné en cas de problème.
    Les autres le sont pas la baisse de leur action.
    Je suis ainsi, sur le principe, d’accord avec l’auteur du post, Jean-Yves Naudet, je souhaite que nos entreprises progressent.
    Je veux par contre lui faire remarquer que l’activité mondiale est de moins en moins “libérale” libre et concurentielle et de plus en plus étatisée comme nous venons de le dire et aussi et surtout encadrée par des accords de cartel….. à plus de 70 % … en étant restrictif!
    D’où, mes propositions nécessaires.

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