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Europe : politique

Les peuples ne veulent pas aller plus loin. Il faut arrêter de dire tous les jours « plus d’Europe »

Extrait de l'interview accordé par Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères, aux Echos :

"Après la fin de l’URSS, l’Europe s’est crue dans un monde post-tragique. Paix, société civile, commerce. Tout cela a donné l’idéologie « sans-frontiériste » de Schengen, libre circulation – formidable ! –, sans se préoc­cuper du contrôle externe des frontières ou encore de la création d’un corps européen de gardes-frontières. Cela semblait superflu.

Cela pouvait fonctionner cahin-caha, s’il n’y avait pas eu un tel flot de réfugiés, de migrants économiques, plus quelques terro­ristes se glissant dans ce flux (…)

Peut-on encore croire au projet européen ?

Pas sans le redéfinir presque totalement. Il faut enrayer le risque no 1 : le décrochage des populations. Or il n’y a plus de projet tout fait qu’il suffirait de « relancer ». En Europe, il y a maintenant en moyenne de 15 % à 25 % d’anti-européens, de 15 % à 20 % de pro-européens, dont une toute petite partie d’européistes fédéralistes. Et il reste environ 60 % de « sceptiques » au sens de déçus, ou d’euro-allergiques, qui trouvent que l’Europe vampirise ce que les pays ont pu garder de souveraineté ou d’identité. Pour moi, la priorité, avant même la question des réfugiés, avant même la question terroriste ou le défi russe, c’est de rattraper ces sceptiques et ces euro-allergiques. Car, s’ils décrochent vraiment, le projet est mort. On pourra inventer tous les gadgets possibles pour la zone euro, faire des invocations rituelles (« L’Europe est la solution, pas le problème ! »), cela ne marchera pas. La priorité, c’est d’arriver à leur parler et à leur dire : « On vous a entendus. » Si on évoque tous les matins le saut fédéral, ils décrocheront encore plus. Les peuples ne veulent pas aller plus loin. Il faut arrêter de dire tous les jours « plus d’Europe » et de traiter ceux qui ne veulent pas aller plus loin d’archaïques, souverainistes, lepénistes, fascistes… Ainsi, après la pause de facto de l’élargissement, il faut annoncer une pause dans l’intégration.

Faut-il tout abandonner dans cette construction européenne ?

Justement, non. Mais c’est ce qui se passera si on ne renverse pas ce rejet des peuples. Si on change d’approche, on pourra dire qu’il y a encore deux ou trois choses à faire ensemble : rétablir la libre circulation, refaire Schengen avec un contrôle sérieux des frontières à l’extérieur, harmoniser plus étroitement la zone euro, compléter le semestre budgétaire par une sorte de « serpent de convergence fiscale ». Sans abandon de souveraineté, mais par exercice en commun de la souveraineté. Ce ne serait pas fait par européisme mais par nécessité concrète.

Le corollaire est de prendre des décisions radicales de subsidiarité, comme le prévoyait déjà Delors, ce que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a repris en confiant cette tâche au vice-président, Frans Timmermans. Ce qui signifie clairement que la Commission doit cesser d’interpréter le traité européen dans un sens de surenchère permanente. Il faut casser la connivence entre la Commission, le Parlement et la Cour de justice. Certes, cela est compliqué car cela suppose une révision des traités. Mais si l’on ne fait pas cela, la rupture entre l’Union européenne et les peuples sera consommée."

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14 commentaires

  1. Il ne faut pas sous estimer la propagande mensongère de l’U.E. à travers les médias et gouvernements asservis à l’élite apatride.
    Petit exemple venant d’Angleterre, pays qui doit se prononcer sur un Brexit.
    Un livret de 8 pages est actuellement distribué à tous les Anglais par le gouvernement. Il promet comme de coutume, si le Royaume-Uni reste dans l’UE, qu’il en retirera les bénéfices suivants :
    – “a stronger economy” – “une économie plus forte” – : c’est du plus haut comique, ou du plus grand mensonge, lorsque l’on sait que l’UE est la zone du monde en plus faible croissance depuis 15 ans.
    – “improving our lives” – “l’amélioration de nos vies” – : il fallait oser l’écrire, alors que l’UE est devenue le théâtre de la flambée des inégalités, de la montée continuelle de la pauvreté, de la démolition des services publics et de l’abrogation des droits sociaux exigés par la Commission européenne sur la base du TFUE.
    – “controlling immigration and securing our borders” – “contrôler l’immigration et sécuriser nos frontières” – : il y a là aussi de quoi éclater de rire (ou de colère…) devant une telle outrecuidance dans le mensonge et le déni de la réalité.
    Le même document annonce en revanche l’horreur si les Britanniques votaient en faveur de la sortie de l’UE :
    -> “44% of UK exports go to the EU” – 44% des exportations britanniques sont vendues dans le reste de l’UE –
    -> “EU market make up almost 80% of the UK economy” – le marché de l’UE représente 80° de l’économie britannique –
    Le document sous-entend ainsi que, si le Royaume-Uni sort de l’UE, il se condamne à perdre 44% de ses exportations, ou à affecter 80% de son économie…. C’est évidemment un mensonge grossier, car le tarif extérieur commun appliqué par l’UE aux produits fabriqués hors-UE est très faible dans la plupart des domaines. Il faudrait d’ailleurs répliquer au gouvernement britannique que les pays de l’UE représentent – par exemple – une part essentielle dans l’économie suisse (45% des exportations suisses, 66% des importations), et que cela n’empêche nullement la Suisse de rester en dehors de l’UE.
    https://www.facebook.com/upr.francoisasselineau/posts/10154159561807612:0

  2. A ce sujet, le « business » du milliardaire George Soros, foncièrement hostile à la Russie, qui consiste notamment à acheter l’avenir d’Etats autrefois souverains, est à la fois inhumain et diaboliquement efficace, constate un expert américain.
    http://reseauinternational.net/soros-veut-encercler-la-russie-en-negociant-lavenir-de-ses-etats-voisins/

  3. Le regretté Jean Madiran disait de Védrines qu’il avait parfois “des propos capétiens”.

  4. Marie-France Garaud :
    ” Jean-Monnet était un agent américain payé pour détruire les états européens ”
    Que pouvoir dire d’autre après une telle déclaration cataclysmique !!!!
    http://reseauinternational.net/limposture-europeenne-la-cia-derriere-la-construction-europeenne/
    http://www.upr.fr/actualite/europe/la-cia-finance-la-construction-europeenne

  5. “Il faut annoncer une pause” mais sûrement pas changer de but. Annoncer, peut-être même pas faire. Surtout pas abandonner. “Exercer la souveraineté en commun”(???) Il faut juste attendre les retardataires, les retardés…

  6. Monsieur Védrines qui fut sans doute le meilleur Ministre des affaires étrangères depuis ces 40/50 dernières années rêve de sauver les meubles. Je crois qu’il est déjà trop tard, les européistes au pouvoir en Allemagne, France, Italie … et les fonctionnaires de Bruxelles n’accepteront jamais de se remettre en cause.

  7. « La priorité, c’est d’arriver à leur parler et à leur dire : ’’On vous a entendus’’. » …
    Comme l’a dit en substance de Gaulle aux pieds noirs et harkis … ? L’Histoire a appris aux Français à être méfiants, car s’il a évité l’émergence de Colombey-les-deux-mosquées et tout le reste…, il n’était pas nécessaire d’abandonner les populations précitées pour autant.
    —————-
    « Les peuples ne veulent pas aller plus loin. Il faut arrêter de dire tous les jours ‘’plus d’Europe’’ et de traiter ceux qui ne veulent pas aller plus loin d’archaïques, souverainistes, lepénistes, fascistes… »
    Je rejette trois de ces quatre qualificatifs mais si on dit de moi que je suis « souverainiste », non seulement c’est vrai mais je le reçois comme un compliment ! Qu’est-ce qu’il a contre les souverainistes, les patriotes et ceux qui aiment la France, Védrine ?
    —————-

  8. “Renégocier les traités”
    Comme Marine Le Pen dis-donc !
    Un ministre socialiste Mitterrandien !

  9. Je ne rappelle pas d’autant de bon sens chez Védrines quand il était aux responsabilités.

  10. Je regrette que lors du dernier remaniement ministériel on n’ait pas remplacé Fabius par Védrine. D’une part il est compétent, d’autre part il est réaliste.

  11. “une révision des traités” est impossible avec autant de pays. De nombreux politiciens font partie de lobbies américains. En France, comment a-t-on pu accepter jusqu’à maintenant, de voter pour des politiciens « young leader », d’une fondation franco-américaine soutenue par la banque Lazard ? Mystère.
    Une fondation créée par les présidents Ford et Giscard d’Estaing en 1976 et dont un de ses présidents, John Negroponte, était coordinateur de tous les services secrets américain avec le US Intelligence Community (qui comprend le FBI, la CIA, la NSA….). Hollande, Moscovici, Marisol Touraine, Aquillino Morelle, Arnaud Montebourg, Nadjat Valleau-Belkacen etc…n’en ont-ils pas été membres ? Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi, ils ont fait semblant de s’offusquer de l’espionnage américain en Europe ! Et que Bruxelles n’ait pris aucune mesure de rétorsion envers les États-Unis !
    http://www.liberation.fr/monde/2013/10/26/espionnage-americain-le-scandale-enfle-les-europeens-s-indignent_942545
    Bien entendu, ce noyautage des politiciens se retrouve dans les médias. Les « young leader » en sont connus : Laurent Joffrin, Christine Ockrent, Emmanuel Chain, Pascal Richet de rue 89 (d’où ses subventions), Denis Olivennes d’Europe 1, Bernard Guetta de France Inter, Matthieu Pigasse du Monde et des Inrockuptibles, les éditorialistes du Monde Louis Dreyfus et Eric Izraelewicz (voir le livre de Benjamin « Ils ont acheté la presse »).
    http://www.dailymotion.com/video/xtw0bd_claude-chollet-benjamin-dormann-ils-ont-achete-la-presse_news

  12. Moi j’attends le candidat qui mettra à son programme de débaptiser toutes voies et tous établissements publics portant les infâmes noms de
    Jean Monnet et Robert Schuman.

  13. A croire que Védrine n’est pas de gauche et n’a jamais été ministre…
    Du blah blah. Réformons la France.

  14. “la priorité, avant même la question des réfugiés, avant même …, c’est de rattraper ces sceptiques et ces euro-allergiques. Car, s’ils décrochent vraiment, le projet est mort.”
    Eh bien, requiescat in pace, le projet!

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