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Histoire du christianisme

Les croisades au secours des chrétiens d’Orient, persécutés par les musulmans

Les croisades au secours des chrétiens d’Orient, persécutés par les musulmans

Le nouveau numéro du Figaro Histoire est consacré aux Croisades. Michel De Jaeghere, directeur du Figaro Hors-Série et du Figaro Histoire, écrit dans son éditorial :

[…] La situation était, de fait, préoccupante. Venus de l’est, les Turcs seldjoukides avaient imposé leur tutelle au calife abbasside de Bagdad (1055). L’Islam avait changé de maître. Aux Arabes amollis par les raffinements de l’Orient byzantin, avait succédé une race de nomades endurcis par des siècles de chevauchées dans les âpres solitudes de l’Asie centrale. Ils avaient conquis l’antique royaume chrétien d’Arménie. En 1071, à Manzikert, l’échec de la contre-offensive de l’empereur byzantin Romain IV Diogène leur avait livré l’essentiel de l’Asie Mineure. Depuis 1078, ils campaient à Nicée, aux portes de la mer de Marmara. Constantinople paraissait à portée d’un audacieux coup de main. Dès 1074, le pape Grégoire VII avait exprimé le désir de voir les chevaliers d’Occident se porter au secours des chrétiens d’Orient, persécutés par ces nouveaux arrivants.

Il y avait désormais près de trois siècles que l’occupation musulmane du Proche-Orient, de l’Afrique du Nord, des îles de la Méditerranée et de l’Espagne avait fait connaître aux élites occidentales la nécessité de résister à la montée de l’Islam. Elle habitait les esprits. Charles Martel avait repoussé les Arabes à Poitiers en 732 ; les Normands avaient repris la Sicile en 1091, Malte en 1092. Les Byzantins avaient eux-mêmes reconquis la Crète en 961, Chypre en 964, la côte cilicienne en 965, la Syrie du Nord et la Galilée en 968 et 975, Edesse en 1030.

Les royaumes du nord de l’Espagne avaient entrepris, depuis le VIIIe siècle, la reconquête de leur territoire. En 1031, l’effondrement du califat de Cordoue et son émiettement en principautés rivales leur avaient permis de marquer des points. En 1085, ils avaient repris pied à Tolède, l’ancienne capitale du royaume wisigoth. En 1089, Urbain II avait encouragé lui-même une expédition des barons du midi de la France à aller leur prêter la main. La croisade prolongerait la Reconquista aux portes de l’empire d’Orient.

Les circonstances étaient désormais favorables. La mort du sultan seldjoukide Malik Shah, en 1092, avait provoqué l’éclatement de son empire et allumé la guerre entre ses fils, ses neveux, ses cousins. Deux rois se disputaient la Syrie depuis Alep et depuis Damas. L’Asie Mineure relevait d’un royaume indépendant. Les fils du sultan se partageaient la Perse. L’Islam arabe était lui-même divisé en deux califats rivaux: celui des Abbassides à Bagdad et celui des Fatimides au Caire.

[…] La croisade est devenue plus simplement, aujourd’hui, dans notre imaginaire, le pendant chrétien du djihad. L’une des faces d’ombre de l’histoire de la chrétienté occidentale. Le symbole même d’un âge heureusement aboli, où les disciples du Christ avaient cru, eux aussi, pouvoir étendre son règne par la violence et par la force: la guerre et la conquête, l’intolérance en marche.

Le malentendu est cette fois total. Si les croisades étaient apparues à l’Eglise comme une guerre juste, c’est parce qu’elles détournaient l’énergie bouillonnante de la chevalerie des guerres incessantes qui affligeaient l’Occident vers une aventure légitime, visant à rétablir le plus saint des pèlerinages: celui qui devait permettre au pénitent de se régénérer en mettant ses pas dans ceux de son Sauveur.

Jamais elles ne visèrent, en revanche, à la conversion par la force des musulmans. Urbain II n’y avait fait, dans son discours, aucune allusion. Les chroniques ne nous ont pas rapporté de témoignages qui puissent laisser penser que les musulmans aient été contraints à changer de religion par ce qui ne leur était apparu, sans doute, que comme un afflux inhabituel de ces mercenaires francs qu’avaient accoutumé de recruter les empereurs byzantins pour tenter de reconquérir les territoires qui leur avaient été soustraits par la conquête arabe. […]

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2 commentaires

  1. En fait comme le disait René Grousset :
    Le djihad était une attaque.
    Les croisades une défense des Lieux Saints.

    C’est comme si les US s’étaient emparés de la Mecque.
    Ben les muslims ils seraient légitiment pas contents…

  2. Bonjour,
    pour ceux que cela intéresse, il y a des écrits d’Alphonse Dupront, dans 4 tomes dont 1 de références, qui sont LA RÉFÉRENCE en matière de croisades… Tout y est.
    cela s’appelle “” Mythes de Croisades.””

    Ce qui en est dit par exemple :
    Cet ouvrage posthume paru en 1997 est celui d’un des plus grands historiens français. Le mythe de croisade, thèse mythique qu’il refusa de publier, fut soutenue en 1956; après le succès saluant la parution de Du Sacré en 1987, Alphonse Dupront (1905-1990) se décida enfin à publier son opus magnum, lorsqu’il mourut.

    Bon courage aux lecteurs néophytes en Histoire….

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