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France : Société / L'Eglise : L'Eglise en France

Les catholiques doivent se lever pour soutenir le peuple de France

Plusieurs personnalités catholiques lancent dans La Vie un appel pour un nouveau catholicisme social face à la crise des gilets jaunes et la question sociale contemporaine :

La fracture sociogéographique qui s’est progressivement creusée en France est en train de disloquer notre pays. Aujourd’hui, la « France périphérique » présente un potentiel insurrectionnel parce qu’elle n’en peut plus. Ce peuple de France veut vivre dignement du fruit de son travail et il le fait savoir ; il veut vivre uni dans une communauté de destin, non comme une catégorie reléguée économiquement et culturellement, exclue du récit global du « nouveau monde » financiarisé, où l’idole-argent absorbe le politique.

Cette France périphérique marginalisée par la mondialisation concerne 60 % de la population, selon la classification du géographe Christophe Guilluy et davantage selon d’autres. Elle n’en peut plus de devenir un désert sans bureau de poste, sans maternité, sans médecin, sans usine, sans ferme et sans train ; elle n’en peut plus de payer toujours plus de taxes alors même que les services publics sont démantelés ; elle refuse la marche forcée vers la mondialisation économique ultralibérale et la globalisation culturelle sur lesquelles elle n’a aucune prise et qui se décident sans elle.

Il y a le feu. Notre maison commune France brûle. Cette atmosphère possiblement insurrectionnelle est inquiétante. Pour le gouvernement, l’équation semble insoluble : on ne peut emmener à marche forcée un peuple vers un « nouveau monde » qui le rejette. Devant un tel contexte, la situation pourrait devenir hors de contrôle. Or, dans la révolution, c’est toujours le plus fort qui impose sa loi, pas le plus juste.

Comment instaurer un dialogue social quand il n’y a plus de langage commun entre la sphère financière des mégalopoles et la France des périphéries, entre “les individus de n’importe où“, initiés et mobiles, et “le peuple de quelque part” ? Sur quelle réalité institutionnelle peut s’appuyer un tel dialogue quand les corps intermédiaires ont été sapés et que la représentation politique est décrédibilisée ? Comment trouver un chemin commun quand s’opposent “culture urbaine” mondialisée et culture populaire ?

Tels sont les contours de la question sociale contemporaine. Cette nouvelle question sociale est, sous certains aspects, plus grave encore que celle du 19e siècle, qui recouvrait principalement la condition ouvrière. Un ensemble de lois avaient alors pu la résoudre, au moins en partie. Aujourd’hui, la question sociale dépasse largement les conditions particulières d’une classe sociale, elle atteint la nature même du lien collectif, dans toutes ses dimensions : familiale, culturelle, économique, écologique, géographique ; dimensions que nie l’idéologie de l’économie financiarisée. C’est la cohésion d’un peuple et d’une nation qui est en cause.

Cette nouvelle question sociale dépasse les frontières, comme le montre l’extension du symbole des gilets jaunes au-delà de la France. Dans de nombreux pays, en Europe et dans le monde, la valeur travail, la dignité des travailleurs, leur droit à un juste salaire et à un environnement sain, sont quotidiennement bafoués. Cela concerne les structures économiques mais aussi la responsabilité de chacun, alors que la culture du « toujours moins cher » fait oublier que derrière chaque produit et chaque service, il y a des travailleurs et leur famille.

Dans le passé, des catholiques sociaux se sont levés pour défendre la classe ouvrière. Aujourd’hui, les catholiques doivent se lever pour soutenir le peuple de France et lutter pour un système économique mondial et une Europe au service du développement humain intégral. Nous devons avoir conscience que les fractures françaises ne seront pas résolues seulement par des lois mais par l’engagement de chacun.

Les catholiques doivent se mobiliser pour édifier des communautés solidaires, fondées sur un lien de responsabilité commune, qui puissent redonner à notre pays une perspective, un destin partagé, du travail, un lien par la culture populaire, une histoire continuée, un nouveau souffle familial, éducatif, écologique, spirituel et de vraies solidarités.

Nous sommes membres d’un peuple. La dignité de chacun est de participer à une grande œuvre commune et au bien de notre pays. Le devoir des catholiques, en ce temps crucial de l’histoire, n’est pas de défendre les intérêts d’une communauté, mais de penser et mettre en œuvre un nouveau catholicisme social au service de l’universel et de notre pays.

Signataires : Joseph Thouvenel, syndicaliste chrétien ; Mathieu Detchessahar, docteur en gestion, professeur des Universités ; Guillaume de Prémare, délégué général d’Ichtus ; Patrice de Plunkett, essayiste ; Patrice Obert, Président des Poissons Roses ; Denis Moreau, philosophe, Professeur des Universités ; Emmanuel Gabellieri, philosophe, Professeur à l’UCLY ; Gaultier Bès, directeur-adjoint de la Revue Limite ; Pierre-Yves Gomez ; Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA ; Henri Hude, philosophe ; Bernard Bourdin, professeur des universités en philosophie politique ; Antoine Renard, président des Associations familiales catholiques en Europe ; Ghislain Lafont, Président de l’Académie d’éducation et d’études sociales ;Gérard Leclerc, journaliste ; Joël Hautebert, professeur des universités ; Marie-Joëlle Guillaume, écrivain ; Jean-Marie Andrès, président des Associations familiales catholiques

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10 commentaires

  1. Il va y avoir d’la bagarre!

    https://youtu.be/q1LMQD2alHA

  2. Très bon texte.
    Il reste à mettre en place une plateforme technique permettant de travailler ensemble de façon concrète.

  3. L’idée est bonne et même indispensable!
    La tâche sera laborieuse à élaborer, à commencer par former une plate-forme constituée aussi de membres issus de catégories professionnelles puisque , si j’ai bien compris, l’objectif étant de revaloriser par le travail le moyen de gagner sa vie…
    Pour ce faire et pour l’heure , les corps intermédiaires professionnels sont magistralement aux abonnés absents!

  4. Je me méfie du “catholicisme social” en général et de la revue “La Vie” en particulier :

    « La Vie est un hebdomadaire français d’actualité d’inspiration catholique et dont l’obédience politique est généralement considérée de gauche. » Wikipedia.

    D’inspiration catholique et de gauche… « En outre, une page est réservée à un entretien entre une personnalité et le psychanalyste Gérard Miller », gauchiste notoire.

    Pourquoi « un appel pour un nouveau catholicisme social » ? Le Pape s’en charge déjà très bien.

    En revanche rien sur les lois sociétales dont le social dérive en partie !

  5. Si même La Vie et Plunkett s’y mettent … !!
    8O (c’est un smiley exprimant la surprise)

  6. C’est une très bonne initiative, prions qu’elle se concrétise. la doctrine sociale de l’église est bonne, et les catholiques peuvent apporter à la fois apaisement et spiritualité dans ce conflit.

    • “les catholiques peuvent apporter à la fois apaisement et spiritualité dans ce conflit.”

      Ils doivent surtout apporter “la foi” !

      On peut apporter des bougies et des nounours après chaque attentat islamiste mais on doit surtout prendre les mesures qui s’imposent en pensant au long terme.

      Sinon, cela revient à défiler pour la paix dans les rues de Paris comme à la fin des années 30. On connait la suite…

  7. Les catholiques sont sur les rond points et dans les manifestations depuis longtemps !
    Même ceux qui ne manifestent pas, soutiennent.

    Les chiffres parlent d’eux mêmes, si vous ôtez une partie des 40% d’immigrés, près de 100% des français de souche sont dans la rue ou soutiennent. Le minuscule pourcentage de faux catholiques embourgeoisés forme quantité négligeable.

  8. Tout cela va dans le bon sens, seulement proposer un modèle de société alternatif aussi radical nécessite une puissante organisation politique qui s’appuie, plus que sur une masse, sur de puissants réseaux structurés oeuvrant tous dans la même direction…
    Jamais, dans le monde catholique, une telle organisation n’a existé, puisqu’ autrefois la hiérarchie religieuse donnait ses directives et faisait office de, par l’influence politique et sociale considérable dont elle jouissait encore… Si bien que l’Ennemi, en prenant progressivement le contrôle de la hiérarchie puis de l’institution elle-même, a aussi pris le contrôle de la presse catholique, et des ouailles, pour en arriver au résultat que l’on sait !
    Donc malheureusement vain et illusoire tant que le monde catholique ne sera pas politiquement organisé par ses réseaux propres, et marchant dans le même sens ! Car en face, la Maçonnerie a encore ses moyens et ses réseaux intacts pour défendre les “valeurs” de son anti-société…

  9. Vous écrivez : “osons arborer nos couleurs ! ”

    Certes mais pas toutes … sinon cela devient une bannière arc-en-ciel et on sait qui se l’est abusivement appropriée pour le moment.

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