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Pays : Turquie

Les 5 points de la ligne politique de la Turquie

Jean-Gilles Malliarakis revient sur le référendum en Turquie qui voit l'affaiblissement de l'armée au profit des islamistes :

T "un petit livre vient de paraître sous le titre "Turquie : le putsch permanent" par Erol Özkoray. […]
Mais, partant de la réalité turque, l'auteur ne souhaite ni la victoire des forces islamistes, ni de la dictature silencieuse des réseaux kémalistes. Voilà en effet pour la première fois peut-être depuis 1919, du moins en langue française, un auteur issu de la Turquie qui montre clairement, explicitement, politiquement, socialement même, de quel mal il est atteint. Car ce pays souffre, beaucoup plus qu'on ne le croit, pris en étau entre l'héritage traumatisant du kémalisme et la menace de l'islamisme. Jamais en effet le totalitarisme rampant dans lequel il baigne depuis la victoire de Kemal n'a été vraiment remis en cause. L'instauration artificielle du multipartisme en 1946 a juste permis la réislamisation. […]

Notre auteur révèle (page 24) surtout les "lignes rouges de la constitution secrète", soit "l'Acte politique de sécurité nationale", désigné en turc sous le sigle MGSB. Cette ligne se définit en 5 points :

"1° concernant le problème kurde, empêcher la fragmentation du pays ;
2° ne faire aucune concession sur le problème chypriote ;
3° rendre intouchable la laïcité de l'État ;
4° œuvrer contre l'Église orthodoxe dans le pays ;
5° ne jamais accepter le terme de génocide concernant la question arménienne."

Toutes les plus petites tentatives de rogner cette plateforme ont été démenties. Dernière en date : le projet d'une liturgie orthodoxe à Sainte-Sophie qui devait, avec l'accord initial des autorités, se dérouler le 17 septembre en présence de 200 pèlerins, a été annulé, à la dernière minute, comme s'il s'agissait d'une "provocation". En même temps on disserte à Bruxelles sur les libertés religieuses."

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6 commentaires

  1. En même temps on disserte à Bruxelles sur les libertés religieuses
    A Bruxelles on ne cesse de disserter… c’est d’ailleurs à peu près la seule chose qui s’y produit !
    Bref quant à la “Sublime porte” non seulement elle n’est pas géographiquement européenne mais elle ne l’est pas non plus spirituellement… donc l’affaire est close et fermez le ban.
    Il aurait suffit que nos “bruxellois” inscrivent la mention “culture chrétienne” comme postulat ontologique et primordial à la constitution “inique” européenne qu’ils nous ont imposé par la force pour que l’affaire turque soit définitivement caduque… au lieu de cela et pour des intérêts de géopolitique transatlantique on nous force à embrasser l’Asie ottomane… tout en reniant notre culture chrétienne…
    Désolant !

  2. Quatre des cinq point concernent des “minorités” religieuses, et trois des cinq point concernent des chrétiens.
    Non, ça n’est pas obsessionnel chez eux…

  3. Finalement, le seul point qui n’a pas été tenu, c’est la laïcité de l’Etat.

  4. Tout cela est assez confus. De deux choses l’une : ou bien la Turquie est profondément sous l’influence du « totalitarisme » (?) kémaliste, ou bien elle est sous la coupe de l’islamisme. On ne voit pas très bien comment les deux seraient miscibles. La volonté de couper les racines musulmanes de l’identité turque a été en effet un élément fondamental de la politique de Mustapha Kémal. La nouvelle Turquie nationale (mais incluant il est vrai des minorités allogènes, telles celles kurdes ou arméniennes) née au début des années vingt, étaient censée ne rien devoir au passé impérial ottoman, et à sa dimension califale dans laquelle – selon le dictateur – la turcité s’était égarée.
    Le mystérieux programme mentionné paraît plutôt kémaliste, et en cela ne témoigne pas d’un noyautage islamiste.
    On peut en revanche avancer – l’article en question semble aussi le suggérer – que l’occidentalisation kémaliste (remplacement de l’alphabet arabe par celui latin, interdiction du fes, etc…) a provoqué un traumatisme qui a par réaction favoriserait l’islamisme, comme la politique de Reza Pahlavi dans l’Iran des années soixante-dix aurait fait le lit de l’ayatollah.

  5. @ L CHERON
    La Turquie est le laboratoire grandeur nature du débat permanent et récurrent des sociétés musulmanes : soit accepter la laïcité et la séparation des pouvoirs, soit faire de la politique une annexe du pouvoir religieux.
    La plate forme décrite est celle défendue par l’état-major militaire kémaliste. L’article de J-G MALLIARAKIS souligne d’autre part que la Turquie n’est pas un pays au sens où nous l’entendons, et que le kémalisme inspiré du jacobinisme a tenté d’imposer par la terreur et les génocides l’idée d’une ”nation turque” : une quinzaine d’ethnies et de religions, dont certaines, bien que minoritaires, regroupent des dizaines de millions de membres, sont présentes en Turquie qui constitue un empire oppresseur. Les Kurdes et les alevis représentent ainsi près d’un tiers de la population turque et l’état turc (soit au nom du kémalisme racialiste grand-turc, soit au nom d’un islamisme rigoriste) nie leurs différences ethniques, linguistiques ou religieuses. Et c’est cet état oppresseur et divisé que nous devrions accueillir au sein de l’Europe !

  6. pg,
    j’ai bien compris ce qu’il y avait à comprendre dans l’article débattu, notamment l’influence qu’exercent sur la Turquie l’héritage kémaliste et l’islamisme. J’ai simplement indiqué que les deux courants étaient plutôt antagonistes, alors que l’exposé était à cet égard ambigu.
    A ce propos, signalons un fait intéressant des débuts de la Turquie nationale, qui vit une tentative originale et finalement vaine de concilier un magistère musulman historique, hérité du panislamisme ottoman, et la nouvelle constitution. Après l’abdication du sultan Méhémet VI en 1922, un califat à prétention purement « spirituelle » (mais cela peut-il avoir un sens dans l’islam ?) fut maintenu, et confié à un cousin de Méhémet, Abd ul Megid. Bien que ce dernier semblât dépourvu d’ambitions politiques et résolu à se limiter à ses fonctions « religieuses », un parti se groupa autour de lui, dont des compagnons de Kémal, avec le projet semble-t-il de restaurer au profit du calife une sorte de monarchie constitutionnelle. Mustapha Kemal finit par expulser le calife en 1924, ce qui mit fin à ce curieux califat.

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