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Bioéthique / Culture de mort : Eugénisme

L’embryon cet esclave des temps modernes

Intervention d'Anne-Marie Payet au Sénat hier :

P "Nous voilà loin d'une opposition schématique entre une droite conservatrice et une gauche progressiste. Depuis 1994, la loi distingue les embryons « à projet parental » et les « embryons surnuméraires », comme si ces derniers n'étaient que matière à recherche. Comment et qui peut nier à l'embryon, même sans projet parental, son humanité ? Je ne peux m'empêcher de faire le rapprochement avec la condition faite à l'esclave par les anciens colonisateurs, une chosification en fonction d'un projet social que d'autres ont conçu pour eux et malgré eux. Comme l'a écrit Victor Schoelcher, « la République n'entend plus faire de distinction dans la famille humaine ». Quelle est l'existence d'un bébé médicament ? L'être humain ne peut être voulu que pour lui-même, pas pour sa valeur dans un projet parental ou génétique.

Ce texte étend le diagnostic prénatal à toutes les femmes enceintes, ce serait un eugénisme d'État ! L'amniocentèse déclenche deux fausses couches pour un cas de trisomie 21 dépisté. On fait comme si la vie avec un enfant handicapé était impossible : quel message envoie-t-on aux familles qui ont accueilli un enfant trisomique ? À cette aune du Meilleur des mondes, Mozart, Beethoven et Lincoln n'auraient pas vu le jour, tous atteints de maladie génétique...

S'agissant de la recherche sur l'embryon, le passage d'un régime d'interdiction à un régime d'autorisation est une rupture radicale, en contradiction même avec l'article 16 du code civil. Il faut réduire le nombre d'embryons surnuméraires, n'effectuer aucune congélation et réimplanter immédiatement les embryons artificiellement fécondés. J'ai déposé des amendements en ce sens. Le philosophe Jürgen Habermas, dans son ouvrage L'avenir de la nature humaine : vers un eugénisme libéral met en garde contre ces dérives : « doit-on laisser les sociétés réguler notre destin génétique ? ». (Applaudissements sur les bancs UMP)"

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5 commentaires

  1. Ceux qui applaudissent ne commencent-ils pas à être assez nombreux pour amorcer une dissidence?

  2. Bravo Madame pour votre intervention.
    Tous ces mots scientifiques sont là pour cacher une réalité, l’esclavage est toujours là au XXIème, mais il a pris la forme de la technologie scientifique de notre époque.
    On n’est pas à demi esclave, un petit peu ou dans certains cas, on l’est un point c’est tout. Combien valait un costaud sur le forum romain? Combien vaut une fécondation?
    Mais dans le cas de l’esclave romain en plus ce n’était pas la collectivité qui payait via le remboursement sécurité sociale, une collectivité où parmi elle il y a des familles qui en plus ont préféré avoir des enfants naturellement et même avec la trisomie 21, parce qu’une naissance est un don et pas un objet que l’on choisit en magasin.
    Par ailleurs nul ne sait ce que peut réserver l’avenir, un enfant parfait qui devient un adulte pervers (la perfection de l’âme ne sera jamais réalisée avec des éprouvettes) et/ou perverti, ou un enfant malformé et même handicapé mental qui pourtant sera le bâton de vieillesse de ses parents et le soutien de leur vie.

  3. “la condition faite à l’esclave par les anciens colonisateurs”
    … et avant les colonisateurs on pourrait penser à s’insurger contre “la condition faite à l’esclave par les marchands d’esclaves”, qu’il s’agisse de l’Antiquité, de la traite arabo-musulmane, de la traite négrière, ou du moderne esclavage largement pratiqué par les riches familles musulmanes à l’encontre de leur domesticité ou plus largement de leurs employés (l’esclavage n’est pas contraire au Coran où on trouve aucune phrase similaire à “il n’y a plus ni esclave ni homme libre”, …).
    Comme pour la marchandisation dans le cas de la prostitution, il ne faudrait pas oublier que le “client” est en bout de chaîne, après le “commerçant”.
    Il y a des leçons qui se perdent.

  4. On a encore des sénateurs qui ont la tête sur les épaules, qui ne sont pas idéologues, qui nous rassurent.
    Merci.
    C.B. vous vous trompez de combat.

  5. Madame Payet , comme contre l’euthanasie est assurément de bonne foi et ose affronter le doux visage de la “tolérance”, mais la “digue” de référence , Victor Schoelcher, paraît bien faible pour contenir le tsunami anthropologique déclenché par ses pairs, d’autant qu’il est déjà en mouvement dès la fécondation in vitro qu’elle ne conteste pas.

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